Le prix du melon est à la baisse en ce mois de juillet 2022. Il faut dire que les melons français sont arrivés à maturité avec deux semaines d'avance, dès la fin juin, en même temps que ceux d'Espagne. D'où la surproduction qui pourrait nuire à la rentabilité de la filière.
À Brassac, dans le Tarn, la récolte du melon bat son plein depuis la fin juin. Bien plus tôt que d'habitude. "Le melon est sensible à la météo un peu plus chaude, ce qui fait que la récolte est avancée de quinze jours cette année", explique Didier Demeaux. Le technicien agricole précise que 350 tonnes de melons ont été récoltés entre le 18 et 30 juin sur cette exploitation. C'est beaucoup, et pas forcément très vendeur.
"Des chaleurs dignes de fin juillet"... au mois de mai
D'un coup de couteau, Didier Demeaux cueille un melon. "Il est vraiment à point par la coloration, par le fait qu'il cerne au niveau du pécou. C'est un des critères de cueillette. Et là, vraiment celui-là, il est très bon à ramasser ." Une fois coupé, le melon révèle sa belle couleur orangé, signe de maturité.
Cette saison précoce du melon est liée à la météo des mois de mai et juin. "De fortes chaleurs en mai pendant une quinzaine de jours, des chaleurs dignes d'une fin juillet.. Puis au mois de juin, avec des températures nocturnes très importantes pour cette famille de cucurbitacées."
Est-ce de bonne augure pour les producteurs ? Pas forcément. Didier Demaux s'interroge d'ailleurs sur la possibilité d'atteindre son objectif. À savoir : poursuivre la récolte jusqu'à la fin septembre. Et surtout, la production précoce a coïncidé avec l’arrivée sur le marché des melons espagnols. Et les prix ont chuté.
"Des prix bien en-deçà de la rentabilité pour les producteurs"
"Pour avoir un marché équilibré sur le melon, il faut se situer entre 4.000 et 4.500 tonnes d'offre quotidienne. Et là, on a frisé les 6.000 tonnes quotidiennement", nous indique Joël Boyer. Le président de Philibon a du s'adapter à cette arrivée précoce des melons d'origine France. Trouver de la main d'œuvre pour assurer le conditionnement. Et se montrer plus strict face à ce pic de production qui arrive habituellement en juillet-août.
Nous avons du faire effectivement des écarts de production à un moment donné. Sur certains calibres qui étaient trop présents. Il a fallu effectivement être beaucoup plus rigide au niveau du tri puisque le marché était très engorgé.
Joël Boyer, président de Philibon
Mais surtout, la production française a télescopé celle venue d'Espagne. Et les prix ont chuté. "Automatiquement, le marché s’est retrouvé saturé, et quelque part, en crise. Effectivement, au niveau commerce, c'est devenu très difficile", analyse Joël Boyer, chiffres et courbes de production à l'appui.
Les prix sont bien en-deçà de la rentabilité pour les producteurs. On se retrouve avec une production qui sera en pertes pour l'ensemble des producteurs qui auront eu du melon toutes ces trois dernières semaines.
Joël Boyer, président de Philibon
Dans l'entreprise basée à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, la production de melons revient petit à petit à la normale. Mais un autre fruit pourrait lui voler la vedette. Les premières prunes françaises arrivent déjà, elles aussi, avec deux semaines d’avance.