Fermeture des urgences, manque de moyens : nouveau coup de colère des personnels de santé

Nouvelle journée de mobilisation des personnel de santé (soignants, urgentistes, éducateurs spécialisés). Montauban, Tarbes, Toulouse. Plusieurs manifestations étaient prévues ce 31 mai pour protester contre la fermeture des urgences et le manque de moyens.

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Ils sont une soixantaine devant la CPAM de Montauban. Infirmiers, aide-soignants, éducateurs, aide médico-psychologique... Ils travaillent dans les EHPAD, des hôpitaux. Des personnels qui accompagnent ceux qui sont dans le besoin, comme les adultes et les enfants handicapés, des personnes atteintes de troubles psychiques sévères ou encore des femmes victimes de violences.

Si ils manifestent, c'est parce qu'ils n'en peuvent plus du manque de moyens, qu'ils sont épuisés après deux années de COVID. Qu'ils sont lassés de toujours demander plus de moyens. En vain.

Cette infirmière - qui souhaite garder l'anonymat - du service extra hospitalier de psychiatrie à Montauban explique : "Aujourd'hui en psychiatrie, nous n'avons plus de médecins pour fonctionner, on ne trouve plus non plus d'infirmiers. Les patients qui vivent à l'extérieur de Montauban vont pour certains devoir faire plusieurs dizaines de kilomètres pour être pris en charge. On va clairement vers un abandon de soins pour ces malades là. Il y a un déficit criant de soignants, on est désemparés face à cette situation."

Sébastien lui aussi tenait à exprimer son mécontentement. Il est éducateur spécialisé à Moissac. "Le travail est devenu compliqué, car on manque de médecins. Nous ne pouvons plus assurer de suivi médico-social pour la population que nous accompagnons au quotidien. Cela touche surtout les enfants, les 0 - 6 ans, qui peuvent avoir des pathologies qui ne sont pas pris en charge. Les familles d'accueil sont démunies car pas formées, et nous n'avons pas les structures nécessaires pour les faire soigner. Il y a une surcharge de travail réelle."

Le feu couve aussi dans les services des urgences de la région. Christelle est aide-soignante aux urgences de Montauban. "Il y a un problème depuis longtemps aux urgences de Montauban. Il faut des moyens financiers et humains, que nous n'avons pas. C'est devenu tellement compliqué, que le personnel démissionne de plus en plus. Il est épuisé. Et ceux qui restent sont en souffrance réelle. Le nombre de passages aux urgences a doublé, mais pas le nombre de soignants. On a une offre de soins insuffisante."

Dans les Hautes-Pyrénées, la tension est palpable dans les services des urgences. Ce mardi 31 mai, une manifestation réunissant une centaine de personnes a eu lieu devant le centre hospitalier de Lourdes. Il s'agissait de s'opposer au "projet de suppression de la permanence de nuit des urgences chirurgicales digestives, la nuit et le week-end". Les manifestants s'opposent aussi à la fusion administrative des hôpitaux de Lourdes et de Tarbes, prévue pour janvier 2023. 

La pénurie de personnel est une tendance nationale, comme l'illustre cette carte.

Cet après-midi, une autre manifestation a eu lieu devant la Préfecture de région à Toulouse, réunissant plusieurs centaines de personnes. A l'appel de plusieurs syndicats, des personnels de santé (infirmiers, soignants, éducateurs spécialisés) ont manifesté pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail. Mais aussi pour remettre en cause les primes du Ségur de la Santé, qui ne concernent pas les non-diplômés. Ce qu'ils vivent comme une injustice.

Les personnels de santé ne veulent pas en rester là. Une grande journée d’action est prévue le 7 juin prochain pour dénoncer la dégradation de services de soins (notamment les urgences, mais pas que...) dans les Hautes-Pyrénées. Ce département a déjà été affecté par la fermeture des urgences de la clinique de l’Ormeau et de l’hôpital de Bagnères-de-Bigorre la nuit. Pour Wilfried Zapparoli, le secrétaire départemental CGT santé des Hautes-Pyrénées, le constat est clair : "Au bout de deux ans de pandémie, aucune leçon n'a été tirée. Les lits ferment, par manque de personnel. Beaucoup démissionnent ou sont en maladie. Ce sont tous les petits services des urgences de la région qui sont en danger et menacés de fermeture".

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