Gaillac : six professeurs du collège Albert Camus poursuivis pour vol de tableaux noirs

Ils ont voulu "mettre à l'abri" les tableaux noirs appelés à disparaître de leur collège en cours de rénovation. Six professeurs du collège Albert Camus de Gaillac sont aujourd'hui poursuivis pour vol aggravé et font l'objet d'une procédure disciplinaire engagée par le rectorat. 

Six professeurs du collège Abert Camus de Gaillac, dans le Tarn, font l'objet d'une enquête pour vol . Ils ont tenté avant l'été de "mettre à l'abri" des tableaux noirs de leur établissement promis à la déchetterie. Une procédure disciplinaire a également été ouverte à leur encontre par le rectorat. Un comité de soutien a été créé et une petition mise en ligne. 

De nombreuse démarches restées sans réponse

Selon Pascal Pragnère, porte-parole de leur comité de soutien, ces professeurs ont entamé en décembre 2016 des démarches pour "sauver" les tableaux noirs du premier étage du collège, échaudés par les travaux du deuxième étage l'année précédente où "tous les tableaux avaient fini à la benne". Ils ont multiplié les courriers, à leur direction et au président du Conseil départemental du Tarn, Thierry Carcenac, propriétaire des lieux pour demander la préservation de cet "outil pédagogique".  A chaque fois, ils ont développé leurs arguments : pédagogiques ( pour certains cours comme l'histoire-géographie et les maths, le tableau noir est plus adapté), écologiques (pas de solvant dans les craies, contrairement aux feutres), économiques (pourquoi changer des outils en bon état?). A chaque fois, leurs courriers sont restés sans réponse. 

Au final, les enseignants ont donc décidé de profiter de la journée de déménagement du collège programmée le 28 juin pour mettre les tableaux à l'abri, prévoyant de les replacer à côté des nouveaux tableaux à la rentrée de septembre. Aidés de parents d'élèves, ils sont venus ce jour-là chercher les tableaux avec une camionnette, non sans informer au préalable la principale du collège de leurs intentions, précise Pascal Pragnère.

Une plainte pour vol

Prévenue, la gendarmerie intervient alors. Les tableaux sont laissés sur place et dans l'été, les six professeurs sont convoqués à la gendarmerie de Gaillac où on les informe qu'une plainte a été déposée pour effraction, intrusion et vol par la direction de l'établissement. Leurs domiciles sont perquisitionnés et ils apprennent qu'on leur reproche désormais d'autres vols commis à d'autres moments dans le collège : deux tabourets, deux tables d'élèves et des chariots pour téléviseur et rétroprojecteurs.


Drôle de rentrée

Le jour de la rentrée, les professeurs concernés découvrent dans leur dossier de rentrée une convocation au rectorat. Ils y sont reçus par le directeur des ressources humaines qui les informe que le rectorat engage des poursuites disciplinaires à leur encontre pour :
  • intrusion dans un établissement.
  • déloyauté envers leur hiérarchie.
  • usurpation de matériel administratif.
  • désobéissance.


Un comité de soutien et une pétition en ligne

Pour Pascal Pragnère, "une plainte au pénal et une procédure disciplinaire, c'est une charge symbolique très importante. Le tableau noir, c'est le symbole de l'éducation nationale et c'est un symbole républicain. Empêcher des enseignants de défendre ce symbole-là, ça en dit beaucoup sur l'état de l'éducation nationale". De leur côté, certains parents d'élèves font part de leur "solidarité" avec les enseignants. C'est le cas d'Amélie Aschenbroich dont les enfants sont scolarisés au collège et qui a rejoint le comité de soutien : "on n'est pas d'accord avec la façon dont cette affaire est gérée. C'est un abus terrible. Ce n'est pas possible que ça prenne de telles proportions. On se bat pour éduquer nos enfants en tant que citoyens, on leur enseigne le dialogue et dans cette histoire, l'absence de dialogue est totale".
Une pétition a été mise en ligne jeudi dernier. Elle totalise aujourd'hui 4 719 signatures. Contactée par téléphone, la principale de l'établissement Edwige Rieux, se refuse à tout commentaire, renvoyant vers le Rectorat de Toulouse.


Une version très différente au rectorat

Joints par téléphone, les services du rectorat ont choisi de répondre à nos questions par un communiqué. Ils y indiquent que "6 enseignants accompagnés de parents d’élèves se sont introduits le mercredi 28 juin après-midi dans l’établissement, puis dans des salles de classe dans le but d’emporter du mobilier (tableaux noirs, chaises, tables, écrans déroulants, étagères… propriété du conseil départemental du Tarn)" et que "cette intrusion a eu lieu alors que le bâtiment avait été fermé à clé (absence de cours le mercredi après-midi et application des règles de sécurité) et qu’aucune autorisation n’avait été délivrée par la direction de l’établissement pour enlever du matériel". Une version contestée par le comité de soutien des enseignants qui affirme que seuls des tableaux noirs avaient été décrochés et que le collège n'était pas fermé. 

Le rectorat confirme l'engagement d'une procédure disciplinaire et précise que cinq enseignants sur six ont déjà été entendus. "Ces entretiens ont permis aux enseignants de présenter leur vision de cet incident et d’apporter des premiers éléments d’explication individualisés. L’engagement d’une procédure disciplinaire ne vaut pas sanction. Il leur permettra de consulter leur dossier de carrière et de présenter, le cas échéant, des observations écrites." "A ce jour, aucune mesure de suspension n’a par ailleurs été prononcée" précise-t-il encore, "une analyse objective de la situation est en cours pour lui apporter la suite la plus appropriée".
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