Depuis le début du printemps, les associations de protection des animaux recueillent des dizaines de chatons par semaine, qui ne cessent de proliférer. Dans le Tarn, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne, bénévoles et vétérinaires encouragent la stérilisation de ces animaux errants, dont la multiplication engendre des risques sanitaires.
Le 28 août a été une dure journée pour Isabelle Tarbouriech. "Nous avons récupéré deux femelles, deux nouveau-nés les yeux fermés jetés dans un cimetière et nous avons attrapé 10 chatons chez un garagiste qui s'est laissé déborder. Nous devons y retourner car il y en a encore 10 sur place" raconte la présidente de l'association Le Clan des Moustaches. L'association tarnaise n'hésite pas à publier des vidéos sur les réseaux sociaux pour sensibiliser sur son action.
Pour cela, elle filme la technique du "trappage", qui consiste à placer de la nourriture dans une cage, pour appâter l'animal, avant de la refermer sur lui. Les chats sauvages sont "craintifs" mais se laissent caresser, assure l'association sur son compte Facebook, mercredi 29 août.
Le but de cette structure créé il y a 4 ans est de les stériliser, soigner les blessés et surtout "les sortir de la misère". "Dans des régions comme la Vendée, les chats sont stérilisés. Dans le Tarn ce n'est pas le cas. Il y en a beaucoup dans les fermes. Les chats y prolifèrent. Entre 30 et 40 chats chaque année. Et je ne parle pas même pas de la ville où les particuliers ne stérilisent pas leurs animaux" raconte Isabelle Tarbouriech.
Cette prolifération de chatons provoque certaines dérives, notamment en matière de dons. Il n'est pas légal de céder un chat s'il n'est pas sevré et s'il n'est pas identifié. "C'est aussi la porte ouverte aux arnaques sur Facebook" souligne la présidente du Clan des Moustaches.
Une période tendue pour les associations
Chaque année, le printemps et l'été sont des périodes intenses pour les associations de protection animale. Les chats se reproduisent et des centaines de chatons sauvages se retrouvent dans la nature. Dans le Tarn-et-Garonne, la situation est critique depuis le début du mois de juillet. Les chatons arrivaient chaque jour par dizaines au refuge du Ramier de Montauban, et les bénévoles avaient lancé un appel pour trouver des familles d'accueil pour les animaux, tant ils étaient débordés.
"Une chatte peut faire entre deux à trois portées dans l'année. Avant il y avait une pause entre le mois d'octobre et celui d'avril, précise Isabelle Tarbouriech. Mais désormais, comme il n'y a plus véritablement de saisons, des chatons peuvent naître même au mois de décembre."
Certaines règles sont à respecter lorsque l'on trouve des chatons, comme l'explique l'association Une patte vers l'avenir rappelle, dans un post Facebook : "Il ne faut pas les déplacer, surtout s'ils sont très jeunes, leur mère est rarement loin, certainement partie acheter à manger." Ils ont besoin d'elle pour être sevré, et le sevrage au biberon pour un humain "doit rester exceptionnel", souligne l'association. Un chat mal sevré aura des troubles du comportement qui "sont malheureusement une cause d'abandon de jeunes chats adultes".
Un enjeu sanitaire
Nombreux sont les vétérinaires qui prennent en charge la stérilisation des animaux récupérés par les associations. Le Clan des Moustaches a une convention de subvention avec la mairie d'Albi (Tarn) afin de permettre la stérilisation des animaux.
La Clinique vétérinaire du Vernet (Haute-Garonne) collabore avec trois associations félines, pour la prise en charge de ces chatons trouvés dans la nature. "La stérilisation est importante, pour limiter la prolifération des chats et donc la prolifération de maladies, explique l'établissement. Car les chats errants ne sont pas médicalisés, souvent sauvages et l'enjeu sanitaire est d'autant plus grand." Ces animaux peuvent transmettre le typhus, la leucose et le FIV (VIH du chat). Pendant la période la plus active, au printemps, la clinique stérilise jusqu'à 6 chats par jour.
Les vétérinaires favorisent cette prise en charge : "On prodigue les premiers soins et nous incitons les gens à adopter auprès des associations, car les animaux ont déjà leurs premiers vaccins." Une action qui permet, en plus, de libérer une place pour un nouvel animal dans un refuge.
Cohabiter avec les autres animaux
Les chats représentent un enjeu sanitaire mais aussi un enjeu pour la biodiversité. Plus les chats prolifèrent plus la prédation des oiseaux augmente.
La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), encourage les propriétaires de chats à se responsabiliser : différents outils peuvent aider à protéger les moineaux, merles et tourterelles. Des pics ou tubes en PVC installés sur les troncs d'arbre peuvent notamment les empêcher d'y grimper.