Pour assurer l'approvisionnement électrique du pays, 4 centrales nucléaires françaises, dont celle de Golfech, ont été autorisées à déroger aux règles environnementales encadrant leurs rejets d'eau chaude. Cette décision pourrait impacter la biodiversité aquatique.
" Nous sommes actuellement en surveillance renforcée" insiste René Delacros. Le président de la fédération de pêche du Tarn-et-Garonne et ses équipes scrutent quotidiennement les berges et les eaux de la Garonne en cet été caniculaire.
En effet, depuis que l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et le ministère de la transition énergétique ont accordé une dérogation environnementale à 4 centrales nucléaires (dont celle de Golfech) les défenseurs de l'environnement sont inquiets de l'impact que cette décision pourrait avoir sur la biodiversité.
De 28 à 31 degrés
Jusqu'au 7 août, ces sites sont autorisés à dépasser les niveaux réglementaires de la température d'eau rejetée dans les fleuves et rivières dans lesquels ils s'alimentent.
Au lieu des 28°celsius autorisés habituellement, les eaux rejetées peuvent atteindre exceptionnellement les 31° celsius.
"On fait des prélèvements en amont et en aval de la centrale. Température, taux d'oxygène, état des poissons sont observés et mesurés pour donner l'alerte en cas de besoin", décrypte René Delacros.
Un travail similaire est aussi mené par les équipes d'EDF.
" Le problème, c'est qu'on ne peut pas mesurer l'impact de cette dérogation sur les petits poissons juvéniles et les végétaux aquatiques" s'inquiète le président de la fédération de pêche du Tarn-et-Garonne.
Pourquoi ? Parce que ces espèces sont trop petites pour être capturées et analysées. "Résultat: on ne verra que dans une année les conséquences de cette mesure dérogatoire. S'il y a moins de poissons dans les rivières et fleuves alors il faudra en tirer les conclusions", résume René Delacros.
Pour l'instant aucune surmortalité n'a été constatée dans le secteur de Golfech par les ingénieurs d'EDF ni par ceux de la fédération de pêche du Tarn-et-Garonne.
Mais face au réchauffement climatique, ces dérogations exceptionnelles pourraient se multiplier dans les années à venir.
Des étés sous tension
" Avec des épisodes caniculaires et une sécheresse de plus en plus fréquents, il y a fort à parier que le débit de la Garonne soit de plus en plus faible en été", craint Marc Saint-Aroman, bénévole du réseau "Sortir du Nucléaire" et "Stop Golfech".
Et moins la Garonne a de débit plus elle chauffe vite. " C'est d'autant plus inquiétant pour la biodiversité car la concentration en déchets radioactifs dans l'eau est plus importante lorsque la Garonne est à sec. Dans ces conditions, les poissons s'épuisent à filtrer l'oxygène", se désole Marc Saint-Aroman.
Du côté de l'ASN on se veut beaucoup plus rassurant. "Les propositions d'EDF sont acceptables au regard du retour d'expérience de la surveillance de l'environnement spécifiquement réalisée lors d'épisodes caniculaires antérieurs ainsi que du suivi long terme sur les écosystèmes concernés", a estimé l'Agence de sûreté nucléaire.
Le dispositif de dérogation n'a jusqu'ici été utilisé qu'une fois, en 2018 pour la centrale de Golfech, pour 36 heures.