INFO FRANCE 3 et 100 % RADIO - L'Albigeois Mohamed B. et le Gaillaicois Hafid AR ont été interpellés le 20 février 2018 par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ils étaient en liens avec Driss Oukabir, un membre présumé du commando des attentats de Barcelone et Cambrils.
Le mardi 20 février 2018, le Tarn s’éveille en pleine opération anti-terroriste. Portes éventrées. Forces d’intervention cagoulées et lourdement armées. Depuis le petit matin, la direction générale de la sécurité intérieure intervient dans un immeuble proche du cœur historique d’Albi. Au même moment, à 27 kilomètres de là, dans la petite ville de Gaillac se déroule une scène identique.
La DGSI vient d’interpeller deux hommes dans le cadre de l’enquête ouverte par la justice française sur les attentats de Barcelone et Cambrils ayant fait 16 morts le 17 et le 18 août 2017, en Espagne.
Le premier se nomme Mohamed B. Ce père de famille marocain de 31 ans, apparemment sans histoires, vit dans un petit appartement albigeois avec sa compagne et ses deux filles.
Le second est loin de présenter un profil aussi lisse. Né à Ait Marghad au Maroc, Hafid AR, 33 ans, enchaîne les condamnations à Gaillac depuis le début des années 2000 : usages de stupéfiants et destruction de cinq voitures par incendie en 2004, violences aggravées en 2007, consommation et trafic de drogue trois ans plus tard.
Mis en examen pour association de malfaiteurs terroristes
Tous les deux sont suspectés de connaître un dénommé Driss Oukabir, membre présumés de l’opération meurtrière intervenue sur le territoire espagnol. Les papiers de ce Marocain ayant grandi en Catalogne, ont servi à louer la camionnette utilisée lors de l’attentat sur les Ramblas de Barcelone.Le conducteur, Younes Abouyaaqoub, fut tué le 21 août par la police. Inculpé par la justice espagnole, Driss Oukabir est le grand frère de Moussa Oukabir, 17 ans, un autre membre présumé de la cellule qui a organisé l’attentat de Barcelone et mené, dans la nuit du 17 au 18 août, une autre attaque à la voiture-bélier dans la station balnéaire de Cambrils, en Catalogne (un mort).
Hafid AR voit rapidement sa garde à vue levée "en l’absence d’éléments incriminants". Après trois jours d’audition devant les enquêteurs, Mohamed B. est lui mis en examen, à Paris, pour association de malfaiteurs terroristes.
Quelques jours son arrestation, la compagne de Mohamed B. nous avait confié ne pas comprendre ce qui lui était reproché : "Nous étions devant la télé lorsque le visage et le nom de Driss Oukabir est apparu après les attentats, nous avait-elle expliqué. Mohamed était très surpris. Il m’a dit que c’était un ami d’enfance de son village au Maroc mais qu’il ne l’avait plus vu depuis plusieurs années. En plus, Mohamed n’est absolument pas pratiquant. Il n’a rien d’un djihadiste".
Contrôlés avec Driss Oukabir en Espagne
Selon nos informations, Mohamed B. était en lien direct avec plusieurs membres présumés des attentats espagnols du 17 et du 18 août et multipliait depuis plusieurs mois les voyages de l’autre côté des Pyrénées.L'Albigeois et Hafid AR ont été ainsi contrôlés par la police espagnole en compagnie de Driss Oukabir et d’un autre résidant français durant le mois de juillet 2017, à bord d’une Audi A3 immatriculées en France, à quelques jours de l’opération sur les Ramblas, dans la ville de Ripoll, la petite ville où vivaient les auteurs des attaques d'août 2017. Un contrôle évoqué et détaillé par la presse espagnole ces dernières semaines.
Une 2ème cellule terroriste dans le Tarn ?
Mais pourquoi Mohamed B. était-il présent aux côtés de Driss Oukabir et d’autres membres du commando ? Etait-il au courant des projets d’attentats ? Pourquoi ces aller-retours à répétition entre Albi et l’Espagne ? Pour un trafic de drogue ? Pour financer les attentats d’août 2017 ? Ou Mohamed B. et Hafid AR appartenaient-ils à cette seconde cellule basée en France, évoqué par un survivant, qui devait mener un nouvel attentat sur le territoire espagnol ? Une cellule installée dans le Tarn ?Toutes ces questions restent en suspens. Mohamed B. est écroué, depuis le début d’année au centre pénitentiaire de Fresnes et ses avocats ne souhaitent pas communiquer. Libéré rapidement après sa garde à vue, Hafid AR pourrait avoir été à nouveau interpellé le 15 mai 2018 en Haute-Garonne, pour l’heure, sans aucune confirmation. Contacté au sujet des deux Tarnais, le parquet anti-terroriste de Paris n’a pas répondu à notre sollicitation.