Un juge d'instruction de Toulouse a mis en examen le gendarme qui avait tiré une grenade en 2014 sur le site du barrage controversé de Sivens (Tarn), blessant grièvement une militante zadiste, peu avant la mort de Rémi Fraisse, a indiqué mercredi le parquet.
Le gendarme auteur du tir de grenade ayant grièvement blessé la militante zadiste de Sivens Elsa Moulin a été mis en examen pour "violence avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique" pour avoir tiré la grenade de désencerclement, le 7 octobre 2014, précise le parquet de Toulouse.Le tir avait été effectué à l'intérieur d'une caravane où se trouvait la militante. Cette dernière avait ramassé l'engin qui avait explosé dans sa main.
La mise en examen "arrive très tardivement, plus de deux ans après les faits", souligne pour sa part Me Claire Dujardin, l'avocate d'Elsa Moulin, la militante de 25 ans victime du tir. "Dans des affaires classiques, la personne aurait déjà été jugée, d'autant plus qu'un rapport de l'inspection générale de la gendarmerie nationale avait dit qu'il s'agissait d'une faute professionnelle grave", ajoute l'avocate. "Nous sommes à nouveau sur une justice à deux vitesses comme pour Rémi Fraisse", le jeune écologiste de 21 ans qui avait trouvé la mort trois semaines après, également dans un tir de grenade, estime-t-elle.
Le gendarme avait "clairement l'intention de jeter la grenade dans la caravane", selon l'avocate, qui insiste sur le rapport de l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) qualifiant le geste du gendarme de faute professionnelle grave.
Le lancer de grenade qui avait touché Elsa Moulin, vu sur une vidéo qui avait fait le tour des réseaux sociaux, avait suscité une vive controverse et démontré la forte tension qui régnait sur le chantier du barrage, alors occupée par des centaines de zadistes.
Trois semaines plus tard, le 26 octobre 2014, Rémi Fraisse mourait dans l'explosion d'une grenade offensive tirée par des gendarmes dans des affrontements sur le site du barrage. Le gendarme auteur du tir présumé mortel a été blanchi par l'IGGN et entendu comme témoin assisté par la justice mais sans être mis en examen. Concernant l'enquête sur la mort du militant Rémi Fraisse, l'instruction est close, selon plusieurs avocats, mais le père, qui craint un non-lieu,a déposé deux nouvelles plaintes.