Le tribunal administratif de Montpellier (Hérault) a condamné les hôpitaux de Perpignan (Pyrénées-Orientales) et de Toulouse Purpan (Haute-Garonne) dans la mort de Raphaël Vialet. Le bébé d'un mois et demi est décédé à la suite d'une succession d'erreurs médicales.
Les faits remontent à l’été 2019. Aimeline Vialet se rend aux urgences de l’hôpital de Perpignan (Pyrénées-Orientales) pour la seconde fois de la semaine, son bébé malade dans les bras. Raphaël décède finalement 2 jours plus tard au terme d’une succession d’erreurs médicales.
5 jours d’erreurs médicales répétées
Le 31 juillet 2019, lorsque Aimeline et Matthieu Vialet arrivent aux urgences avec leur fils Raphaël, ils sont déjà très inquiets. Le bébé ne mange, n’urine plus, vomit de manière violente et répétée. Son teint est blanchâtre et son ventre marbré.
C’est la deuxième fois que Raphaël est vu aux urgences de Perpignan. Trois jours plus tôt, ses parents l’y avaient amené pour les mêmes vomissements. Le pédiatre conclut à des reflux et renvoie la famille à son domicile. “J’étais très inquiète et je sentais au plus profond de moi que quelque chose se passait”, témoigne Aimeline Vialet. “Personne n’a voulu m’écouter. On a mis ça sur notre parcours compliqué et sur le fait que c’était notre premier bébé.” Car Raphaël, âgé d’un mois et demi, est né avec un laparoschisis (une absence de fermeture de la paroi abdominale au niveau de l'intestin) opéré à la naissance. Il est resté un mois au CHU de Toulouse et n'est rentré à la maison que depuis 4 jours.
L’après-midi du 31 juillet 2019, le couple amène donc une nouvelle fois son bébé aux urgences, sur demande de leur médecin traitant. Malgré la demande du médecin, Raphaël n’est pas pris en charge en priorité et n’est vu que plus d’une heure après son arrivée. Le bébé est ausculté par le même pédiatre que deux jours plus tôt, qui diagnostique une gastro-entérite. “Nous sommes passés pour des parents stressés. La pédiatre ne nous a pas écouté et elle a refusé de faire de nouveaux examens autres qu’une prise de sang”, se souvient la maman. Leur fils est alors placé sous perfusion pour être réhydraté mais son état continue de se dégrader. “Il hurlait, il hurlait, sans jamais s’arrêter. Il se frappait le visage avec sa perfusion, c’était très violent”, ajoute-t-elle, la voix ponctuée de sanglots. “J’avais mon bébé dans les bras, je voyais son ventre marbré et le sang qui s'arrêtait de circuler. Mon fils était en détresse respiratoire et en hypothermie mais personne ne s’en est rendu compte.”
Une occlusion digestive opérée trop tardivement
C’est finalement avec l’arrivée d’un autre pédiatre, une heure plus tard, que tout s'accélère. Le médecin constate immédiatement la gravité de l’état de santé du bébé et suspecte une entérocolite nécrosante (une pathologie qui attaque les tissus de l’intestin). Raphaël est alors intubé, placé dans un coma artificiel et transféré par hélicoptère à l’hôpital Purpan de Toulouse pour y être opéré. Il souffre d’un volvulus (un retournement de l'intestin) et d’une importante nécrose. Le bébé s’éteint le 2 août 2019.
Les hôpitaux de Toulouse et de Perpignan reconnus responsables
Ce lundi 25 juillet, le tribunal administratif de Montpellier (Hérault) reconnaît la responsabilité des deux hôpitaux dans le décès du bébé, mais à différents niveaux.
La responsabilité du décès de Raphaël est imputée à hauteur de 75% à l’hôpital de Perpignan. Les erreurs répétées de diagnostics sur le bébé ont “conduit à la nécrose, puis à la perte totale de l’intestin grêle et au décès de l’enfant” a reconnu le tribunal.
“Le décès est attribuable à un retard de diagnostic de trois jours devant un tableau occlusif non reconnu, qui aurait dû faire transférer l’enfant en milieu spécialisé.”
Extrait du rapport d'expertise rendu le 31 août 2020
Le CHU de Toulouse (Haute-Garonne) est également reconnu responsable de ce décès, à hauteur de 25%. Le tribunal, lui reproche de ne pas avoir informé les parents des risques de complication dus à sa première opération. Les médecins ont conseillé aux parents de se rendre à l’hôpital de Perpignan en cas de vomissements, alors que l’établissement n’est pas habilité à prendre en charge ce type de pathologie.
Dans son rapport d’expertise, le médecin conclut : “une cascade d’erreurs se sont donc succédées pour aboutir à un retard de diagnostics de plusieurs jours”. La direction de l’hôpital de Perpignan a refusé de s’exprimer.