Jeune fille qui avait refusé d'enlever son abaya à l'école : "rien n'a bougé dans ce dossier" regrette son avocate

10 mois après une altercation entre une élève qui porte l'abaya et une professeure au lycée Bourdelle de Montauban (Tarn-et-Garonne), qui avait débouché sur un dépôt de plainte des deux camps, le dossier n'a toujours pas évolué. L'avocate de la jeune fille attend un signe de la justice et assure que sa cliente est favorable à l'interdiction de l'abaya à l'école.

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L'interdiction de l'abaya a été officialisée avant le jour de la rentrée lundi 4 septembre, et le respect de cette Loi a particulièrement été scruté dans les établissements. C'est le cas à Montauban (Tarn-et-Garonne) au sein du lycée Bourdelle où Aminat, une élève portant l'abaya, et une professeure, avaient porté plainte l'une contre l'autre suite à une altercation en lien avec ce vêtement en novembre 2022.

La jeune fille avait notamment publié une vidéo de cet accrochage sur TikTok, indiquant notamment : "elle va voir ce qu'Allah va lui faire". Près de 10 mois après les faits, l'avocate revient sur la procédure qui n'a pas avancé, et sur le sort de sa cliente depuis cet incident. 

Après les différents dépôts de plainte de votre cliente pour stigmatisation, les plaintes des professeure et du chef d'établissement, où en est le dossier ?

Maître Séverine Lheureux : "Dans ce dossier, on a l'impression que rien n'a bougé. Les plaintes déposées n'ont pas reçu de suite pénale. Il n'y a pas d'audience prévue, ni de classement sans suite envisagée. C'est toujours en enquête. Nous attendons aussi la suite d'une autre plainte pour diffamation que nous avons déposée devant le juge d'instruction, à cause de dérives sur les réseaux sociaux. Dans son ensemble, ce dossier suit le rythme lent de la justice". 

Comment se comporte votre cliente depuis l'accrochage avec la professeure ?

"Depuis ces faits, elle a définitivement quitté l'établissement. C'était trop difficile, elle se sentait harcelée, les professeurs avaient un regard encore plus dur sur elle après la médiatisation des faits.

Aujourd'hui, elle travaille normalement pour gagner sa vie, en attendant de reprendre une formation en alternance. C'est une jeune fille qui a toujours voulu être indépendante. Elle continue de porter des vêtements tel qu'elle les portait à l'époque des faits. Cela peut être des robes longues ou des vêtements amples, comme un certain nombre de jeunes filles de son âge."

Aujourd'hui, quel est l'avis de votre cliente sur cette loi interdisant l'abaya ?

"Sa position est dans la cohérence de ce qu'elle disait à l'époque : elle trouve que cette loi est une bonne chose, car elle vient mettre un terme à cette imprécision qui l'avait conduite à s'exprimer : elle avait notamment dit qu'elle n'était pas d'accord avec certaines réflexions, car il n'y avait pas de loi.

Cela ne signifie pas que cette loi n'est pas sujette à la critique, tant on ne sait pas ce qui pourrait être considéré comme une abaya ou non. Aujourd'hui, une inquiétude perdure : quel type de jeune fille sera contrôlée à l'école ? On peut craindre le délit de faciès."

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