Centrale nucléaire de Golfech : les rejets dans la Garonne ont un impact sur l'eau et les plantes aquatiques selon la Criirad

Les centrales nucléaires comme celle de Golfech (Tarn-et-Garonne) sont autorisées à rejeter des éléments radioactifs dans les cours d’eau. Le réseau "Sortir du nucléaire" a demandé au laboratoire de la CRIIRAD d’effectuer une analyse de ces rejets via les plantes aquatiques en aval de la centrale. Des taux significatifs de tritium et de carbone 14 ont été détectés. Avec un impact sur l'eau potable.

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Des substances radioactives ont été relevées dans plusieurs cours d'eau, rivières et fleuves comme la Seine, le Loire et chez nous la Garonne. Afin de compléter son étude, le réseau "Sortir du nucléaire" a fait analyser par le laboratoire de la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) des plantes aquatiques en aval de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne). Des prélèvements ont été faits en juin et au mois d'août à un peu plus de 1 km du lieu de rejet de la centrale, sur la commune de Lamagistère. 

Du tritium et du carbone 14 dans la Garonne

Voilà plusieurs mois que l’un des deux réacteurs de la centrale de Golfech est à l'arrêt pourtant, l'impact environnemental est toujours signifiant. France Nature Environnement a fait des prélèvements en juin, les échantillons sont arrivés au laboratoire de la CRIIRAD le 9 juin 2022. Les plantes ont été soumises à 2 types d'analyses :

  • Une analyse par spectrométrie gamma qui permet de détecter une vaste palette de substances radioactives
  • Des analyses radiochimiques portant spécifiquement sur le carbone 14 et sur le tritium, un élément radioactif quasi inexistant à l'état naturel

"Ces analyses ont été réalisées en juin, avec un niveau d’eau important et des plantes aquatiques en pleine croissance. C'était une période de fort débit de la Garonne et le début du développement des plantes aquatiques. Le taux en aval est le double de celui en amont de la centrale. La contamination est en baisse par rapport à de précédentes mesures en 2019 et 2009. Mais plusieurs facteurs peuvent influencer comme l’intensité et les modalités des rejets dans les semaines et mois qui précèdent l’échantillonnage, ainsi que le régime hydrographique qui influe sur les conditions de mélange en aval du rejet", affirme Marion Jeambrun chargée d’étude à la CRIIRAD

Même phénomène pour le carbone 14 avec un taux nettement supérieur en aval mais là-aussi, des taux plus faibles qu'en 2019 et 2009. Des résultats qui interrogent et qui ont contraint à de nouveaux prélèvements en août. Et là, les chiffres ne sont pas les mêmes. "Pour le tritium, on notait 6 Bq (Becquerel) par litre d'eau en juin. En août, on en trouve 4 fois plus", souligne Marion Jeambrun. Même chose pour le carbone 14 : il y avait 252 Bq/l en juin et 360 Bq/l en août. Ça traduit un impact de la centrale sur l’environnement."

Une présence en dessous des seuils tolérés mais qui interroge

Pour Marion Jeambrun, "ces niveaux ne vont pas impacter le consommateur et les taux sont inférieurs aux seuils de tolérance. Mais à la CRIIRAD, nous remettons en cause ces seuils car ils sont trop hauts. Pour nous, l'eau potable ne devrait pas avoir des taux de tritium supérieur à 10 Bq/l. Or, une commune comme Agen a des taux qui atteignent ce niveau qui pour nous est dangereux."

La CRIIRAD demande une révision complète des normes applicables à la contamination radioactive de l’eau potable et conteste les seuils de potabilité (10 000 Bq/l pour le tritium) et de qualité (100 Bq/l) pour l'eau que l'on consomme. 

La ville d'Agen pompe directement une partie de son eau potable dans la Garonne, en aval de la centrale de Golfech. Idem pour d'autres communes du Lot-et-Garonne comme Lafox, Le Passage et Boé avec un taux de tritium relevé par la CRIIRAD qui interpelle. Que dire en cas d'accident sur une centrale nucléaire des rejets se retrouvant dans la Garonne et donc dans le verre des consommateurs ?  

La présence de tritium et de carbone 14 dans les plantes aquatiques interroge aussi sur le fait que des poissons vont consommer ces plantes avant d'être à leur tour consommés par les humains. Les relevés effectués par la CRIIRAD pour le réseau "Sortir du nucléaire" confirment la contamination chronique et persistante du milieu naturel en aval de Golfech, en particulier par le tritium et le carbone 14.

Dans un courrier envoyé co-signé par France Nature Environnement, le Réseau "Sortir du Nucléaire" interpelle Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de la transition énergétique et lui demande que soient menées des analyses régulières des rejets de tritium dans l’eau par un organisme indépendant.

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