Ce jeudi 17 août 2023, comme chaque année depuis trente ans, le syndicat CGT organisait sa " Caravane des saisonniers ". Objectif : aller à la rencontre de ces travailleurs souvent précarisés pour les renseigner sur leurs droits et informer le grand public.
"Le travail n’a pas de saison", "Tous ensemble pour de nouveaux droits" : une vingtaine de militants CGT organisait ce jeudi 17 août une action d’information sur les droits des saisonniers à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. Un département pas choisi par hasard : il emploie de nombreux travailleurs saisonniers, notamment dans les secteurs agricoles et touristiques.
10% de saisonniers en Tarn-et-Garonne
Et près de 80 % d’entre eux qui travaillent dans le secteur agricole (17 % en Occitanie). Dans le tourisme, en Tarn-et-Garonne, 57 % des offres sont des contrats saisonniers. " Cela vaut bien la peine de connaître ses droits, de l’embauche à la fin du contrat " pour Alexis Bordes et le syndicat qu'il représente. Ce qui comprend l’accès au logement, aux allocations chômage, à la formation, la retraite, la santé… Pour l'organisation syndicale, " Il existe un manque d’informations et de contrôles des droits dans les zones de forte saisonnalité, ce qui incite à la surexploitation ».
65 % d'entre eux ne connaissent pas leurs droits
Aller à la rencontre des saisonniers mais aussi informer le grand public sur ces réalités souvent méconnues : « Il s’agit d’expliquer aux travailleurs saisonniers quels sont leurs droits dans les entreprises qui les emploient », explique Alexis Bordes, responsable du Comité des Travailleuses et Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires pour la CGT 82. " Aussi pour pouvoir se défendre en cas d’abus ", complète-t-il.
Le grand public, de son côté, méconnaît souvent les conditions de travail et de vie précaires des travailleurs estivaux. « Le guide CGT des saisonniers » était distribué lors de cette action de sensibilisation.
Leurs difficultés
" Tout d’abord, souvent, le Code du travail ne leur est pas appliqué" , déplore Alexis Bordes. « Autre difficulté, ils sont parfois logés par les patrons dans des contextes désastreux. L’an passé, des travailleurs saisonniers sont venus nous dire qu’ils étaient logés dans des « Locabox » (boxes en plastique de chantier) à 6 ou 8, avec un seul sanitaire. Cela peut souvent amener à des accidents du travail avec la fatigue qui s'ajoute. Il y a enfin la question du travail au noir " .
Les grandes entreprises aussi
" De plus en plus de grosses entreprises font appel aux travailleurs saisonniers, particulièrement dans l’agriculture et le tourisme. Elles ont besoin de main-d’œuvre en grosse quantité quand elles agrandissent leur périmètre d’activité », poursuit le militant, actuellement privé d'emploi. Il dénonce aussi le choix de certaines entreprises d’abuser du recrutement de travailleurs saisonniers plutôt que d’embaucher de nouveaux salariés en CDI.
Figurent aussi dans son argumentaire les rémunérations minimales des saisonniers, souvent en contrepartie d'horaires à rallonge.
L’abus de la main d’œuvre étrangère
La mise en concurrence des salariés français et étrangers est un autre problème. La main d'oeuvre étrangère serait plus " malléable ", " accepterait plus ". "Regardez : eux travaillent 40h par semaine, pourquoi il n’en serait pas ainsi pour vous ?", abuseraient certains patrons.
Ce serait notamment le cas en agriculture dans le secteur de la pomme, de la pêche, du melon " avec des saisonniers provenant du Maghreb, de Roumanie, Pologne, Bulgarie... " Cela peut aussi se produire en viticulture lors des vendanges même si c’est un peu différent car les viticulteurs recherchent du personnel qualifié qui connaît bien le raisin » (Alexis Bordes).
La sécurité
Ce 15 août 2023 à Durfort-Lacapelette (Tarn-et-Garonne), un accident d'engin agricole engendrait la mort d'un employé et en blessait trois autres. Parmi les 4 victimes figurait un saisonnier. La question de la sécurité, si elle concerne tous, revient souvent sur le devant de la scène au gré de faits divers impliquant des saisonniers. " Ils ne sont pas équipés, n'ont pas " d'EPI " (équipements de protection individuels)", arrivent en t-shirts et shorts dans les champs, exposés directement aux pesticides, aux guêpes, au danger ", déroule Alexis Bordes.
La " Caravane des saisonniers " s’était arrêtée à Saint-Antonin et Cazals (Tarn-et-Garonne) le 13 juillet dernier, communes qui font beaucoup appel aux travailleurs en saison dans le secteur du tourisme.
Environ deux millions de salariés travaillent en contrat à durée déterminée « saisonnier » en France.