"J'ai été licencié car je me suis syndiqué" : dans le Tarn, des salariés d'un Leclerc dénoncent leur direction

Un salarié et un ancien employé témoignent des conditions de travail déplorables au sein du Leclerc de Gaillac (Tarn). Entre de nombreux départs et une hyper-rentabilité disproportionnée, les accusations sont nombreuses. La direction de l'enseigne dément les chiffres, sans s'étaler sur le fond.

"Des méthodes insidieuses", ce sont les termes qui reviennent le plus lorsqu'ils évoquent le management de la direction du Leclerc de Gaillac (Tarn). Ils, ce sont un salarié et un ancien employé syndiqué, qui prennent la parole pour dénoncer des conditions de travail qu'ils considèrent désastreuses dans le magasin, comme l'ont révélé nos confrères de France Bleu.

Des départs en cascade

Selon leurs chiffres, environ 140 personnes ont quitté l'entreprise depuis l'arrivée de la nouvelle direction à l'été 2020. L'immense majorité a démissionné de sa propre initiative (trois personnes ont été licenciées). Certains avaient 15 ou 20 ans d'ancienneté. 

"La nouvelle direction pousse les gens à bout, notamment les gros salaires" estime Thierry Baudhuin, salarié du Leclerc Gaillac. "Elle change les employés de rayon tout en modifiant leurs horaires sans leur demander leurs avis. Elle leur demande également des tâches en plus" ajoute-t-il.

Selon lui, ce sont les caissières qui souffrent le plus. "Elles sont obligées de pointer pour prendre leurs pauses. Et elles perdent du temps en traversant tout le magasin" souligne le salarié.

"On devait se former sur le téléphone portable"

Le constat est le même pour Sébastien Maugeais, ancien salarié du magasin. Et ce, dès l'arrivée des nouveaux patrons. "On a dû utiliser des nouveaux outils informatiques du jour au lendemain, avec des formations que l'on suivait sur téléphone portable" se souvient-il.

En plus du matériel manquant et d'une course à "l'hyper-rentabilité", Sébastien Maugeais dénonce "une baisse des marges réalisée sur son rayon poissonnerie, sans savoir pourquoi".

Il a été licencié en août 2022 alors qu'il était en arrêt maladie, ce qui est normalement impossible. "C'est parce que je me suis syndiqué" pense-t-il. "J'ai été licencié le même jour que mon colistier !". Il est persuadé que cette cellule syndicale pose problème à l'entreprise, "car elle permet de dire ce qu'il ne va pas dans le magasin, notamment dans le droit du travail". 

Etouffer le syndicalisme : "une méthode courante" pour un secrétaire CFDT du Tarn

Ces accusations autour d'une initiative syndicale ne sont pas vraiment surprenantes pour Alain Le Fay, secrétaire CFDT services du Tarn. "Dans les enseignes de grande consommation indépendantes, c'est assez courant. Mais c'est un problème sérieux car c'est de l'entrave syndicale" regrette-t-il.

"Un syndicat n'est pas là pour mettre des bâtons dans les roues de la direction mais plutôt pour travailler main dans la main" ajoute-t-il

La direction dément les chiffres avancés, sans s'avancer sur les accusations

Contacté, le Leclerc de Gaillac dément les chiffres sans se prononcer précisément sur le fond. La direction indique que 41 personnes ont quitté l'entreprise entre 2021 et 2022, sachant que les effectifs ont augmenté de 21 personnes entre cette période-là.

L'enseigne affirme également "faire de la sécurité et du bien-être des salariés une priorité absolue et n’a, à date, été informée d’aucune plainte". 

Des anciens salariés comme Sébastien Maugeais ont pourtant bel et bien saisi les prud'hommes. Les audiences auront lieu courant mars. 

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