Il a crée Visa il en 1989. Le Festival du photojournalisme fête cette année ses 30 ans ( 1er au 16 septembre ). Et il est toujours dirigé par Jean-François Leroy. Un rendez-vous incontournable à la notoriété internationale.
"30 ans, c'est une bonne moitié de vie professionnelle, donc c'est très très fort," assure Jean-François Leroy. Alors, le créateur de Visa pour l'image savoure. Il vient de renouveler un contrat de trois ans avec la ville de Perpignan.
Tous les ans, c'est un défi pour boucler le budget
"Honnêtement, je ne pensais pas que ce serait aussi dur pour le 30ème. Je me suis dit tout le monde va venir, j'aurais des chèques, du cash. Rien du tout ! Mais, on a réussi à remplacer les deux sponsors qui nous ont lâchés. Tous les ans, c'est un défi pour boucler le budget."
Plus de 1.500 photos, 25 expositions, des conférences et rencontres
Plus de 1.500 photos, 25 expositions, des conférences et rencontres avec des photoreporters venus du monde entier. En plus, "on a réussi à maintenir la gratuité pendant 30 ans, ce n'était pas évident", souligne-t-il. Et le public est au rendez-vous: en moyenne quelque 200.000 visiteurs.
On vous montre le monde tel qu'il est, avec ses drames, ses joies et ses problèmes
"On vous montre le monde tel qu'il est, avec ses drames, ses joies et ses problèmes.". A l'instar de la profession des photoreporters, de plus en plus précarisée. De nombreux photographes ont lancé cet été un cri d'alarme dans une tribune publiée par Libération et signée par des indépendants ou membres d'agences et de collectifs (Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, l'agence Myop, le collectif Tendance Floue).
"La photographie ne s'est jamais aussi bien portée en France, les photographes jamais aussi mal", relevaient les signataires.
J'ai envie de dire aux jeunes que ce n'est pas la peine d'aller faire la guerre pour vous faire remarquer
Faut-il prendre de plus en plus de risque pour être diffusé ? Non, selon Jean-François Leroy: "Je ne prends plus en considération les photographes indépendants qui partent sur des terrains risqués sans avoir la garantie d'un magazine. J'ai envie de dire aux jeunes que ce n'est pas la peine d'aller faire la guerre pour vous faire remarquer.
Deux histoires majeures, sans risque
Dans ces 29 dernières années, pour moi, les deux histoires majeures ? Stéphanie Sinclair avec "les petites filles qu'on marie trop tôt". Elle n'a pris aucun risque. Et "War is personal" d'Eugene Richards qui est l'un des plus beaux réquisitoires contre la guerre en Irak et en Afghanistan, sans quitter les Etats-Unis. Il faut travailler plus sur l'originalité des sujets."
Notoriété internationale
La notoriété de Visa pour l'image n'est plus à faire. Pour preuve, les services photos de grands journaux sont à Perpignan pendant deux semaines: The Guardian, The Washington Post, New York Times, Frankfurter allgemeine,Paris Match, Le Monde, Libération ou Le Figaro.
Le peu de femmes : "Des conneries"
Cette notoriété attire-t-elle la jalousie ? En tous les cas, Jean-François Leroy doit répondre aux polémiques. Le peu de femmes présentes à Visa ? "C'est quoi ces conneries, s'énerve-t-il. Il y a de bon photographes et des mauvais photographes. Moi, j'essaie d'exposer les bons. si vous m'envoyez un dossier, je ne regarde pas si vous êtes un homme, une femme ou votre orientation sexuelle."
Polémique sur la Catalogne
Mais ce qui énerve le plus Jean-François Leroy est la polémique sur la Catalogne. " Ce sont des trolles, des minables. Osez titre un article: "Les photos que Visa n'osent pas montrer." Quelle plaisanterie ! Vous connaissez une image que je n'ai pas osé montrer. Là, sous prétexte de proximité, je me dois de faire une expo.
Jamais personne ne m'a imposé quoi que soit
Jamais personne ne m'a imposé quoi que soit. J'ai dit et je répète que je trouve que les photos sur les manifestations de Barcelone ne justifient pas une expo. ça ne veut pas dire que je nie la réalité de ces événements. On m'a traité de supo de Franco. Que Macron m'aurait interdit de parler de la Catalogne. Les contrevérités, les fake news, ça va!"
Les politiques n'aiment pas les journalistes.
Profession attaquée
La profession est attaquée de toute part. "Monsieur Trump dit que la presse c'est les ennemis. Monsieur Macron dit que les journalistes ne cherchent pas la vérité. Si en France, on commence à dire ça, on a quand même du soucis à se faire."
D'intenses émotions
Visa pour l'image a reçu 200 demandes de badges de gens qui viennent pour la première fois. "Cela montre le renouvellement des festivaliers et que nous ne sommes pas un festival de dinosaures, " se rassure Jean-François Leroy qui en trente ans conserve de nombreux souvenirs d'intenses émotions qu'il nous livre ici en vidéo.