Trois jeunes Français sont jugés devant la cour d’assises spéciale de Paris pour un projet d’attentat contre le site militaire de Cap Béar, près de Collioure. Un des avocats a plaidé pour la publicité des débats, ce que les magistrats ont refusé.
Le procès de trois jeunes Français radicalisés, soupçonnés d'avoir projeté en 2015 l'attaque d'un site militaire du cap Béar (Pyrénées-Orientales), s'est ouvert lundi à huis clos devant la cour d'assises des mineurs de Paris.
"Protection nécessaire"
Le président de la cour d'assises, uniquement composée de magistrats comme c'est la règle pour les dossiers terroristes, a annoncé que l'audience se tiendrait à huis clos, "considérant que l'absence de publicité préserve les débats" et "constitue la protection nécessaire" des mineurs. L'un des accusés était mineur au moment des faits."Pas de projet abouti"
Me Sanjay Mirabeau, un des avocats d'I. K., a demandé, en vain, la levée du huis clos, au nom de la "pédagogie" et dans "l'intérêt de la société". La défense estime que cette affaire a été largement portée dans le débat public par le pouvoir exécutif qui avait affirmé, lors de l'arrestation des jeunes en juillet 2015, qu'"un attentat avait été déjoué".Une thèse que réfutent les accusés, qui affirment tous n'avoir jamais eu de projet abouti.
Me Sanjay Mirabeau : "il convient que ce procès soit structurant et pédagogique y compris pour tous ceux qui ont pu en connaître par le biais des déclarations de l'exécutif."
— Charlotte Piret (@ChPiret) 9 avril 2018
Les trois accusés, Djebril Amara, Antoine Frèrejean et I. K, avaient respectivement 23, 19 et 17 ans à l'époque des faits visés, vivaient chez leur mère et s'étaient rencontrés sur le forum "islam" du site jeuxvideo.com en 2014. Ils avaient ensuite discuté de leurs desseins jihadistes sur les réseaux sociaux, notamment via la messagerie cryptée Telegram.L'avocat général, lui, réclame le maintient du huis-clos, évoque le "battage médiatique" et la nécessité de "préserver l'avenir de celui qui est poursuivi pour des actes compliqués". #CapBear
— Charlotte Piret (@ChPiret) 9 avril 2018
Velléités de départ en Syrie, projet d'attentat du sémaphore de Béar et de décapitation d'un officier: de lourdes charges pèsent sur ces trois jeunes Français, qui encourent
jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle
Jusqu'où leur adhésion aux thèses islamistes radicales les aurait-elle conduits ? Djebril Amara, brièvement en poste au sémaphore de Béar avant d'être réformé de la marine, dépressif, a décrit aux enquêteurs comment il avait été "hypnotisé" par les jihadistes du groupe Etat islamique - "Je me lève Daesh, je mange Daesh, je vis Daesh" - avant de prendre ses distances.
Projet d'attentat
Pour les enquêteurs, le projet d'attentat contre des militaires était né de l'échec du plan initial qui était de gagner la Syrie. Le plus jeune des accusés avait été signalé par sa mère qui avait sollicité une mesure l'interdiction de sortie du territoire en novembre 2014. Deux rencontres - les deux seules - ont lieu ce mois de janvier: Djebril Amara retrouve Antoine Frèrejean à Lyon, puis I. K. dans le Nord.Lors des perquisitions, les enquêteurs avaient retrouvé des caméras, des manuels en ligne de confection d'explosifs et un guide pour les aspirants au jihad syrien, mais ni armes à feu ni explosifs. Le verdict est attendu vendredi.