Les forages d'exploration de Danone à Murat-sur-Vèbre font monter la tension dans cette petite commune du Tarn. Le maire a porté plainte suite à des menaces le visant lui et sa famille. Daniel Vidal rappelle qu'il n'est ni à l'initiative de ce projet ni décisionnaire.
Danone sème la discorde dans les Monts de Lacaune. Le géant mondial de l'agroalimentaire mène des opérations de forage exploratoire en eau sur la commune de Murat-sur-Vèbre (Tarn). Si les résultats de ces recherches s'avèrent concluantes, le groupe industriel pourrait décider d'y prélever de l'eau afin d'alimenter à 20 kilomètres de là, l'usine de sa marque "La Salvetat", dans l'Hérault. Cette perspective provoque une levée de bouclier d'habitants. Dans une pétition mise en ligne, un collectif s'oppose à ce " que l'eau du territoire serve des intérêts industriels en étant exportée hors du bassin où elle naît" alors que le département, comme l'ensemble de la France, subit encore les conséquences de la sécheresse estivale provoquée par le réchauffement climatique. Le maire de la commune, Daniel Vidal, se retrouve pris au cœur d'une polémique. Accusé d'être à l'origine du projet de Danone, l'élu a été dans l'obligation de déposer plainte suite à des menaces le visant lui et sa famille.
France 3 Occitanie : Quel rôle et quel poids avez-vous dans ce dossier ?
Daniel Vidal, maire de Murat-sur-Vèbre : Pas énormément, car nous sommes en présence d’une propriété privée et d’une entreprise privée et une instruction qui ne nous appartient pas. Ce sont les services de l’État qui sont maîtres du jeu et qui le moment venu, lors du dépôt de la demande d’autorisation, seront susceptibles de demander l’avis des communes concernées. Je suppose qu’il n’y aura pas que la commune de Murat, puisque nous sommes à la frontière de trois communes très proches, Lacaune, Nage, Murat. La société n’avait qu’à informer de ses intentions les communes, ce qu’elle a fait, et de déposer ses demandes d’autorisations auprès des services de l’État pour réaliser ses études .
Les conclusions de l’étude devraient être connues au début du printemps prochain, d’après ce que l’on entend. Car on nous dit que nous avons des choses à cacher. Ce qui n’est absolument pas le cas. Aujourd’hui, je me suis rapproché des services de l’ARS et de l’État pour m’assurer que le moment venu, le dossier soit examiné avec la plus grande attention. À l’issue de cette étude, il y aura une double autorisation à étudier : celle d’extraire de l’eau et celle de la transporter et de la mettre en bouteille. Donc ce n’est pas une mince affaire.
(La préfecture du Tarn a d'ailleurs publié un communiqué de presse sur l'exploration menée par Danone dans les Monts de Lacaune, consultable dans ce tweet :)
France 3 Occitanie : Considérez-vous que des raccourcis ont été faits ? Est ce la commune qui a lancé ce dossier ?
Daniel Vidal, maire de Murat-sur-Vèbre : Non. Il y a eu une première réunion d’information à l’initiative de Danone à l’attention des trois maires, dont les communes sont proches du lieu de forage. Les communes ont eu la même information au même moment. Après, le dossier déposé est strictement encadré par le droit. Il faut le respecter. Il y a eu une réunion au printemps dernier à l’initiative de la Chambre d’Agriculture et de Danone, à la mairie de Murat. C’était une réunion d’information sur les études qui allaient venir. Danone ne pouvait pas donner plus d’informations à ce moment-là, car elle ne connaît pas encore la qualité et la quantité de l’eau. Initialement, c’est le BRGM qui a conseillé à Danone de s’orienter sur ce site. Ce n’est pas la commune qui a pris contact avec Danone.
France 3 Occitanie : De plus en plus de personnes s'inquiètent des conséquences de cette exploitation. Quel est votre position par rapport à ce projet ?
Daniel Vidal, maire de Murat-sur-Vèbre : À la place où je suis, c’est très délicat de prendre une position sans avoir les éléments. J’ai conscience de la problématique que cela pourrait engendrer puisque je suis moi-même agriculteur, rejoint récemment par mon fils. C’est aussi un sujet qui me préoccupe. Si demain le dossier s’avère préoccupant et qu’il y a le moindre doute, très certainement, nous ne donnerons pas suite. Car il faut bien avoir en tête que ce n’est qu’un avis que va nous demander le préfet. Ce n’est pas nous qui prenons la décision. C’est en ce sens que j’ai demandé l’organisation d’une consultation citoyenne contre l’avis de tous. Aujourd’hui, j’attends l’avis de la préfecture. Comme c’est un arrêté préfectoral, elle est en train de regarder s’il est légitime d’organiser cette consultation. Si ce n’est pas le cas, nous trouverons une autre solution. Mais aujourd’hui, comme les autres nous allons à la pêche aux informations.