Durant la crise du coronavirus, l'hôpital de Montauban a reçu de nombreux dons de particuliers, de commerces et d'entreprises. Afin de les partager, la direction a décidé d'organiser une tombola. "Indécent ! " pour une partie du personnel.
Trois séjours d'une semaine dans une villa pour 8 personnes en vallée de Louron (Hautes-Pyrénées). Des séances d'ostéopathie ou de sophrologie. Des bons d'achats de 10 et 20 euros dans une bijouterie fantaisie. Afin de gagner l'un des 150 lots de cette liste, les 1 600 agents du Centre hospitalier de Montauban (Tarn-et-Garonne) ont jusqu'au 8 juin pour s'inscrire à une tombola.
Mais chez une partie du personnel, l'organisation de ce jeu-concours par la direction de l'établissement ne passe pas. Comme le révèle le quotidien l'Humanité, ces cadeaux sont des dons effectués par des particuliers, des commerces et des entreprises afin de les remercier pour leur travail durant la crise du coronavirus.
Un "jeu post Covid"
"C'est gênant ! Pas les dons qui sont une reconnaissance de notre travail mais comment peut-on organiser une tombola par rapport à une maladie ? Le Covid ce n'est pas un jeu !" s'indigne Christel Quris de la CGT.
Même si le département du Tarn-et-Garonne a été plutôt préservé par l'épidémie de coronavirus, l'aide-soignante est très marquée par la crise de ces dernières semaines : "Cela a été complètement traumatisant. Il y a eu des morts. Nous avons du sacrifier des services. Cela a bouleversé nos vies de familles. Il y a eu beaucoup de souffrances. On peut comprendre que ce soit une situation compliquée à gérer pour la direction et qu'il faille répartir ces dons. Mais comment peuvent-ils parler de "jeu post Covid" comme si tout était déjà terminé ? Comment n'ont-ils pas pu se rendre compte de ce que cela représentait ?"
200 personnes inscrites
Mis devant le fait accompli, les syndicats ont proposé d'autres alternatives : un tirage au sort, la réaffectation des dons aux étudiants en "promo pro" ne bénéficiant pas de la prime Covid. Sans succès.
Les participants doivent s'inscrire et remplir une condition : avoir été présents à l'hôpital 30 jours durant les mois de mars et d'avril. Dès le 1er jour du jeu, 200 personnes s'étaient déjà enregistrées. Une situation que s'explique Christel Quris :"Nous avons beaucoup de CDD, sous payés et en situation de précarité au CH de Montauban. Un brancardier peine ici à faire 1000 euros nets par mois, en début de carrière. C'est normal qu'il ne refuse pas une semaine de vacances gratuite."
Absence de dimension humaine ?
La syndicaliste se veut beaucoup moins conciliante avec sa direction :"Cette histoire c'est le reflet de deux réalités qui s'opposent : d'un côté les gens de terrains, de l'autre les bureaucrates. Cette tombola est sûrement une maladresse mais elle exprime le fait qu'ils ne prennent pas en compte la dimension humaine. Ils n'ont pas les bases. C'est la différence entre nous."
Des reproches entendus de nombreuses fois, ces derniers mois, durant la mobilisation pour la sauvegarde des hôpitaux publics, et mis de côté durant l'épidémie de coronavirus. Contactée, la direction du Centre hospitalier de Montauban n'a pas souhaité réagir à cette polémique.