Accueil de réfugiés : deux maires que tout oppose alimentent la polémique par courrier interposé

L’installation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) à Réalmont, dans le Tarn, a été abandonnée. Pourtant, la question de l'accueil de réfugiés dans le département continue à provoquer un débat houleux auprès des élus, à base d'échanges de courriers incisifs.

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Il l’a dit et redit, le maire de Lavaur Bernard Carayon est contre l’installation de demandeurs d’asile dans le Tarn. Début juin, il adresse une lettre ouverte en appelant les autres maires tarnais à refuser l’arrivée de réfugiés dans le département, après l'abandon, sous la pression de l'extrême-droite, du projet d'un centre d'accueil pour demandeurs d’asile (CADA) à Réalmont. 

" L'État transfère, avec hypocrisie, sa responsabilité sur nous. Il nous place désormais en première ligne d'une politique dont on mesure, hélas, chaque jour, les avatars ", écrit le maire LR de Lavaur.

Dénonciation d'un "Etat hypocrite" d'un côté ...

Le projet du gouvernement prévoyait initialement qu’une cinquantaine de demandeurs d’asiles soient accueillis dans des logements de Réalmont et des villages environnants, le temps nécessaire à l’examen de leurs dossiers. Avec la montée des tensions, le préfet a finalement décidé que les réfugiés seraient répartis dans tous le département, appelant " les maires volontaires à se faire connaître dans un esprit républicain ".

Cet appel ne passe pas pour le maire de Lavaur, qui écrit dans sa lettre : " […] plus nous serons nombreux à opposer un veto à ce transfert de la responsabilité de l’État, plus nous serons forts. "

Les maires vont endosser la responsabilité d’une politique d’immigration jugée désastreuse par les Français. Non seulement ils vont avoir l’opinion publique de leur ville contre eux, mais d’autre part ils vont subir les conséquences d’une immigration dont ils n’ont pas choisi les formes.

Bernard Carayon, maire (LR) de Lavaur

... « Haut-le-cœur » républicain de l'autre

En lisant cette lettre, le maire de Saliès, à une quinzaine de kilomètres de Réalmont, s’étrangle. Il répond au maire de Lavaur en écrivant à son tour une missive destinée à ses homologues du département.

" À la lecture de ce courrier, j’ai d’abord eu un haut-le-cœur. Comment dans notre pays, avec notre histoire, de tels propos peuvent-ils être tenus de la part d’un responsable politique, d’un maire ? ", s’étonne Jean-François Rochedreux.

On mélange tout ! L’accueil prévu à Réalmont concerne des demandeurs d’asile. Ce sont des gens qui sont persécutés et qui fuient leur pays. Nous avons signé la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui protège les gens persécutés, et les conventions internationales. Donc la France, dans le respect de la République de la constitution, doit accueillir ces gens.

Jean-François Rochedreux, maire (sans étiquette) de Saliès

Sollicitée, la préfecture du Tarn rappelle, quant à elle, que l’accueil des réfugiés se fera sur la base du volontariat des maires, et ne souhaite pas alimenter cette nouvelle polémique.

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