Placé sous contrôle judiciaire depuis février 2024, l'éleveur de cochons laineux dans le Tarn-et-Garonne, Pierre-Guillaume Mercadal était jugé ce 25 juin 2024 pour des faits d'outrage et de harcèlement en récidive. Huit mois de prison avec sursis probatoire et une amende de 10.000 euros ont été requis à son encontre.
Cochon mort déposé sur le bureau du maire de Montjoi, poursuite du maire de Valence-d'Agen sur le marché et campagne de haine à l'encontre d'un journaliste. Pierre-Guillaume Mercadal, éleveur de cochons laineux dans le Tarn-et-Garonne, était jugé ce mardi 25 juin 2024 devant le tribunal correctionnel de Montauban pour "harcèlement" et "outrages".
Le procureur de la République a requis huit mois de prison avec sursis probatoire de vingt-quatre mois et 10.000 euros d'amende à l'encontre de l'éleveur. Une indemnisation des victimes a également été réclamée.
SMS malveillants et cochon mort
L'une des plaintes ayant conduit à ce procès de Pierre-Guillaume Mercadal a été déposée par Christian Eurgal. À la suite d'un conflit de voisinage au sujet d'un accès à l'exploitation de l'éleveur, le maire de Montjoi a été la cible de SMS malveillants, filmé dans les locaux de la mairie et jusqu'à se retrouver avec un cochon mort déposé par l'éleveur dans son bureau. Ce dernier fait, datant du 11 janvier 2024, est toujours épinglé sur le profil Instagram du prévenu.
"On est dans une situation totalement atypique, estime l'avocat du maire de Montjoi. Au début, on en était à un petit dossier, une sorte d'affaire de Gaulois, et qui s'avère être aujourd'hui un vrai dossier avec des insultes, un déchainement de violence absolument terrible. Et c'est aujourd'hui, une rencontre avec la vérité. Il faut y mettre un terme"
Me Thierry Deville, avocat du maire de Montjoi
Pour sa défense, l'avocat de l'éleveur a fait valoir le droit à la liberté d'expression : " il était poursuivi pour outrages et harcèlement, pour ma part, j'estime qu'y compris dans l'outrage et le harcèlement, la liberté d'expression est importante", déclare à l'issue de l'audience Me Pierre Egea-Ausseil. "J'ai rappelé au tribunal que même les idées choquantes qui heurtent ou qui inquiètent doivent être admissibles dans une démocratie. C'est pour moi un enjeu important que M. Mercadal ait pu s'exprimer", estime-t-il.
Pour le défenseur, les prises de positions de l'éleveur peuvent se justifier.
" Il s'est retrouvé dans une situation d'impasse avec une décision favorable du tribunal administratif sans que cela n'ait suscité une réaction adéquate du maire. Tout s'est enchaîné à partir de ce blocage administratif, qui constitue aussi un blocage à sa liberté d'accès à son propre terrain, son exploitation agricole."
Me Pierre Egea-Ausseil, avocat de l'éleveur de cochons laineux
Quant aux commentaires haineux et aux menaces de mort liées aux publications de l'éleveur, son défenseur estime que Pierre Guillaume Mercadal, "n'est pas responsable de ces débordements, qu'il a lui même critiqué" .
Une image de martyr
Dans cette affaire, Pierre-Guillaume Mercadal a été soutenu par l'influenceur d'extrême droite Papacito qui a relayé des vidéos virulentes à l'encontre de l'édile.
"L'idée dans ce dossier, c'est de faire passer Monsieur Mercadal pour un véritable martyr", selon l'avocat du maire de Montjoi. Il faut dire que, depuis une première condamnation en 2022, l'éleveur organise des cagnottes de soutien. "Il a réussi avec les réseaux sociaux à se créer une image de martyr, une image de paysan dans la peine en disant que l'argent, il le redistribuerait. Si on fait l'addition, entre le mois de septembre 2022 et le mois de juin 2024, il aura encaissé 877.000 euros après impôts", dénonce Me Thierry Deville qui évoque la mise en place d'une véritable firme. L'éleveur aurait le projet de créer une structure d'aide aux paysans sur le modèle d'un "samu social agricole" selon nos confrères du Figaro.
Trois autres cibles
Pierre-Guillaume Mercadal a multiplié ses actions malveillantes. En février 2024, il s'en prend à l'ancien ministre et maire de Valence d'Agen, Jean-Michel Baylet, qu'il poursuit sur le marché. Une policière qui tente de s'interposer est, elle aussi, malmenée et injuriée. Et un journaliste de La Dépêche du Midi est victime d'une campagne de haine orchestrée là encore par l'éleveur et Papacito.
Papacito, de son vrai nom Ugo Gil Jimenez, a été condamné à 5 000 euros d'amende, le 26 avril 2024, pour injures publiques homophobes et provocation à la haine envers le maire de Montjoi.
Le tribunal rendra sa décision le 26 juillet prochain.
( Avec Stéphane Compan)