La guerre des canons : agriculteurs et arboriculteurs s'affrontent autour des dispositifs anti-grêle, accusés d'assécher le ciel

Les canons à grêle utilisés depuis des décennies par les arboriculteurs du Tarn-et-Garonne suscitent de plus en plus d'opposition. Car s'il préservent les récoltes des orages violents, ils sont accusés d'empêcher aussi la pluie de tomber. Le maire de Beaumont-de-Lomagne monte au créneau.

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Le Tarn-et-Garonne est le théâtre d'une guerre fratricide entre agriculteurs et arboriculteurs. Les canons à grêle, utilisés pour protéger les fruits, sont accusés par les céréaliers d'empêcher la pluie de tomber. Des canons déjà interdits dans d'autres départements.

Canons anti-orages

Ils existent depuis une centaine d'années. Les canons à grêle sont un "miracle" pour les arboriculteurs, victimes des violents orages, notamment en Tarn-et-Garonne.

Le grélifuge, c'est son nom, est alimenté au gaz. Il permet de repousser la grêle grâce à l'onde de choc créée par sa détonation : "un simple petit grêlon sur un de mes fruits, et ça part à la poubelle", raconte Maurice Andral, arboriculteur et vice-président de l'interprofession des prunes de France. "Au prix que ça nous coûte pour les produire, on ne peut pas se permettre de les jeter".

Guerre fratricide

Si les arboriculteurs y voient un complément aux filets anti-grêle, car il permet de sauver leurs récoltes, le canon anti-grêle suscite une opposition grandissante parmi les autres agriculteurs et particulièrement les céréaliers. 

Jean-Luc Deprince est agriculteur et maire de Beaumont-de-Lomagne. Les orages ne lui font pas peur. En revanche, il se plaint des canons de ses voisins arboriculteurs. Selon lui, ils empêcheraient de faire tomber la pluie : "Y en a toujours eu de la grêle", explique-t-il. "Les arboriculteurs sont protégés à 80-85% grâce aux filets anti-grêle. Nous céréaliers, nous sommes quasiment tous assurés. Il vaut mieux avoir un peu de perte de récolte, mais qu'il pleuve. Ça permet à tout le monde de vivre correctement".

Un argument aussitôt réfuté par cet arboriculteur : "vendredi, nous avons activé les canons et pourtant, il est tombé 15 mm de pluie."

Interdire ou pas ? 

Dans le Maine-et-Loire, département agricole comparable au Tarn-et-Garonne, les canons anti-grêle ont été interdits depuis des années. Sous sa casquette de maire de Beaumont-de-Lomagne, Jean-Luc Deprince compte bien obtenir la même chose. Il en appelle à la préfecture pour faire interdire ces machines. 

Le réchauffement climatique sera-t-il un argument décisif pour l'État ? Va-t-il avoir raison des canons à grêle dans le département du Tarn-et-Garonne ? Seul l'avenir nous le dira. Cette polémique, au son du canon anti-grêle, va en tout cas alimenter la guerre que se livrent agriculteurs et arboriculteurs, pour le partage de l’eau dans les années à venir. 

(Avec Régis Guillon)

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