Dans le Tarn-et-Garonne, plusieurs agriculteurs, enfoncés dans une crise profonde qui frappe leur profession, ont décidé de quitter la Coordination rurale de leur département. Ils viennent de créer le Syndicat des paysans occitans. Une association qui prône de nouveaux modes d'actions, plus ancrées dans leur territoire, pour sortir de l'impasse.
Après des mois de contestation, à occuper des ronds points, des centres-villes ou encore à déverser des bennes devant des bâtiments publics, plusieurs agriculteurs du Tarn-et-Garonne, dont Benoît Cransac, éleveur cultivateur à Tréjouls, ont décidé de tourner la page de ce type d'actions.
Ils quittent la Coordination rurale 82
Ils viennent de quitter la Coordination rurale, syndicat réputé radical, qui a beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines, pour créer le Syndicat des paysans occitans, une association apolitique qui vise à renouer le dialogue avec tous les acteurs locaux. Objectif : trouver des solutions au plus près de leurs territoires et de leurs problématiques.
Avec le Syndicat des paysans occitans, qui est sous un statut associatif, on veut renouer avec la base et pouvoir se serrer les coudes entre agriculteurs. Que l'on puisse porter autre chose qu'un syndicat avec de l'appui plus technique en faisant venir des intervenants. Arriver à trouver des outils et des comportements différents pour que l'on puisse avancer.
Benoît Cransac, président du Syndicat des paysans occitan
Après des actions plus radicales de la Coordination rurale notamment dirigées contre l'OFB (office Français de la Biodiversité) la semaine dernière, d'autres agriculteurs l'ont rejoint dans sa démarche.
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Ils fondent le Syndicat des paysans occitans, une association
" Beaucoup d'agriculteurs ne veulent pas être affiliés à un syndicat, c'est devenu trop politisé pour eux. Ils préfèrent partir ou se diriger vers une association qui est moins excessive ", nous explique Milène Faine, la trésorière de l'association.
Pierre-Guillaume Mercadal : l'éleveur de cochons laineux devenu symbole de l'extrême-droite chez les agriculteurs https://t.co/hP6q0ZDyKP pic.twitter.com/H1M1tV7PnN
— France 3 Occitanie (@F3Occitanie) February 26, 2024
Au total le Syndicat des paysans occitans compte déjà 40 adhérents, venus de plusieurs syndicats différents. Qu'il soit éleveur, céréalier ou arboriculteur, tous veulent développer de nouveaux modes d'action pour sortir de cette crise agricole.
Renouer le dialogue avec les élus locaux
"Nous avons rencontré le préfet du Tarn-et-Garonne, on a vu qu'il y avait de petites avancées sur les impôts par exemple, sur les dégrèvements d'impôts fonciers notamment. Si on perd une récolte importante, les démarches sont un peu plus simples à mettre en place pour avoir des remboursements plus corrects. Ce sont les élus locaux et territoriaux qui font remonter les difficultés de la base, on ne veut pas se couper d'eux, on veut parler avec tout le monde, d'où le côté apolitique de notre association", précise Benoît Cransac.
S'aider pour l'administratif
En parallèle de ce travail de terrain, en lien avec les élus, ces agriculteurs veulent mettre en place un système d'entraide dans la gestion administrative de leurs exploitations.
L'administratif, c'est le gros boulet de nos exploitations. Ce qu'on veut, c'est arriver à mieux les gérer, à mieux les appréhender et surtout arriver à être plus fort. On s'aide les uns, les autres pour remplir les papiers notamment. L'autre point difficile, objet de crispation, ce sont les contrôles. Avec cette association, on veut apporter un appui plus technique aux agriculteurs et les rassurer.
Benoît Cransac, président du Syndicat des paysans occitans
Une démarche associative même si ces agriculteurs n'excluent pas des actions sur le terrain ces prochaines semaines. Une nouvelle structure aussi pour partager leurs difficultés et se soutenir, sans étiquette syndicale associée.
Ces agriculteurs Tarn-et-Garonnais se lancent donc dans une nouvelle forme d'engagement, comme une lueur d'espoir dans un territoire durement frappé par cette crise agricole.