INSOLITE. Rencontre avec l'un des derniers sonneurs de cloches, un métier qui se perd dans les églises

À l'heure où les clochers des églises sont de plus en plus électrifiés, la tradition perdure à Serviès, dans le Tarn. Jean-François Bret est sonneur de cloche et il continue à réveiller son village tous les matins comme le faisaient ses parents avant lui. Mais jusqu'à quand ?

Tous les jours, les habitants de Serviès sont réveillés par la même mélodie. Le village du Tarn a conservé la tradition du sonneur de cloche. C'est Jean-François Bret qui a repris le métier de ses aïeux. Mais la belle histoire pourrait bientôt prendre fin. 

Une vieille tradition

Il est à pied d'œuvre dès le petit matin. À 7h, Jean-François fait sonner l'angélus avec trois cordes qu'il faut manier avec dextérité : "C'est un coup à prendre", reconnaît le sonneur de cloche. "J'ai souvent des jeunes, qui viennent me voir pour essayer. Mais ce n’est pas facile. C'est vraiment un coup à prendre". 

Mariages, enterrements, commémorations, les événements ne manquent pas dans le village pour faire basculer en tout plus d'une tonne de bronze : "Quand on sonne normalement, le balancier reste au milieu et la cloche sonne des deux côtés en la balançant", explique Jean-François. 

Une histoire de famille

Rassurez-vous l'effort n'est pas trop violent pour ses articulations, ni pour ses muscles, mais il n'est pas totalement sans risque pour sa santé : "Ah ce sont les oreilles qui prennent", reconnaît le sonneur de cloches. "C'est aussi pour ça que j'ai des problèmes. Ça commence à bourdonner dans mes oreilles. Oui, c'est vrai que ça fait du bruit." 

Pour le village de Serviès, ces cloches représentent un morceau du patrimoine. "La petite cloche, c'est une rescapée de la Révolution française", raconte Jean-François Bret. "Comme c'est du bronze, elles étaient récupérées à l'époque pour être fondues". Mais pour la famille Bret, sa valeur est inestimable. Car avant Jean-François, son père et sa mère réveillaient, eux aussi, les villageois. Et c'est à leur côté, qu'il a tout appris dans les années 60. Il a donc tout naturellement pris la suite. 

Personne pour reprendre le flambeau

"J'ai fait mes débuts en les regardant sonner, surtout mon père", témoigne Jean-François, qui a le cœur gros, car cette histoire de famille touche bientôt à sa fin. Il a des enfants et petits-enfants, mais pour l'instant, personne ne souhaite reprendre le flambeau.

"C'est trop contraignant pour eux", reconnaît Jean-François. "Il faut être disponible et il faut avoir envie de le faire. Je peux toujours leur demander, mais je suis sûr de la réponse". Alors pour continuer à faire sonner les cloches, l'électricité a fait son apparition dans l'église.

Mais pour Jean-François, une fois retraité, la sonnerie des cloches de Serviès n'aura plus le même son, ni la même ferveur. 

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