Depuis le début de l'année 2024, un Montalbanais atteint de bipolarité s'est lancé sur Tiktok pour raconter sa maladie et contredire les stéréotypes. Il accumule des dizaines de milliers de vues et surtout, cette nouvelle activité l'aide à se soigner. Il espère aussi aider des malades à se faire diagnostiquer. Témoignage.
Difficile de mettre des mots ou une phrase pour les personnes atteintes de bipolarité. "Rivermoonster" de son pseudo, a lui lancé une chaîne Tiktok pour s'ouvrir et livrer son témoignage sur cette maladie génétique qui le ronge. Un moyen de ne plus se cacher et de, pourquoi pas, inciter d'autres personnes à en parler voire à se faire soigner.
Ma compagne a cherché sur Internet les symptômes de la bipolarité. Je cochais toutes les cases, c'était une évidence.
Rivermoonsterà France 3 Occitanie
"J'ai été diagnostiqué il y a un mois et demi" introduit ce Montalbanais de 34 ans, père d'un enfant. Un bilan effectué après des fêtes de Noël mouvementées. "Je me prenais pour un grand écrivain, j'avais des milliards d'idées à la seconde. Je passais mon temps à écrire, je ne mangeais et je ne dormais presque pas."
Longtemps, il pense que ce type de phases fait partie de sa personnalité, faisant de lui quelqu'un de fantasque. Mais sa compagne s'interroge, se rend compte que "ce n'est pas normal" et se met à fouiller sur Internet. "Elle a cherché sur Internet les symptômes de la bipolarité : je cochais toutes les cases, c'était une évidence."
Paradoxalement, cette découverte ne le plombe pas. Au contraire. "C'est un soulagement de se dire : enfin je sais ce que j'ai, je sais pourquoi j'agis comme ça. C'est un soulagement pour ma compagne aussi" analyse-t-il.
Il peut enfin s'expliquer certains souvenirs marquants, comme cet épuisement après une mission d'animateur auprès de personnes handicapées. "J'avais des tocs de vérifications, des peurs d'oublier. Je sais aujourd'hui que j'étais en phase maniaque, comme si j'avais besoin de choses pour tenir."
Longue période d'addiction aux drogues
Un état d’esprit apaisé après une jeunesse chaotique durant laquelle il "fume du cannabis dès 13 ans" et "il fait énormément d'erreurs". Une vie tachée d'addictions, dangereuses car "elles accentuent les phases", et qui plombe ses relations sociales pendant plusieurs années. "Je m'attachais vite, j'essayais de draguer beaucoup. Mais j'avais des réactions vives, étranges. À l'adolescence, j'étais très dépressif" énumère-t-il.
Des pensées troubles, qui se transforment en "phases maniaques" après la rencontre avec sa compagne. "J'avais d'autres addictions comme le poker. Dès que j'avais un moment pour moi, je m'occupais beaucoup de notre fils mais je faisais aussi n'importe quoi, encore plus de bêtises" développe-t-il.
Aujourd'hui, il sait que "la stabilité et le bonheur pérenne" sont avec son fils et sa compagne. "Au bout d'un moment, les plaisirs intenses, ça me rattrapera et le risque, c'est le suicide en phase dépressive."
La chaîne Tiktok comme une bouffée d'air frais
Pour "s'amuser et voir les réactions", il partage son quotidien et ses pensées sur sa chaîne TikTok, sans vraie préparation. Le succès est viral avec des dizaines de milliers de vues, mais pas seulement. "Je me suis rendu compte que ça m'aide énormément parce que je m'engage à me soigner devant d'autres personnes" reconnaît-il, au lendemain d'une vidéo où il a brûlé tout ce qui lui restait d'une molécule de cannabis pour "arrêter, repasser au CBD, puis réduire progressivement la consommation".
Il a l'impression de jouer un vrai rôle auprès de ses suiveurs. "Je me sens utile car je reçois beaucoup de témoignages. Toute ma vie, j'ai eu l'impression de ne servir à rien. Là, j'aide les autres."
Ce père de famille espère même "changer le regard de la société sur la bipolarité" notamment lorsqu'il entend souvent que "les maladies mentales ne sont pas si graves que cela". Il veut aussi "encourager les diagnostics pour ne plus avoir de honte", et "qu'un maximum de gens en parlent".