Au lendemain des déclarations de l’ex-patron du renseignement toulousain qui affirme que Merah était sur une liste de suspects dès le 15 mars 2012, le père et grand-père de deux victimes tuées à l’école juive de Toulouse n’en veut pas à l’administration.
Samuel Sandler est de toutes les audiences. Assis toujours au même endroit, au second rang des parties civiles, le père de Jonathan et grand-père d’Arié et Gabriel, tués le 19 mars 2012 à l’école Ozar-Hatorah de Toulouse, il ne montre aucune réaction pendant les témoignages. Son seul écart a eu lieu le premier jour du procès : un bref accrochage verbal avec Zoulilkha Aziri, la mère de la famille Merah.Lundi, à l’ouverture de la troisième semaine du procès, il était donc là pour entendre l’ancien patron du renseignement toulousain expliquer les dysfonctionnements de l’enquête de police et surtout comment les enquêteurs ont raté Mohamed Merah entre la tuerie de Montauban le 15 mars et celle de l’école juive le 19 mars.
“C’est très dur d’entendre cela à l’audience, explique ce mardi Samuel Sandler, au lendemain de ce témoignage du policier. On savait que Merah était très tôt sur la liste des suspects. Maintenant on sait que c'était dès le 15 mars et que les policiers n’en ont pas tenu compte”.
Il n’épiloguera pas sur la question qui a hanté la salle d’audience lundi : pouvait-on éviter la tuerie de l’école en interpellant Merah avant le 19 mars ? Samuel Sandler refuse de faire de telles extrapolations.
“Ces dysfonctionnements de la justice sont tragiques, dit-il, mais ce procès ce n’est pas le procès de l’administration. Je n’ai jamais attaqué l’Etat et je ne ne ferai pas (NDLR : contrairement à Albert Chennouf-Meyer, père d’un militaire tué à Montauban). L’administration a fait des erreurs. Les policiers se sont plantés mais à mon sens sans arrières-pensées”.
A ce "couac" des enquêteurs, s'ajoute les autres déclarations de l'ex-patron du renseignement toulousain : il a été tenu à l'écart de l'enquête après la mort des parachutistes à Montauban le 15 mars. "Si on avait eu accès aux images de vidéo-surveillance tout de suite après Montauban on aurait eu 60 % de chances d'identifier Mohamed Merah, en raison de sa silhouette".
Et puis, il est également revenu sur le souhait de sa direction centrale, le 21 février 2012, de lever la surveillance de Merah, jugé par Paris "non-dangereux" et exigeant que les agents toulousains vérifient sa "fiabilité" pour le recruter comme informateur. Ce que le directeur du renseignement local avait alors "refusé catégoriquement".