Un mémorial sera inauguré en septembre prochain au camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, pour "conserver et surtout transmettre" l'histoire d'un lieu où furent internés ou regroupés républicains espagnols, Tziganes, juifs étrangers, prisonniers allemands et harkis d'Algérie.
Le projet a été présenté mercredi à la presse à Paris par Damien Alary, président PS de la région Languedoc-Roussillon, son principal financeur (environ 13 des 23 millions d'euros d'investissements), qui évoque un lieu "unique en France".
Le camp a conservé ses baraques délabrées au milieu desquelles un monolithe de 4.000 mètres carrés a été semi-enterré, avec en son sein 1.400 mètres d'exposition, un auditorium, des salles pédagogiques, un centre de documentation, une boutique.
L'architecte Rudy Riciotti parle de son bâtiment "comme d'une violence formelle qui témoigne de l'impossibilité de l'oubli". "Nous voulons conserver mais surtout nous voulons transmettre" la mémoire du lieu, a plaidé devant la presse Hermeline Malherbe, présidente socialiste du conseil général des Pyrénées-Orientales.
Le budget de fonctionnement du camp est estimé à 1,25 million d'euros. Pour soutenir le développement de cet établissement public de coopération culturelle, un fonds de dotation a été créé, présidé par l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon.
Si l'Etat a rejoint le tour de table pour le financement des travaux, il n'a pas prévu de subventionner l'activité du lieu. "Il faudrait que l'Etat s'engage sur le budget de fonctionnement", a souligné mercredi Agnès Sajaloli, directrice du mémorial.
Rivesaltes de 1941 à 1998
Quelque 9.000 Espagnols ont été internés au camp de Rivesaltes à partir de 1941, ainsi qu'environ 1.300 Tziganes.D'août à octobre 1942, près de 6.500 juifs étrangers ont été rassemblés dans ce "Drancy de la Zone Sud", selon l'expression de l'historien et avocat Serge Klarsfeld.
Après la libération, le camp a été un dépôt de prisonniers de guerre surtout allemands, mais aussi autrichiens et italiens.
Enfin, après la guerre d'Algérie, de septembre 1962 à décembre 1964, Rivesaltes a servi de camp de transit pour 21.000 harkis et membres de leurs familles. Il a été sauvé de la destruction en 1998.