C'est dimanche 10 septembre, que le drapeau français a été volé du haut du Castillet, célèbre monument de Perpignan, laissant seul trôner le drapeau catalan. Une action militante revendiquée et filmée par un groupe d'activistes pro-Catalogne. Après ce vol, le maire a annoncé porter plainte.
La vidéo a été vue près de 90 000 fois sur le réseau social X (ex-Twitter) en 24 heures. Et la légende en catalan, "Perpinyà no és francesa, és catalana" ne laisse aucun doute sur les motivations du collectif qui l'a publiée.
Perpignan n'est pas française, elle est catalane.
Collectif Nosaltres sols!Twitter, le 11 septembre 2023.
D'où la symbolique de cette action. Retirer le drapeau tricolore pour ne laisser flotter sur la ville de Perpignan que la senyera, la bannière sang et or, emblème de la Catalogne.
Des faits qui ont eu lieu, dimanche, veille de la célébration de la fête nationale de la Catalogne, la Diada, qui a lieu chaque 11 septembre. Jour, précis de la publication de la vidéo sur les réseaux sociaux.
"Perpignan occupée"... près de 400 ans d'histoire !
Le collectif explique son geste comme un acte de libération nationale des Catalans que l'histoire a bafoué en 1635 avec le Traité des Pyrénées, un accord de paix entre l'Espagne et la France, entre les rois Philippe IV et Louis XIV.
"Perpignan est une ville occupée depuis le Traité des Pyrénées et la bataille des symboles constitue un élément important de la lutte pour la libération nationale des Catalans", revendiquent en catalan les membres du groupe à la fin de la vidéo.
C'est une réécriture de l'histoire par des groupuscules isolés. Mais la police est attentive à ce genre de dégradations et délits. Des signaux faibles qu'il ne faut pas minimiser. L'Europe a d'ailleurs un oeil sur les mouvements indépendantistes catalans.
Louis Aliot, maire RN de PerpignanFrance 3 Occitanie, 12 septembre 2023.
Et Louis Aliot ajoute, courroucé : "Ils disent que la France occupe leur territoire... J'ai déjà entendu cela en 2009, en conseil municipal à Perpignan. Un élu socialiste avait eu ces propos. Comparant l'attitude de la Chine envers le Tibet à celle de la France envers la Catalogne nord. C'est absurde. J'ai aussi des demandes récurrentes dans ce sens, enlever les drapeaux français à Perpignan. Par des fonctionnaires... Mais on est en France, non ? S'ils aiment tant la Catalogne, qu'ils aillent en Espagne".
Autre cible de Nosaltres sols! Louis Aliot, le maire Rassemblement national de Perpignan. Pour les militants d'une Catalogne unie, il concourt au sabotage de l'identité catalane, à l'effacement de la "catalanité en Catalogne du nord". Pour preuve selon eux, le changement du logo et de la devise de la ville en avril 2021.
Perpignan la Catalane, devenue Perpignan la rayonnante
L'affaire avait fait polémique. Exit le Castillet et bienvenue à Saint Jean-Baptiste ! "Perpignan la Catalane" a fait place à "Perpignan la rayonnante". Le maire Louis Aliot voulait ainsi rendre hommage au Saint Patron de la ville qui retrouve l'esprit de son ancien blason.
Mais avec ce nouveau logo, Saint Jean n'a plus de croix au bout de son bâton et porte une toge digne d'un défilé de mode parisien. Le tout sur fond d'écusson sang et or mais surtout entouré d'un discret liseré bleu blanc rouge.
"Nous avons voulu renouer avec le passé de la ville. Le blason de Perpignan avec Saint Jean-Baptiste date de 1340. Ce retour aux sources était nécessaire. Et puis Perpignan a changé d'équipe avec une nouvelle politique", expliquait Louis Aliot à l'époque.
Ce sont des Espagnols qui ne connaissent pas l'histoire de Perpignan pour dire cela. Perpignan la Catalane, c'est un slogan électoraliste lancé par Jean-Paul Alduy en 1995. La véritable devise historique de notre cité, c'est Perpignan la fidelissima. Et cela date de 1475.
Louis Aliot maire RN de Perpignan.France 3 Occitanie, le 12 septembre 2023.
Finalement, la mairie a porté plainte pour le vol du drapeau français. Mais très vite, lundi, le Castillet avait retrouvé ses deux flammes habituelles.