En 14 campagnes de Coupe d'Europe, Castres n'a atteint qu'une seule fois la phase finale. Mais le titre de champion de France a donné des idées au CO de Christophe Urios, qui se lance dimanche 14 octobre (14h00) à Gloucester avec de bien meilleures intentions.
"C'est vrai que cette relation avec la Coupe d'Europe, elle n'est pas idéale." L'euphémisme du manager castrais peut faire sourire quand on regarde le bilan de son club dans la compétition: une demi-finale en 2002, la seule fois où le CO s'est extirpé de la phase de poules, et une balance totale largement négative (29 victoires, 3 nuls, 50 défaites).
Lorsque Urios est revenu au club en 2015, les Tarnais, qui venaient d'échapper d'extrême justesse à la relégation, étaient engagés en Challenge européen. "Déjà que ce n'est pas facile de mobiliser les Castrais pour la Coupe d'Europe, alors le Challenge... On se servait de cette compétition pour gérer l'effectif, lancer des jeunes. Ce qui était important pour nous, c'était de redonner des couleurs au Castres Olympique", se souvient l'ancien talonneur.
Qui a plus que réussi dans cette mission: après s'être arrêté deux années de suite en barrages, Castres a déjoué les pronostics au printemps pour remporter son 5e titre de champion de France. Et pourquoi ne pas reproduire ce parcours à l'échelon continental ?
L'influence des Clermontois
"Les ambitions du club passent par le staff et par les joueurs", répond Urios. "Et c'est la première année, depuis quatre ans, que je sens un vrai engagement, qu'il n'y a pas de "oui, mais... attendons de voir le premier match", ce qu'on avait toujours les saisons précédentes. Pourquoi? Parce que l'expérience, parce que le recrutement, le titre: tout cela fait que tu as envie d'avancer."Les arrivées des Clermontois Scott Spedding et Camille Gérondeau ou du Toulousain Yann David ont étoffé un groupe qui a peu bougé à l'intersaison. "Le recrutement qu'on a fait nous permet d'avoir un groupe plus homogène. Cela nous permet de la jouer sans aucune appréhension. Cela fait un mois qu'on a mis en place un travail, des formes de jeu qui correspondent à la Coupe d'Europe. On s'est déjà projeté", affirme le technicien.
En particulier les anciens Clermontois (Loïc Jacquet, Daniel Kotze, Ludovic Radosavljevic, Gérondeau et Spedding), qui ont porté les couleurs d'un club trois fois finaliste ces dernières années (2013, 2015, 2017). "Ce sont des mecs pour qui la Coupe d'Europe, par le passé, n'était pas prioritaire mais presque", juge Urios. "Et depuis deux ans qu'ils arrivent chez nous, ils ne comprennent pas qu'on se pose la question de savoir si on doit la jouer ou ne pas la jouer."
Ces deux dernières saisons, Castres n'a pas complètement fait de la figuration en conservant son invincibilité à domicile. Ce qui lui manque pour basculer en quarts de finale, ce sont les performances hors de Pierre-Fabre.
"Il faut gagner tous les matches à domicile et essayer d'atteindre une victoire à l'extérieur", calcule le capitaine Rodrigo Capo Ortega.
"On a pris confiance"
Cela tombe bien, le CO a conquis le Top 14 en s'imposant chez des cadors. "On a pris confiance", savoure Urios. "L'année dernière, on sort à six victoires à l'extérieur. Cette année, sur les six premiers matches, on en a eu quatre à l'extérieur et non des moindres: Montpellier, Toulon, le Racing, Toulouse (2 succès, 2 revers). A Toulouse (victoire 26-22), même si on est mené 22 à 3, la façon dont on revient, dont on ne se désunit pas montre qu'on est costaud", souligne l'entraîneur.Dans une poule très relevée (Gloucester, Exeter, Munster), le premier adversaire semble le plus prenable. "L'ouverture à Gloucester va donner le tempo de notre parcours", estime Urios. Même si le tableau s'est assombri avec les blessures de plusieurs cadres: l'ouvreur Benjamin Urdapilleta, Anthony Jelonch, Spedding, David, Thomas Combezou...
Peu importe pour Capo Ortega: "Aujourd'hui, si on espère faire mieux que l'année dernière, c'est parce qu'on se sent prêts, qu'on va vers le même endroit, par le même chemin." Dimanche, le CO devra passer des paroles aux actes.
Les XV de départ
Gloucester : Woodward - Sharples, Twelvetrees, Atkinson, T. Marshall - (o) Cipriani, (m) Braley - Polledri, B. Morgan (cap.), Clarke - Grobler, Savage - Balmain, F. Marais, Hohneck
Castres : Batlle - Laveau, Ebersohn, Vialelle, T. Paris - (o) Dumora, (m) Radosavljevic - Delaporte, Tulou, Babillot (cap.) - Jacquet, Samson - Fa'anunu, Jenneker, Stroe
Remplaçants
Gloucester : H. Walker, Ruskin, Knight, Gleave, Banahan, Vellacott, O. Williams, Hudson
Castres : Sauzaret, Falatea, Hounkpatin, S. Mafi, Caballero, Y. Le Bourhis, D. Smith, Kockott
Arbitre: Marius Mitrea (ITA)