250 salariés d'EDF, RTE, GRDF manifestent ce mardi toute la journée à l'appel des syndicats, devant la centrale de Golfech pour protester contre le projet Hercule. Il consiste notamment à diviser EDF en trois entités.
Environ 250 salariés du secteur de l'énergie sont rassemblés devant la centrale de Golfech dans le Tarn-et-Garonne, ce mardi 19 janvier. Ils travaillent sur des sites de l'Ariège, de Haute-Garonne, du Gers, du Lot, du Tarn ou du Lot-et-Garonne. Leur objectif : protester contre le projet Hercule qui s'apparenterait selon eux à un démantèlement du groupe EDF.
Des salariés d'Engie, qui s'opposent au projet Clamadieu qui pourrait séparer le groupe gazier (ex-GDF) en deux entités, participent également au mouvement. Une trentaine d'employés de l'entreprise de transport et de logistique Stef, basée à Montbartier (Tarn-et-Garonne) en grève depuis le 17 décembre, ont aussi fait le trajet dans la matinée par solidarité.
Des parties rentables et d'autres non...
Le mouvement de protestation a démarré le 3 novembre 2020. Les agents de l'ensemble de l'industrie électrique et gazière (EDF, RTE, Enedis ou GRDF) ont organisé des rassemblements pour dire leur opposition à l'"éclatement" d'EDF. Le projet "Hercule" prévoit, en effet, de scinder l'activité en trois entités : une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (EDF vert) cotée en bourse pour la distribution d'électricité et les énergies renouvelables, et une troisième (EDF azur) qui chapeauterait les barrages hydroélectriques.
"Le problème pour nous, c'est que ces projets n'ont qu'une seule finalité, elle est financière, explique Thomas Bozonnet, l'un des manifestants, salarié au Centre de formation hydrolique de Toulouse. Les activités d'EDF sont divisées entre une partie qui fait de l'argent et une autre partie qui nécessite beaucoup d'investissements".
Maintenance du nucléaire aux frais de l'Etat
"Avec Hercule, la partie qui génère des revenus par la vente d'énergie et la perception de taxes sera privatisée. Mais toute la partie qui nécessite de lourds investissements comme la filière nucléaire avec une maintenance très lourde, va rester sous la tutelle de l'Etat".
Ce sont les usagers qui vont payer le prix fort.
"On a l'expérience du démantèlement d'EDF-GDF qui a commencé en 2000, poursuit-il. Bilan pour les usagers : une augmentation de 35% des tarifs de l'électricité et de 75% pour le gaz. On le voit : la plue-value n'est clairement pas pour les usagers !"
Le soutien des associations pro-environnement
Une thèse que contredit le gouvernement, par la voix du ministre de l'économie Bruno Le Maire qui nie toute vélléité de démantèlement. Mais le ministre veut agir vite pour donner à EDF "les moyens de se développer et de rester l'une des plus grandes entreprises énergéticiennes de la planète. C'est ça, l'objectif".
Les associations régionales de préservation de l'environnement et de lutte contre le nucléaire se disent solidaires du mouvement, même si elles ne participent pas physiquement aux actions des salariés. "On les soutient dans la lutte contre "Hercule", explique André Crouzet, l'un des portes-parole régionaux anti-nucléaire.
"Il y a quelques années, c'était impossible de discuter de l'avenir énergétique. Mais les salariés du secteur énergétique eux-mêmes se rendent compte que le nucléaire n'est pas une énergie du futur et qu'on doit réfléchir à d'autres modes de production d'énergie".