La préfecture du Tarn va recevoir les constructeurs impliqués dans la gestion du territoire de Sivens. Les enjeux portent sur la gestion de l’eau dans le département. Le dossier reste sensible, près de dix ans après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse.
L’été 2022 a enregistré des records de sécheresse en Occitanie. Plusieurs cours d'eau se sont retrouvés à sec dans la région. L’ex Midi-Pyrénées ne fait pas exception. Dans l’Aveyron, les Hautes-Pyrénées ou encore la Haute-Garonne, fleuves et rivières se sont taris, menaçant l’approvisionnement en eau potable de millions de foyers.
Même situation dans le Tarn. À plusieurs reprises durant l’année écoulée, la préfecture a imposé des restrictions sur l’usage et les prélèvements de l'eau. étaient concernés “le Tarn, l’Agout, le Dadou, le Rance, le Sor, le Viaur, et leurs affluents”, indique la préfecture tarnaise dans un arrêté en date du 28 novembre dernier.
C’est dans ce contexte de sécheresse inédite que les autorités du département ont décidé de se réunir autour de l’épineux dossier de gestion de l’eau dans le Tarn. Lundi 30 janvier, le préfet va donc échanger avec des constructeurs à Albi. Jointe ce dimanche, la préfecture assure que le préfet François-Xavier Lauch “communiquera sur cette réunion à l’issue de celle-ci”.
“Il va falloir accélérer”
“J’ai été assez silencieux jusqu’à présent parce que j’ai beaucoup écouté les acteurs, les "pour" comme les "contre"”, a notamment expliqué François-Xavier Lauch, lors d’un point presse cette semaine. S’exprimant précisément sur Sivens, le haut-fonctionnaire a reconnu toute la complexité du dossier.
“Je suis très conscient de l’historique de ce dossier, de sa longueur. Je pense qu’il y a quand même un moment où il va falloir accélérer et concrétiser des solutions pour ce territoire”, a également reconnu le préfet dans des propos rapportés par nos confrères de La Dépêche.
Dans le Tarn, les exploitations agricoles déplorent régulièrement le manque d’eau pour assurer la bonne irrigation des terres et l’hydratation des cheptels. Certains craignent même de devoir renoncer à leur activité, faute de ressources suffisantes. “J’ai rencontré beaucoup d’agriculteurs. Ce ne sont pas des agriculteurs qui veulent irriguer des hectares pour faire du maïs. Ce sont plutôt des petits agriculteurs qui souhaitent avoir une utilisation très raisonnée de l’eau dans ce secteur”, a aussi précisé François-Xavier Lauch.
Un projet abandonné après la mort de Rémi Fraisse
Depuis près de dix ans, le tentaculaire dossier du barrage autour de Sivens près de Gaillac est source de tensions dans le Tarn. L’annonce de l’implantation d’un vaste réservoir contenant jusqu’à 1,5 million de m3 d'eau stockée avait défrayé la chronique. Ce barrage devait notamment permettre de soutenir l'étiage du Tescou, un petit affluent du Tarn. Un moyen de sécuriser l'approvisionnement en eau des fermes implantées dans le département grâce à un futur barrage.
Ce projet de construction de retenue d'eau avait été largement critiqué par des militants écologistes, qui se sont installés assez rapidement à proximité du site. Le 26 octobre 2014, au cours d’une occupation, Rémi Fraisse, un botaniste de 21 ans, est visé par l'explosion d'une grenade offensive de type OF-F1, lancée par un gendarme mobile. Il est tué sur le coup.
Jeudi 25 novembre 2021, le tribunal administratif de Toulouse a reconnu “la responsabilité sans faute de l'Etat pour le décès de Rémi Fraisse dans les suites de l'intervention des forces de l'ordre”. Le jugement du tribunal enjoint l’Etat à verser 46.400 euros d’indemnisation à la famille du défunt pour préjudice moral. À la suite de ce drame, le projet de construction de barrage à Sivens a été abandonné.