A partir de ce jeudi, les assises des Pyrénées-Orientales jugent en appel Diane Mistler, accusée d'avoir manipulé Frantz Diguelman, l'un de ses multiples amants, fou d'amour pour elle, jusqu'à ce qu'il tue son mari au harpon et au couteau.
Le procès de cette femme d'origine malgache de 45 ans, condamnée en avril 2011 à Montpellier à 25 années de réclusion criminelle pour complicité d'assassinat et de son ancien amant, Frantz Diguelman, garçon de café de 45 ans, condamné à 23 ans de réclusion pour assassinat, s'ouvre ce jeudi et dure jusqu'au 26 octobre.
Le 22 avril 2007 aux petites heures du matin, Paul Mistler, banquier à la retraite de 60 ans, sortait avec son épouse d'une boîte échangiste de la Grande-Motte (Hérault) lorsqu'un homme lui tire dessus avec un fusil harpon normalement destiné à la pêche sous-marine, puis lui porte 20 coups de couteau de boucher. Peu de temps après, les gendarmes retrouvent Frantz Diguelman caché sous une voiture, les vêtements ensanglantés.
L'enquête révèle rapidement que le barman, chez qui un croquis des lieux du crime sera retrouvé, avait une liaison avec Diane Mistler. Elle lui racontait, dit-il, qu'elle était malheureuse avec son mari, qu'il la battait, la violait, la contraignait à la prostitution et à l'échangisme. L'enquête montrera qu'il n'en était rien.
Mais ce n'est qu'au bout de six mois, lorsqu'il apprend qu'elle avait de nombreux amants et que pour elle, leur relation était purement sexuelle, sans aucun sentiment, qu'il l'accuse d'avoir commandité le crime.
Diane Mistler, aux origines modestes et qui s'occupe à la Grande-Motte de deux magasins de vêtements achetés pour elle par son mari, dément tout. Elle
affirme qu'ils formaient un couple uni, qu'ils menaient tous deux une vie libertine librement consentie.
Mode de vie condamné
Le rôle supposé de la veuve qui comparaît libre comme en première instance est l'enjeu majeur du procès alors que le juge d'instruction avait initialement rendu un non lieu en sa faveur.
Pour la défense, assurée par Eric Dupond-Moretti, Jean-Robert Phung et Françoise Dalran, le dossier est vide, l'accusée a été condamnée pour son mode de vie.
"Sur le fond il n'y a rien, c'est une salope, on la condamne", dit Me Dalran.
"On ne pouvait pas admettre d'acquitter Diane parce que Diane ne faisait pas amende honorable, parce que Diane avait 48 amants, parce que Diane téléphonait à un amant en même temps qu'elle faisait ça avec un autre, parce que Diane ne veut pas demander pardon de la vie qu'elle mène", souligne Me Phung.
La défense de son co-accusé, comme la partie civile, ne sont pas de cet avis.
A l'instar de l'accusation, ils pensent que la veuve a manipulé son amant pour qu'il la débarrasse du mari. Elle lui aurait dit que ce dernier ne devait plus "bander", ce que Frantz Diguelman aurait pris comme l'ordre de tuer.
"Il est raide dingue amoureux de cette fille et il est persuadé qu'il va la sauver en tuant son mari, qu'il croit être un immonde pervers, un maquereau exploiteur de femmes", dit Me Iris Cristol. "Il a été démontré que un, ce n'était pas vrai mais deux, qu'elle a tout fait pour le lui faire croire".
Pour l'accusation, le mobile est la volonté de divorcer de la victime. Diane Mistler avait peur de perdre la garde de leur fils tandis qu'un décès du mari lui était plus bénéfique financièrement qu'un divorce.
"Il est certain que Frantz Diguelman a agi sous l'emprise et l'influence de quelqu'un", dit Me Simon Cohen. Il y avait chez lui "une forme d'addiction" à sa maîtresse, ajoute-t-il, considérant sa "peine excessive".
Me Didier Hollet, qui représente la famille de la victime, veut "démontrer une fois de plus la culpabilité" d'une "complice qui va utiliser tous les ressorts pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire impulser le dénommé Diguelman pour qu'il châtie mon client".