Le musée Toulouse-Lautrec est un monument phare de la ville d'Albi. Mais il traverse une crise financière, et la municipalité veut récupérer la gestion de l'établissement. Une décision contestée par l'opposition municipale.
La ville d'Albi est connue pour sa cité épiscopale classée à l'Unesco et notamment sa cathédrale en briques, la plus grande au monde. A quelques mètres de l'édifice, classé au patrimoine de l'Unesco, se trouve un autre site emblématique : le musée Toulouse-Lautrec.
Un musée centenaire et unique au monde
Crée en 1922, l'établissement va fêter son centenaire. Il héberge, suite à un don de la famille du peintre, la plus importante collection au monde de Toulouse Lautrec : plus de 1000 œuvres, tableaux, lithographies, dessins et affiches.
Pendant des années, la fréquentation est au rendez-vous. Le musée albigeois figure parmi les plus visités de France. En 2019, plus de 176 000 amateurs et curieux ont fréquenté le lieu, niché au sein du Palais de la Berbie.
Mais la crise sanitaire est passée par là. En un an, le musée perd 100 000 visiteurs et enregistre uniquement 72 782 tickets d'entrée. En 2021, la situation se redresse légèrement (85 411 visites). Cependant, la pente reste glissante et tire vers le bas les recettes du musée.
Plus de 800 000 euros de pertes
En 2020, les ventes de billets et à la boutique permettent au musée d'encaisser 730 000 euros. La perte, par rapport à l'exercice comptable de 2019, se chiffre à plus de 800 000 euros.
La ville d'Albi a débloqué une enveloppe de 150 000 euros mais cela ne suffit pas pour renflouer les caisses. C'est dans ce contexte difficile que la mairie a décidé de "municipaliser" le musée.
Une "municipalisation" du musée
Depuis sa création, en 1922, le musée dispose d'un statut d'établissement public. Le maire d'Albi préside le conseil d'administration et participe à la gestion de la structure en finançant, notamment, une partie des frais de personnel.
La municipalité a également recruté la conservatrice. Mais, par une délibération soumise au vote ce 21 mars, lors d'un conseil municipal, la mairie d'Albi veut aller plus loin.
Contactée par France 3 Occitanie, la municipalité albigeoise ne donne pas de détails sur le contenu juridique et financier du projet. Mais la forme la plus évidente semble être celle d'une régie, c'est-à-dire d'une gestion directe. Le musée Toulouse-Lautrec devrait donc devenir un "service communal".
L'opposition refuse de voter le projet
Une partie de l'opposition soutient la "municipalisation" du musée. Le représentant du Rassemblement National, Frédéric Cabrolier, déclare : "cela ne me choque pas du tout que le contribuable reprenne" le musée.
C'est la même chose que pour le circuit automobile"
Frédéric Cabrolier (RN)
Frédéric Cabrolier ne sera pas présent lors du vote en conseil municipal. Mais il affirme que s'il pouvait se déplacer il mêlerait sa voix, sans réserve, à celle de la majorité municipale.
Ce n'est absolument pas le cas de l'opposition de gauche, et de son leader, Pascal Pragène (EELV). "On est très circonspect et surtout on demande un report du vote et on ne participera pas. Nous avons demandé des documents, notamment l'étude et les scénarios permettant de se prononcer en toute connaissance de cause. Nous n'avons rien reçu" déclare l'élu écologiste.
Pour la gauche municipale, il existe un vrai manque de transparence qui porte atteinte au droit à l'information des élus. Un droit prévu par le Code Général des Collectivités Locales.
Nous allons demander au préfet d'annuler la délibération
Pascal Pragnère (EELV)
Depuis les lois de Décentralisation de 1982, les préfets n'exercent plus de droit de tutelle sur les mairies, comme sur les départements et Régions d'ailleurs. Dans le cadre du contrôle de légalité, le représentant de l'Etat peut, "uniquement", dans un premier temps, adresser une lettre dite d'observation à la maire d'Albi, avant d'éventuellement saisir le tribunal administratif de Toulouse.
Une chose est certaine. L'opposition de gauche entend bien interpeller le nouveau préfet du Tarn. De son côté, la maire d'Albi, Stéphanie Guiraud-Chaumeil, s'exprimera prochainement dans les médias.