Crise énergétique, viticole, sécheresse, suradministration et interdiction de certains produits phytosanitaires font descendre les agriculteurs dans la rue ce mardi dans le Gard. Des centaines d'exploitants devraient converger vers Nîmes à quelques jours de l'ouverture du salon de l'agriculture.
Les agriculteurs gardois sont en colère et ils descendent dans la rue ce mardi 21 février pour le faire savoir. Ils ont convenu de se retrouver entre 7 heures et 7 heures 30 devant la cave de Remoulins, à la Calmette, au cimetière de Bellegarde, à Sommières ou encore à Calvisson, pour converger vers la chambre d'agriculture du Gard. Direction l'Office Français de la Biodiversité, la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) dans le quartier de Pissevin, quelques grandes surfaces, avant de terminer leur parcours devant la préfecture, dans le centre-ville de Nîmes.
David Seve, le président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FDSEA), n'a pas de mots assez durs pour exprimer la crise que traverse actuellement le secteur.
D'un côté on nous parle de souveraineté alimentaire, de l'autre le métier manque d'attractivité car les jeunes ne gagnent pas leur vie. Résultat : on importe en masse. On ne veut pas finir comme l'industrie ou le nucléaire. Il faut faire attention à préserver notre agriculture.
David Seve, président de la FDSEA du Gard
Une semaine de mobilisation nationale
Cette manifestation, pour laquelle la FDSEA espère réunir plusieurs centaines d'exploitants, est la déclinaison locale d'une semaine d'action nationale. Ce lundi, Saint-Etienne (Loire) s'est mobilisé, ce mardi, ce sera au tour de Nîmes, Clermont-Ferrand et Lyon. Chaque département est libre d'exprimer ses propres revendications, mais l'objectif est le même : interpeller l'Etat avant l'ouverture du salon de l'agriculture à Paris, samedi 25 février.
Dans le Gard, la priorité est à l'obtention de mesures pour contenir la flambée des prix de l'énergie et des carburants. Les agriculteurs réclament l'accès au gasoil "bleu" moins taxé, au même titre que les pêcheurs, et l'instauration d'un bouclier sur les tarifs jaunes de l'électricité. Sinon, prévient David Seve :
j'ai peur qu'on finisse avec des factures diaboliques dès qu'on va rallumer les frigos pour entreposer nos productions. Nous, on s'est dépêché de vendre nos pommes. Les stocks sont limités.
David Seve, président de la FDSEA du Gard
Perte de souveraineté alimentaire
D'où la crainte de cet arboriculteur de Beaucaire de voir le marché français inondé de produits importés "avec des normes de productions différentes des nôtres, un bilan carbone désastreux et au final une dépendance alimentaire envers des pays tiers". Un phénomène aggravé par la sécheresse chronique qui frappe la France depuis des mois. Or, dans le Gard, 70 des 300 communes touchées n'ont pas été classées en état de sécheresse. La FDSEA réclame la révision de ce classement.
Une sécheresse qui affecte particulièrement la production viticole, victime en outre de la baisse des ventes de vin rouge. Les aides à la distillation ne suffiront pas. Les vignerons attendent des réponses sur leur demande d'aide au stockage et sur la simplification des dossiers d'aides à l'export. Ils espèrent aussi le classement du vin en produit culturel, comme c'est le cas en Espagne.
Pesticides : "pas de retrait sans solution"
Enfin, les interdictions de certains produits phytosanitaires cristallisent la colère des maraichers et des arboriculteurs, notamment des producteurs de cerises du Gard. Leur mot d'ordre : pas de retrait sans solution alternative. Alors que le nombre d'agriculteurs est en baisse constante en France, cette journée de mobilisation sonne comme un appel à l'aide. Les revendications seront transmises au gouvernement lors du salon de l'agriculture.