Coronavirus : l'école à la maison, la double peine pour les enfants issus de quartiers défavorisés

Depuis une semaine, c'est "l'école à la maison" pour tous. La "galère" aussi pour de nombreux parents quand les enfants manquent d'autonomie, le "bagne" pour des enfants en difficulté ou en échec scolaire.

Les parents confinés prennent le relais des professeurs et découvrent avec joie, parfois avec stupeur l'enseignement à domicile.
De nombreux outils sont mis en place par les rectorats et les professeurs. Sur le net, des liens utiles pour occuper ses enfants tout en apprenant fleurissent.

Mais tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Dans les quartiers défavorisés, le confinement accentue encore plus les inégalités. Toutes les familles n'ont pas accès au numérique, la barrière de la langue ne facilite pas les choses. L'école est souvent le dernier rempart à l'isolement.

Dans le quartier de Cantepau à Albi, dans les écoles primaires de "Saint-Exupéry" et "Fieu" de nombreux enfants rencontrent des difficultés scolaires et les parents attendent toujours la mise en place de classes dédoublées. Pour eux comme pour les associations, le fait d'être confiné à la maison fragilise davantage ces enfants et accentue les inégalités sociales. Malgré le problème d'accès aux outils numérique, le corps enseignant résiste, les 13 professeurs de l'école primaire "Fieu" sont mobilisés pour assurer la continuité pédagogique.


Dans le quartier les familles se sentent isolées et tentent de garder le lien

Malika et Daniel, habitent le quartier de Cantepau à Albi, classé quartier prioritaire par l'Etat. Ils sont aussi les fondateurs de l'association Humanité Unité Diversité Albigeoise (HUDA).
Très investis pour ce quartier, ils ont malheureusement dû, avec l'épidémie du Covid 19, fermer cette association.
Leurs enfants sont scolarisés en école primaire et au collège, ils connaissent bien les familles du quartier et tentent comme ils le peuvent de garder le lien.
 

Les enfants du quartier rencontrent les mêmes problèmes que les autres enfants comme par exemple la difficulté de se connecter au site éducatif (ENT). Mais à cela se rajoute, pour eux, d'autres contraintes.
"Dans le quartier de Cantepau, la mixité sociale n'existe pas et les enfants des écoles primaires ont des parcours de vie déjà bien lourds et certains ne parlent pas le français. Souvent leurs parents ne peuvent pas les accompagner dans leurs devoirs et avec le confinement ils perdent le peu de repère qu'ils avaient".

Malika et Daniel craignent que ces enfants décrochent scolairement, "Ce n'est pas facile pour les familles. Heureusement que les enseignants des écoles primaires sont mobilisés pour assurer la continuité pédagogique. Les familles sont un peu déboussolées mais et il faut absolument garder du lien".
 
 

Garder le lien, rester solidaire

Pour Malika et Daniel, hors de question de baisser les bras. En collaborant avec les pouvoirs publics, la préfecture, l'éducation nationale, l'Agence régionale de santé et la Mairie, ils souhaitent apporter leur aide aux enfants en difficulté scolaire si le confinement devait perdurer.
Nous ne détenons pas la solution, cela doit être le fruit d'une réflexion et d'une action commune. Il faut mutualiser nos compétences et nos énergies et les mettre au service des personnes en difficulté.
Ils aimeraient mettre en place une action collective au profit des enfants en difficulté.
" Libérer une salle de la maison des quartiers, avoir accès au numérique et demander à des bénévoles et professeurs volontaires de faire cours à ces enfants par petits groupes".
  

Des bénévoles et des professeurs prêts à s'investir

Malika et Daniel souhaiteraient donner la possibilité à certains bénévoles de l'association de continuer leur action dans le quartier.
C'est le cas de Nick, il vit à Albi et donne en temps normal des cours d'anglais au sein de l'association. Pour garder le contact, il va enregistrer des petites vidéos en Anglais, il donnera le lien aux habitants du quartier pour créer dit-il : "je l'espère, un rendez-vous avec les enfants et les parents."

Nick nous confie qu'il connaît bien la problématique de ces enfants : " moi les miens sont autonomes et puis on est toujours là pour les aider, ces enfants n'ont personne pour les repêcher. Certains rencontrent d'énormes difficultés scolaires et sociales, eux, ont vraiment besoin d'interactivité !"

Ils ont mille fois plus besoin d'attention, de bienveillance, d'encouragement et on peut le comprendre quand on connaît leur parcours de vie.
Pour Nick, "il faut garder le lien, je suis prêt à faire du bénévolat et à me déplacer si le confinement se prolonge et bien évidemment si les autorités le permettent".

Des enseignants mobilisés malgré le confinement

Je regrette qu'ils ne puissent pas venir à l'école, c'est sûr...mais ce qui est important c'est de garder un lien affectif. Ils ont entre 3 et 6 ans, il ne faut pas se louper."

Les 13 enseignants de l'école primaire "Fieu" dans le quartier de Cantepau ne désarment pas.
L'établissement compte 270 élèves de la maternelle au CP. La directrice nous explique que la majorité des familles n'ont pas accès au numérique. "Alors pour assurer la continuité pédagogique nous avons mis en place des livrets et par mail nous proposons tous les jours des idées d'activités à réaliser à la maison. 99 familles se sont déplacées cette semaine pour récupérer les livrets et c'est encourageant".

J'adore cette école, cela fait 15 ans que je travaille dans ce quartier et je connais bien les familles. Le plus important c'est de rassurer les familles et les enfants, d'être bienveillant et de garder le lien!

C'est important que les enfants sachent que leur maîtresse pense à eux, alors j'envoie tous les jours par mail, des images, des photos de la classe, tout ce qui peur leur rappeler l'univers de l'école pour rester connectés les uns aux autres.

L'équipe pédagogique a la confiance de son institution, tous s'investissent au maximum. Tous les numéros de téléphone des familles ont été récupérés, "nous les appelons régulièrement, nous sommes 100% présents."



 
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