Le prix de la baguette va augmenter, on vous dit pourquoi la mauvaise récolte de blé en France n'est pas en cause

La récolte de blé de l'année 2024 a été mauvaise, entre 25 et 30% de moins que l'an passé. Certaines boulangeries anticipent déjà l'augmentation du prix de la farine. Pourtant, la situation est bien plus complexe. Dans le Tarn, agriculteurs et boulangers assurent ne pas être responsables d'une éventuelle augmentation à l'automne.

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"Ras-le bol qu'on tape sur les agriculteurs !" Dans une vidéo postée sur le compte Facebook des Jeunes Agriculteurs du Tarn, mardi 13 août, Christopher Régis, président du syndicat, exprime son mécontentement. Dans son viseur, une pancarte devant les portes d'une boulangerie annonçant l'augmentation du prix de la farine "de 7 ou 8%" causée par la baisse de rendement du blé en 2024. 

"Il ne faudrait pas faire croire aux clients que c'est à cause des agriculteurs que la farine augmente. Le prix du blé n'a pas bougé depuis plus d'un an", s'exclame-t-il. 190 euros la tonne de blé, toujours à ce jour. Mais il est vrai que les récoltes de l'année ont été particulièrement mauvaises. Selon une estimation du cabinet Argus Media, la production en 2024 pourrait être au plus bas depuis 1983, avec 25,17 millions de tonnes récoltées en 2024, contre 35,1 en 2023. En cause, le temps pluvieux, aggravé par le manque d'ensoleillement et les maladies des cultures.

Quel responsable ?  

Une situation "catastrophique", pour Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, au micro de Franceinfo le 7 août dernier. De son côté, Christopher Régis s'inquiète : "J'espère que les Français comprendront que ce n'est pas parce qu'on a eu une très mauvaise récolte que c'est à cause de nous que la farine va augmenter." Il ajoute : "On est tributaire de beaucoup de choses, on ne fait pas ce qu'on veut." 

Même son de cloche chez les boulangers. Damien Ginestet, vice-président de la Fédération régionale de la boulangerie en Occitanie, assure que ce ne sont souvent ni les agriculteurs, ni les commerçants, ni même les meuniers qui sont responsables. "Les coopératives peuvent profiter de la situation en se faisant une plus-value, explique-t-il. J'ai appelé mon meunier quand j’ai vu la vidéo des JA, pour lui demander s’il allait augmenter ses prix. Comme il s'est déjà engagé pour l'année, ce ne sera pas le cas, mais ce ne sera pas pareil pour tout le monde."

D'autres charges à prendre en compte 

Sauf que les boulangers doivent aussi compenser la montée en flèche du prix d'autres matières premières. Damien Ginestet a une boulangerie à Lombers (Tarn) où tout est fait maison. "Le prix du beurre a explosé, déclare-t-il. On est passé de 6 euros le kg début juin, à 9 voire 10 euros aujourd'hui." Idem pour le sucre ou encore le chocolat. "Les bâtons de chocolat qu'on utilise pour les chocolatines, se vendaient 10 euros les 1,6kg. En quelques mois, ils sont passés à 18 euros."  

Une situation difficile pour l'artisan boulanger, qui refuse de faire peser le coût de cette flambée sur le porte-monnaie de ses clients. "On va devoir augmenter la chocolatine de 5 centimes. Mais pour le reste, on veut que nos produits restent accessibles à tous, surtout en milieu rural." Autre crainte : la migration de la clientèle vers les grandes surfaces et les viennoiseries industrielles. "Avec la hausse des prix, les gens vont être attirés par la malbouffe", se désole-t-il. L'automne dira si, oui ou non, le prix du blé sera plus élevé. "Mais la plupart des producteurs ont déjà vendu une bonne partie de leur récolte", souligne-t-il.

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