Horticulteurs et pépiniéristes subissent deux fois les conséquences de la sécheresse. Le manque d'eau complique leurs productions et les interdictions d'arrosage font baisser les ventes. Les professionnels tentent de s'adapter, avec de nouvelles variétés, mais l'activité économique du secteur est fragilisée.
En ce jour de printemps ensoleillé, Myriam est venue acheter pour son jardin des fleurs et des plants pour son potager. Elle est cliente des pépinières Fonquerny à Ille-sur-Têt depuis 30 ans. Si cette année son panier est moins garni, c'est surtout à cause des restrictions d'arrosage en vigueur dans les Pyrénées-Orientales.
"D’habitude, je prends une soixantaine de pieds, là j'ai pris seulement 12 ou 14 pieds. C'est à cause de l’arrosage, j'ai peur de pas pouvoir subvenir aux besoins du potager", explique Myriam.
Face à l'ampleur inédite de la sécheresse, la préfecture des Pyrénées-Orientales a décidé fin février de placer le territoire en alerte renforcée.
Pour les particuliers et les collectivités, il est désormais interdit d’arroser jardins et espaces verts. Depuis, les jardineries tournent au ralenti.
"La fréquentation est en baisse, environ 40% de clients en moins. Et vis-à-vis des collectivités, on fournissait surtout des plantes pour le fleurissement aérien mais toutes les commandes ont été annulées à partir du moment où l’arrêté préfectoral a été mis en place. Donc 0 fleurissement de collectivité pour cette année", déplore Michel Fonquerny, horticulteur à Ille-sur-Têt. Il estime avoir perdu 50% de son chiffre d’affaires.
Alors pour limiter la casse, Michel Fonquerny a décidé de produire moins et il mise aussi sur des plants plus adaptés aux conditions climatiques actuelles.
Notre gamme évolue, au niveau des fleurs comme des légumes. Pour les légumes par exemple, on a des plants greffés qui consomment environ 30% d'eau en moins et ont une meilleure résistance grâce à leur système racinaire plus développé.
Michel Fonquerny, horticulteur à Ille-sur-Têt
Malgré ces efforts, et en attendant de connaître la suite donnée à l’arrêté préfectoral, en vigueur jusqu’au 30 avril, Michel Fonquerny a déjà supprimé trois postes de saisonniers. Des restrictions sur l'emploi qui pourraient toucher l'ensemble des entreprises du secteur.
Ecrit avec Meerajh Vinayagamoorthy et Marc Tamon.