Tradition ancestrale oubliée, la "rogation" a fait son retour à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne. À bord d'un avion, le père Pierre Hoan, lui-même ancien riziculteur en Asie, a béni les églises et les champs de sa paroisse. Un événement attendu par les agriculteurs et badauds locaux.
Il est descendu du ciel pour bénir les récoltes. À Moissac, dans le Tarn-et-Garonne, c'est un avion tout particulier qui a survolé les champs et les églises de la commune, ce samedi 21 mai. Assis à l'arrière d'un Piper Cub, et à 300 mètres de haut, le père Pierre Hoan, curé de la paroisse de Moissac a récité des prières et aspergé d'eau bénite les champs des communes de la paroisse. Une tradition vieille de plusieurs siècles, aujourd'hui ressuscitée, censée protéger les récoltes. Au total, seize églises et les champs alentour ont été bénis.
300 mètres de haut et 16 clochers bénis
"C'est une famille d'agriculteurs qui est venue me voir et m'a dit "mon père j'ai besoin que vous veniez chez moi bénir le sang de notre famille" éclaire l'homme de foi, lui-même riziculteur au Vietnam, avant d'arriver en France. J'ai trouvé que c'était un beau projet et je lui ai proposé de rassembler ses voisins et ses voisines pour faire une petite cérémonie chez lui".
"Ça n'est pas un spectacle"
Et finalement, c'est à bord d'un avion, piloté par Léo Carroussi, pilote et agriculteur, qui la cérémonie a lieu. Une grande première.
"C'est un bel acte de foi parce qu'on retrouve ce que nous faisions il y a soixante ans, estime Annie Laflorentine, une agricultrice à la retraite, en attendant le passage de l'avion au-dessus d'elle, à Saint-Avit. On préparait, on mettait les fleurs, on faisait la croix et le prêtre venait à pied. Aujourd'hui, il vient avec l'avion, mais pour ça n'est pas un spectacle, c'est un acte de foi, et c'est l'église qui va vers l'agriculteur et le monde paysan qui souffre et qui a besoin des prières et de l'église".
"Une tradition ancestrale devenue "rareté"
Les premières rogations - prières et supplications - remontent au Ve siècle en France, et prenaient la forme de processions principalement destinées aux bonnes récoltes, rappelle le diocèse de Montauban dans un communiqué. "De nos jours, les paroisses où elles sont célébrées sont devenues une rareté", précise le texte.