Pour la direction et le corps enseignant, la reprise était indispensable, "fondamentale" et ce malgré l’épidémie du Covid-19. Fermé depuis le début du confinement, le conservatoire de musique et de danse du Tarn a mis en place un dispositif sanitaire spécifique pour accueillir ses élèves.
Bien sûr, ce n’est pas comme avant mais la vie reprend petit à petit au sein de l'institution. Les pas de danse et la musique résonnent à nouveau dans les salles du conservatoire d’Albi. Pour cette rentrée, il s'agit d'un véritable "challenge" pour la direction et le corps enseignant compte tenu de l’activité artistique, les mesures sanitaires à mettre en place ne sont pas évidentes.
Mais l’autorisation par le ministère de la culture de rouvrir l’établissement a été un véritable soulagement pour toute l’équipe, une bouffée d'oxygène. Même si les préconisations sanitaires du ministère de la culture sont arrivées tard, le 7 septembre dernier, la direction a quand même accueilli une partie des élèves ce lundi.
Le conservatoire de musique et danse du Tarn compte plus de 600 élèves répartis dans 16 lieux d’enseignement du département du Tarn. Pour le moment, les cours de danse par petits groupes et les cours de musiques individuels ont repris dans un dispositif adapté à la structure et aux pratiques artistiques.
Protocole sanitaire
Les élèves viennent au conservatoire deux à quatre fois par semaine entre 17h et 21h, avec un pic d’affluence le mercredi où plus d’une centaine d’enfants circulent simultanément dans le bâtiment.La direction a mis en place un dispositif sanitaire adapté pour accueillir son public sensibilisé au protocole, dès l’entrée du bâtiment.
Des distributeurs de gel hydroalcoolique sont placés à l’entrée de l’établissement et dans chaque salle de cours. Le port du masque est obligatoire dès 11 ans, dans les parties communes et voies de circulation du conservatoire.
Autres consignes : un sens de circulation est à respecter et les salles sont attribuées aux professeurs. Les salles de cours qui ont accueilli du public sont désinfectées tous les jours et les parents doivent rester le plus possible à l’extérieur. Par ailleurs, les vestiaires de danse ne sont plus accessibles.
La direction invite les élèves comme les parents à respecter au maximum les gestes barrières et ce protocole sanitaire.
C’est un véritable challenge pour nous mais c’est très important de reprendre un maximum de nos enseignements cette semaine.
Le casse-tête chinois
"On a retardé d’une semaine la pratique collective pour s’organiser là où cela est nécessaire. On va voir si on met des petits groupes mais cela est complexe. Le conservatoire de musique c’est 16 lieux d’enseignements répartis sur tout le département, ce sont donc 16 réalités différentes et il faut s’adapter", explique Frédéric Naël, le directeur du conservatoire du Tarn.Par exemple, l’ouverture de l’antenne de Mazamet est reportée de quelques jours car l’enseignement s’effectue dans une enceinte scolaire avec d’autres protocoles à intégrer. Il faut prendre la réalité du moment et s’adapter.
Et ce n’est pas toujours simple, la semaine prochaine les cours collectifs devraient reprendre et c’est un véritable casse-tête à organiser.
"On va essayer de limiter le nombre de personnes dans les groupes mais vous savez, une chorale c’est 40 participants, des orchestres ce sont 70 personnes par moment dans des espaces qui ne permettent pas les 4m2 par élèves, préconisés par le ministère de la culture et les instances sanitaires". Pas simple donc.
"On va s’adapter", témoigne Renaud Escriva, un professeur de clarinette, "avec les grands en cours individuels, il n’y a pas de problème, on respecte les distances et les consignes et c’était fondamental de reprendre les cours. Ce qui va être compliqué, c’est avec les tous petits et les débutants, on sera peut-être obligé de faire des demi-groupes".
Rien n’est figé, on a une organisation théorique mais dans la pratique... il faudra que l’on s’espace, trouver des solutions mais ce sera difficile d’avoir un groupe complet.
Une rentrée fondamentale
Emma est étudiante au conservatoire de musique d’Albi en quatrième année et la clarinette " est au coeur de ma vie c'est vital pour moi". Pendant le confinement même si les professeurs ont gardé le lien ce n’était pas évident pour elle de travailler à la maison et la reprise lui redonne de l'ardeur.Là on est en relation avec les autres élèves qui travaillent. On peut dialoguer avec les enseignants face à face en respectant les distances, je reprends de l’énergie de groupe, c’est motivant.
Pour le directeur du conservatoire du Tarn, Frédéric Naël, il est aujourd’hui indispensable de reprendre une vie culturelle et artistique pour le bien être commun.
La responsable de danse et d'éductaion artistique du conservatoire du Tarn, Nathalie Auboiron est ravie de retrouver ses élèves qu'elle accueille à l'extérieur. Avant de rentrer dans la salle, elle rappelle le dispositif et les gestes barrières à respecter.Montrer que cela est possible de faire de la musique ou de la danse dans cette situation qui reste préoccupante, mais il va falloir apprendre à vivre et à travailler avec.
En danse contemporaine, il y a beaucoup de contacts, on va s’adapter, on va naviguer sans se toucher ou se percuter avec les grands on mettra éventuellement des masques… continuer une vie normale c’est important et rassurant de pouvoir s’exprimer avec son corps.
Le cluster : l'épée de Damoclès
Si les équipes sont motivées, elles n’en demeurent pas moins inquiètes. La peur de cas positifs au Covid-19 est réelle, le risque de transmission du virus est possible malgré les mesures sanitaires imposées et le protocole mis en place par l’établissement. La propagation du virus et en conséquence la fermeture de classes et d'écoles ne les rassurent pas.D’un lieu à l’autre il faut s’adapter mais on va tout faire pour éviter l'interruption des cours, on redoute le cluster et une fermeture d’antenne dans le département.
Tout un dispositif qui met aussi à mal le cadre pédagogique, notamment la production de spectacles.
Ici, les élèves apprennent la musique et la danse mais ils ne le font pas que pour eux, le but de notre enseignement est de mettre en pratique ce que l’on a appris mais aujourd’hui les perspectives de créer et produire des spectacles restent floues, c’est toute un profession artistique qui est touchée, c’est difficile.
Ce lundi, jour de rentrée au conservatoire, les parents ont joué le jeu et sont donc restés à l’extérieur, une maman confiait sans crainte sa fille à l'institution :
"Les protocoles sanitaires sont satisfaisants, on a bien été informé, c’est important de continuer une vie normale dans un cadre rassurant et s’exprimer avec son corps".