Parti pacifiquement du Tarn à l'automne, la mobilisation des agriculteurs se manifestent sur une bonne partie des routes de l'ex Midi-Pyrénées. Petit récapitulatif des premières mesures qu'ils réclament en Occitanie.

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Épuisés par toujours plus de normes, des rémunérations faibles, des charges en hausse et un manque de reconnaissance, les agriculteurs se mobilisent et veulent une nouvelle fois alerter sur leur mal-être.

En Occitanie, c'est du Tarn qu'est partie la "révolte" des agriculteurs. D'abord par le retournement des panneaux signalétiques indiquant les communes, avec un slogan " On marche sur la tête" repris depuis de Narbonne jusqu'à la frontière belge.

Après un rassemblement de tous les agriculteurs de la région à Toulouse le mardi 16 janvier 2024, le ton s'est durci ces derniers jours. Le blocage de l'autoroute A64 à Carbonne à 45 km de Toulouse se poursuit et semble s'étendre à de nombreux axes de l'ex région Midi-Pyrénées, et même au reste de l'Occitanie. 

Lire aussi : EN IMAGES. Manifestation des agriculteurs : une cinquantaine de tracteurs bloquent le péage sud de Perpignan

La mobilisation des agriculteurs se manifeste aussi par des rassemblements devant des administrations ou sur des ronds-points rappelant la fronde des "gilets jaunes". 

"Ces mouvements ont tous les mêmes ferments : l'incompréhension grandissante entre la réalité de la pratique du métier d'agriculteur sur le terrain et les décisions administratives centralisées, qu'elles soient à Bruxelles ou dans les capitales européennes, qui créent une incompréhension majeure et finalement une sorte de révolte", a expliqué le président du puissant syndicat FNSEA, Arnaud Rousseau mi-janvier.

  • La venue de Gabriel Attal en Occitanie

La venue de Gabriel Attal en Occitanie, comme le réclament les agriculteurs tarnais et ceux présents sur l'A 64 à Carbonne au sud de Toulouse en Haute-Garonne, depuis le 18 janvier 2024 est LA condition à toute levée de blocage sur les routes. À condition que le Premier ministre prenne des mesures concrètes et rapides. Aucune annonce à ce stade. 

  • Vivre de leur travail

Ce n'est pas un hasard si la grogne a pris sa source dans la 2e région agricole de France (NDRL: en superficie). Les agriculteurs y touchent les revenus les plus bas du pays comme l'affirme Christophe Rieunau, vice-président de la chambre d'agriculture du Tarn, dans une vidéo sur son compte Tiktok : 

@christopherieunau #blocage #manifestation #tarn #agriculture #paysan #colère #occitanie ♬ son original - Christophe Rieunau

" En région Occitanie, où les revenus agricoles sont les plus faibles de France, on a l'impression d'être méprisé dans la sous-France !  Notre ressenti c'est de la souffrance, décrit le jeune agriculteur. Le niveau social n'y est pas pour des gens qui travaillent une soixantaine d'heures par semaine pour souvent une misère et ne plus pouvoir à la fois porter les capitaux de nos exploitations qui deviennent de plus en plus importants pour tout simplement pouvoir vivre. Et en même temps, pouvoir nous payer décemment, élever nos enfants, avoir une vie de famille et les loisirs que tout un chacun réclame." 

  • La taxe sur le GNR, les aides pour la MHE

Parmi ces mesures, il en est deux qui figurent en haut de la liste : limiter la hausse du gazole non-routier, le GNR, qui ne fait plus l'objet d'une exonération fiscale depuis le 1er janvier 2024 et pèse lourd sur le quotidien des agriculteurs. "On ne peut pas prévoir des hausses de gasoil dans la situation économique catastrophique dans laquelle nous sommes", insiste Christophe Rieunau. 

" 30% des trésoreries dans le Tarn sont dans le rouge, les gars ne tiendront pas. Le ressenti des agriculteurs face à ces manifs c'est de l'espoir, c'est la volonté de dire : regardez nous, et venez nous aider ! "

Christophe Rieunau, vice-président de la chambre d'agriculture du Tarn

L'amélioration des revenus des agriculteurs passe aussi par une diminution de certaines charges. Déjà touchés par la grippe aviaire, cette fois les éleveurs bovins doivent faire face aux frais de vétérinaire liés à la maladie hémorragique épizootique. Ils demandent à l'Etat une partie de leur prise en charge. 

  • Moins de normes

Les syndicats agricoles dénoncent la lenteur du gouvernement à mettre en œuvre la "simplification" administrative promise. Moins de normes, c'est aussi ce que réclament les agriculteurs tarnais, " pour pouvoir continuer à produire sur du long terme". "Les agriculteurs qui nous appellent ne savent même plus ce qu'ils ont le droit de faire ou non" et ne se sentent " pas accompagnés comme il faut face aux défis climatiques, géopolitiques et sanitaires", a déclaré à l'AFP Véronique Le Floc'h, présidente de la Coordination rurale, 2e syndicat agricole.
Donnant l'exemple des haies, Arnaud Rousseau a expliqué à l'AFP: "Pourquoi les agriculteurs n'en font pas ? Parce qu'il y a 14 textes réglementaires", alors même que chacun reconnaît les vertus de la haie contre l'érosion, pour la biodiversité, etc. Ces contraintes, auxquelles s'ajoutent des indemnisations jugées "trop tardives" pour des filières en crise (viticulture, élevage), ruinent "l'attractivité" dont le secteur a besoin pour renouveler ses chefs d'exploitation vieillissants.

  • L'accès à l'eau 

"Dans le sud, nous sommes les premiers concernés sur le changement climatique. Il faut nous donner  les moyens de produire sur le temps long en fonction des différentes périodes de sécheresse assez importantes", pointe aussi Christophe Rieunau. Plusieurs agriculteurs souhaitent avoir la possibilité d'effectuer des retenues d'eau pour pouvoir irriguer leur terre.

  • Une loi d'orientation agricole ambitieuse

Christophe Rieunau évoque la loi d'orientation agricole promise depuis plus d'un an par Emmanuel Macron : " On a besoin d'une loi qui doit être extrêmement ambitieuse, pour pouvoir continuer à nourrir les Français. Et donner aux jeunes suffisamment de visibilité pour pouvoir s'engager sur 20-30 ans.

Si un blocage de l'A 68 est annoncé ce mardi 23 janvier, les agriculteurs mèneront également une action à Albi au départ du Séquestre. 

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