Un jeune homme de 21 ans va plaider coupable pour plusieurs infractions liées aux rodéos urbains. Il a été démasqué par les gendarmes du Tarn-et-Garonne, non pas en flagrant délit, mais après des investigations menées sur internet.
Les consignes de Gérald Darmanin sont claires : la lutte contre les rodéos urbains est actuellement une priorité, et les forces de l'ordre priées de multiplier les contrôles. Dans le Tarn-et-Garonne, un jeune homme de 21 ans vient d'en faire les frais. Sauf qu'il n'a pas été interpellé en flagrant délit, mais après douze jours de traque, sur internet, menée par la cellule de "cyber-veille" de l'Escadron départemental de sécurité routière.
Un contrôle classique ouvre la piste
Pour répondre aux directives du ministre de l'Intérieur, et même si " le phénomène est très rare dans le département", les gendarmes du Tarn-et-Garonne organisent, eux-aussi, des opérations de contrôle anti rodéo sauvage. C'est le cas le 12 août 2022.
Cette nuit-là, l'Escadron départemental de sécurité routière est positionné du côté de Montbartier. Et les gendarmes surprennent, sur une route fermée à la circulation, deux hommes déchargeant des motos d'une remorque.
À ce moment-là, aucune infraction ne peut être relevée. Pas de flagrant délit. Mais pas question non plus de lâcher l'affaire. Les deux individus sont d'ailleurs entendus dans le cadre d'u procès-verbal dit de renseignement judiciaire. Et 12 jours plus tard, la situation va sérieusement se compliquer pour l'un d'entre eux.
Place aux cyber-investigations
À son arrivée à la tête de l'EDSR 82 en septembre 2020, le commandant Ludovic Fornari a l'idée de mettre en place une cellule de "cyber-veille". Elle n'est pas active 7 jours sur 7, mais trois, voire six gendarmes de l'unité peuvent y travailler dans le cadre d'une thématique particulière comme la lutte contre les rodéos urbains.
Le contrôle mené le 12 août leur ayant mis la puce à l'oreille, les "cyber-enquêteurs" de l'escadron de gendarmerie se mettent au travail. Eux, leur terrain d'enquête c'est internet.
Réseaux sociaux. Forums spécialisés. Plateformes de jeu vidéo en réseau... Les militaires de la cellule de "cyber-veille" cherchent à cerner un suspect dans son environnement numérique.
Ludovic Fornari, commandant de l'EDSR 82
Pour arriver à leurs fins, les gendarmes peuvent être amenés à créer des comptes sur des sites. Mais attention, "c'est très réglementé". Les identifiants utilisés, tout est enregistré par la cellule de renseignement du groupement départemental de gendarmerie, et remonte même au niveau national, raconte le commandant d'escadron. La légalité des choses est également vérifiée par un magistrat dès l'ouverture de l'enquête préliminaire.
Messages, vidéos... Les gendarmes de la cellule d'investigation passent tout au crible.
Rien n'est totalement anonyme sur internet. Et dans certaines gendarmeries, il y a des spécialistes qui aident à l'horodatage, l'analyse des vidéos pour savoir où et quand elles ont été prises.
Ludovic Fornari, commandant de l'EDSR 82
Et c'est ainsi que l'un des deux hommes contrôlés le 12 août à Montbartier, a été pris au piège. Les gendarmes découvrent sa présence sur certaines vidéos de rodéo et autres "runs" sauvages, réalisées à l’été 2022, sur les communes de Canals, Grisolles et Saint-Porquier.
Garde à vue, plaider coupable
L'enquête a permis d'établir plusieurs infractions. Voici celles retenues : "participation en réunion à des rodéos motorisés, promotion de rodéos motorisés, circulation avec un cycle à moteur non soumis à réception, conduite d’une motocyclette sans casque homologué."
Le jeune homme de 21 ans identifié par la cellule de "cyber-veille" est placé en garde à vue, le 24 août 2022. Il est convoqué en novembre 2022, au tribunal judiciaire de Montauban, suite à sa reconnaissance préalable de culpabilité.
Plus d'investigations sur internet ?
Selon Ludovic Fornari, ces enquêtes menées sur la toile ont un réel avantage. "Elles permettent de découvrir des infractions a posteriori ou qui n'ont pas été signalées." Outre ces récentes investigations concernant les rodéos urbains, le commandant de l'escadron départemental de sécurité routière du Tarn-et-Garonne se rappelle avoir eu recours à la cellule de "cyber-veille" lors du confinement lié au Covid, "période de défouloir", pour des recherches d'excès de grande vitesse par exemple.
Cette technique d'investigation devrait faire des émules. "La cellule de cyber-veille devrait être généralisée dans tout l'ex Midi-Pyrénées", nous confie fièrement le commandant de gendarmerie.