Pyrénées : le point sur les ours tués ces vingt dernières années

Cannelle, Balou ou encore Franska. La mort de ces ours a ému l'opinion ou "soulagé" les opposants. Dans tous les cas elle a fait couler beaucoup d'encre et fait réagir parfois jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. 

L'histoire de l'ours brun dans les Pyrénées se confond avec celle des hommes avec lequel il a partagé son territoire.

Dans les années 80, l'espèce est en voie de disparition, la France et l'Espagne mettent en place un plan de sauvegarde du grand mammifère. Depuis 1996, onze plantigrades, dont 3 mâles, ont été introduits dans le massif pyrénéen, cristallisant les désaccords entre éleveurs et écologistes. Chaque décès, la plupart accidentel, provoque de vives réactions dans les rangs de ses opposants ou de ses partisans.

Melba tuée en 1997

Arrivée de Slovénie en juin 1996, l'ourse Melba fut la deuxième femelle lâchée sur la commune de Melles en Haute-Garonne. Elle sera abattue un an plus tard, le 27 septembre 1997 par un chasseur au col de Matet (31). A la suite de l'enquête de gendarmerie et de l'autopsie, la justice conclura à la légitime défense. Après sa mort, Caramelles, une de ses filles, donnera naissance à plus d'une dizaine d'oursons.

Cannelle tuée en 2004

Après la mort accidentelle de Papillon en juillet 2004, la mort de l'ourse Cannelle en vallée d'Aspe marque la disparition de l'ours de souche pyrénéenne. Lors d'une battue aux sangliers, un chasseur d'Urdos (64) a abattu Cannelle le 1er novembre 2004, la dernière ourse pyrénéenne. 

Jacques Chirac, président de la République avait déclaré :  "Une grande perte pour la biodiversité".

Cannelle a laissé dernière elle son ourson Cannellito, moitié Pyrénéen et moitié Slovène. Pour lui donner une chance de transmettre son patrimoine génétique pyrénéen, deux ourses ont été lâchées dans le Haut-Béarn, en vallées d'Aspe et d'Ossau, en octobre 2018.

En 2013, le WWF a obtenu réparation du préjudice moral et écologique auprès du tribunal d'instance de Pau. L'association de communale de chasse à laquelle appartenait le chasseur a été condamnée à verser 53.000 euros de dommages et intérêts.

Franska tuée en 2007

Franska est la deuxième ourse lâchée dans les Pyrénées, le vendredi 28 avril 2006 à Bagnères-de-Bigorre (65). 

L'ourse a été baptisée ainsi par les techniciens slovènes, en hommage à la France, sa terre d'accueil.
En août 2007, Franska est morte percutée successivement par deux voitures sur la route nationale qui longe le Gave de Pau, à quelques kilomètres de Lourdes.

Qualifiée "d'ours à problèmes", Franska était responsable de plusieurs attaques de troupeaux qui avaient attisé la colère des éleveurs. 

Avec l'ourse Palouma, tuée elle aussi accidentellement en août 2006, Franska était l'une des cinq ours slovènes lâchés cette même année.

Cachou mort en 2020

Le mystère autour de la mort de l'ours Cachou reste entier. L'unique descendant de Balou, ours slovène introduit à Arbas (31) en juin 2006, est retrouvé le 9 avril 2020 dans les montagnes de la commune de Les, en Val d'Aran, du côté espagnol des Pyrénées. Avec sa disparition se pose le problème de la consanguinité. Le jeune ours présentait des caractéristiques génétiques différentes des autres mâles présents sur le massif. 

Dans une interview en mai dernier, le directeur de l'association Pays de l'ours Adet, Alain Reynes exprimait sa déception :

"C'est un mâle qui a 5 ans, donc dans la pleine possession de ses moyens. Tout juste adulte, il pouvait participer à la reproduction et semblait en parfaite santé". Il constituait un espoir de par son patrimoine génétique original. Cela renforce la nécessité de lâcher des individus supplémentaires". 

 

Le collier GPS dont il était équipé a permis de retrouver sa dépouille et de pratiquer l'autopsie nécessaire aux recherches scientifiques. Côté catalan, une instruction est en cours pour savoir s’il y a eu braconnage ou empoisonnement. 

Un deuxième cadavre ce trimestre

Un ours a été tué par balle sur la commune d'Ustou, en Ariège (09). Sa dépouille a été découverte le 9 juin dernier.

Le jeune mâle de 150 kilos n'a pas encore été identifié. Après Cachou en avril 2020, c'est le deuxième ours retrouvé mort cette année dans ce département.

Dans un tweet, Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire annonçait la mort de cet ours en Ariège.

Avant les années 2000, la population d'ours dans les Pyrénées se comptait sur les doigts de la main. Le dernier relevé fait état d'une cinquantaine de spécimens en 2019. Dans son rapport annuel de 2019, le Réseau Ours Brun (ROB) publie les chiffres de l'évolution du plantigrade ainsi que le nombre des attaques de troupeaux ou de ruchers imputables à l'ours.

Pour l'association Pays de l'Ours Adet, si environ 15 femelles peuvent potentiellement avoir des oursons en 2020, 5 à 9 portées sont envisageables. 

Il est encore trop tôt pour contrôler les naissances. Les oursons nés durant l'hiver 2019-2020 ne sont repérables qu'à partir du printemps et jusqu'en 2021.

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