TEMOIGNAGE. Elhana, morte d'une infection respiratoire à Montauban : "c'est une histoire folle mais notre fille n'est plus là"

La petite Elhana est décédée aux urgences de Montauban le 21 décembre 2022 d'une infection sévère au streptocoque A. Les parents mettent en cause les différents soignants qui ont examiné leur fille et ne lui ont pas prescrit d'antibiotiques. Abattus, ils témoignent de leur impuissance à sauver leur enfant de 6 ans.

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La jeune Elhana est morte aux urgences de Montauban le 21 décembre 2022 d'un syndrome infectieux sévère évolué. A l'origine, une bactérie. Le streptocoque A, responsable de la scarlatine et des angines. Les parents originaires de Villebrumier (82) mettent en cause les différents médecins et soignants qui ont examiné leur fille et ne lui ont pas prescrit d'antibiotiques. Après un dépôt de plainte le 5 janvier 2023, le parquet de Montauban s'est saisi de l'affaire et a nommé un juge d'instruction. 

La vie bascule

La vie de ce couple bascule le 21 décembre 2022. Charline Montagnac et Kevin Robert ont assisté impuissants au décès de leur enfant aux urgences de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne.

Cinq jours avant sa mort, Elhana se plaint de fièvre, de toux et son état empire rapidement. Les douleurs à la poitrine s'intensifient.

Peu avant les vacances de Noël, plusieurs cas de scarlatine ont été diagnostiqués dans la classe d'Elhana. Inquiets, les parents consultent plusieurs médecins, appellent le Samu de Montauban, le médecin généraliste et se rendent même aux urgences pédiatriques de Purpan à Toulouse. Ils ne seront pas entendus.

Leur petite fille âgée de 6 ans a été emportée par un syndrome infectieux sévère. En cause, le streptocoque A, une bactérie responsable de la scarlatine.

Que ressentez-vous aujourd'hui ?

Il n’y a pas de mot pour qualifier la perte d’un enfant, le manque, tout... Charline, la maman prend la parole. Ça ne devait pas arriver, on ne devait pas nous arracher notre fille, pas dans ces conditions-là.

Nous sommes brisés, mais nous ressentons aussi une impuissance totale à ne pas avoir été écoutés pour pouvoir sauver notre enfant. Et de l’injustice, énormément d’injustice, nous confie Kévin la voix basse.

Diriez-vous qu'il y ait eu un désintérêt des soignants à votre égard ?

Charline : On n’a jamais été pris au sérieux. Elhana souffrait, elle hurlait de douleur. On lui a donné du Doliprane®. On connait notre enfant, on sait que ce n’était pas du cinéma.

Kévin : On n’est pas médecin, mais quand on refait le cheminement, on se rend compte qu’on n’a pas été écoutés. À chaque médecin qu'on a vu (5 minimum, voire 6) on leur a fait confiance.

Y a t-il eu un certain mépris pour Elhana ?

Charline nous explique la scène aux urgences de Montauban. Un soignant est entré brutalement dans la chambre, son téléphone à l’oreille, pour amener Elhana passer une radio. La petite s’était assoupie, elle a été surprise dans un demi sommeil et elle a commencé à hurler à cette personne "ne me touchez pas, j’ai mal". Le soignant a réagi en lui disant d’arrêter son cinéma.

À ce moment-là, ce n’est pas possible de parler de cinéma à un enfant qui n’en peut plus de douleur.

Charline, la maman

Les examens médicaux ont-ils été suffisants ?

Kévin et Charline nous rappellent que 6 à 8 cas de scarlatine ont été détectés à l’école d’Elhana avant les vacances de Noël. Lors du premier rendez-vous chez le médecin généraliste, la petite fille a été testée et le résultat s’est révélé négatif à la scarlatine.

Malgré les alertes des parents auprès de chaque nouveau médecin, à aucun moment, un nouveau test a été pratiqué, alors que ce genre de test peut être un faux négatif, comme pour le Covid.

Si on l’avait su, on aurait imposé à chaque médecin de faire un nouveau test de scarlatine à Elhana.

Charline Montagnac - Maman d'Elhana

Charline : À l’hôpital Purpan de Toulouse, une radio ne décèle pas de fracture des côtes, pour justifier l’intense douleur et la toux sèche d’Elhana. Les médecins penchent alors pour des douleurs intercostales. Un antidouleur puissant (Tramadol®), censé la calmer et même la faire dormir est prescrit mais au bout de deux prises, cela n’a aucun effet sur sa souffrance. Avec du recul, on réalise qu’à part les deux radiographies dans les hôpitaux de Purpan et Montauban, et qui n’ont rien démontré, il n’y a eu ni prise de sang, ni analyse d’urine. Après un passage à la pharmacie, on nous a demandé de rentrer à la maison.

Les examens ont été superficiels. Nez, gorge, oreilles et c’est tout.

Charline Montagnac - Maman d'Elhana

Le 20 décembre, dernier soir avant son décès, Elhana est au plus mal.

Kévin : Notre fille est en détresse respiratoire et agonise. On a dû se battre 18 minutes au téléphone (avec la régulation) du Samu 82 pour réclamer l’intervention du Samu ou des pompiers. Ils nous demandaient de nous rendre aux urgences où l’attente était de 8 heures. Ce n’est pas normal. On s’était déjà rendu 2 fois aux urgences les jours précédents.

Quel est votre sentiment ?

Charline : Aucun médecin n’a trouvé judicieux d’administrer sur place des antibiotiques et de garder notre fille en observation. On a eu des prescriptions d’antidouleur à aller chercher nous-mêmes et on nous renvoyait à la maison. Avant le Covid cela ne serait pas arrivé, on aurait mis Elhana sous antibiotiques par sécurité, dès le premier rendez-vous chez le généraliste, mais là avec les pénuries…

Kévin : Les médecins nous ont annoncé que notre fille était décédée des suites de cette infection et que son cœur avait lâché. Depuis, les médecins ne se sont pas prononcés sur d’éventuels manquements mais font leur enquête. Montauban nous a parlé sans se prononcer, mais il n’y a pas eu un mot de Purpan.

Un sentiment d'impuissance, d'injustice, de colère. Notre colère nous allons nous en servir pour nous battre, pour Elhana et sa petite sœur. Nous avons besoin que cela n’arrive pas à d’autres enfants.

"Pour l'instant on survit" 

On est là pour notre second enfant de 17 mois, qui cherche sa grande sœur. On doit mettre notre peine de côté pour l’aider.

Kévin Robert et Charline Montagnac - Parents d'Elhana

Se battre pour la mémoire de leur fille aînée

Maintenant on demande justice pour Elhana. On mène le combat pour elle, car elle s’est battue, c’était une guerrière, une enfant exceptionnelle. On ne lâchera pas

C'est une histoire folle, mais notre fille n'est plus là, glisse Charline en cette fin d'entretien.

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