"La fin de l'accueil des imams détachés génère beaucoup d'angoisses". L'inquiétude monte dans la communauté musulmane

La fin de l'accueil des imams détachés en France à partir de ce lundi 1er janvier 2024 entraîne une série de questionnements dans la communauté musulmane, comme nous l'explique Bassirou Camara, représentant du Tarn au Forum de l’Islam de France.

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La France n’acceptera plus d’imams détachés à partir de ce lundi 1er janvier 2024. C'est l'annonce faite par le ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin, dans une lettre envoyée le vendredi 29 décembre 2023, aux pays concernés. C'était une promesse d'Emmanuel Macron contre le "séparatisme" et cette décision avait été actée dès 2020 par Christophe Castaner pour entrer en vigueur quatre ans plus tard. 

Envoyés par le Maroc, la Turquie ou l’Algérie, ces imams, employés par ces États, sont accusés pour certains d’être le relais d’un islam radical. Certains ont d'ailleurs été condamnés pour avoir tenu des propos antisémites comme  Mohamed Tataiat, condamné à 4 mois de prison avec sursis pour provication à la haine raciale. C'était en 2017 à la mosquée d'Empalot à Toulouse, en Haute-Garonne.

Lire aussi : Antisémitisme. L'imam d'une mosquée de Toulouse définitivement condamné pour "provocation à la haine raciale"

Cette décision est bien accueillie par l'Albigeois Bassirou Camara, secrétaire général de la fédération des Musulmans du Tarn et représentant de ce département au Forum de l’Islam de France (FORIF). Cette structure rassemble des acteurs locaux du culte musulman, notamment issus des Assises territoriales de l’islam de France (ATIF), pour travailler sur des sujets concrets concernant le culte. Mais cette décision qui arrive à échéance est aussi source d'inquiétude. " Nous, nous voulons des lieux de culte qui soient respectueux des valeurs de la République. Mais la fin de l'accueil des imams détachés est une question qui génère beaucoup d'angoisses dans la communauté musulmane", pointe-t-il. Et soulève beaucoup d'interrogations.


D'abord financières. Car la fin de ce système ne permettra plus le financement de ces quelque 300 imams, s'ils devaient rester sur le territoire. "Très peu d'associations, gestionnaires des lieux de culte, désormais sous le statut associatif de la loi type 1905 disposent d'une assise financière, relate l'imam tarnais ", explique Bassirou Camara.



Ensuite, parce que la France manque d'imams et de lieux de cultes alors que le nombre de Musulmans ne cesse de croître. "Même avec les 300 imams détachés présents en France, nous sommes largement en deçà des effectifs qu'il faudrait, poursuit Bassirou CamaraOn estime peut-être au maximum à 30%, le nombre de mosquées disposants d'imams formés". 

Une nouvelle session du FORIF au premier trimestre

Réunis il y a deux ans à Paris, les membres du FORIF ont demandé un accompagnement de l'Etat sur plusieurs questions notamment celle de la formation. " À ma connaissance, il n'y a qu'une filière universitaire en théologie en France, en Alsace-Moselle, qui permet à de futurs imams de se préparer. Et il faut au minimum 5 ans. Le risque, c'est qu'on n'ait ensuite que des imams autoproclamés. Je pense que ce n'est dans l'intérêt de personne de se retrouver avec des imams qui ne sont pas formés et qui ne sont pas au fait des réalités que l'on vit ici sur le territoire français. Il faut donc favoriser d'autres structures privées." Bassirou Camara et les autres membres du FORIF réclament aussi un accompagnement sur le changement de statuts des imams détachés déjà présents en France. Ceux déjà présents sur le territoire devront changer de statut après le 1er avril 2024. 

En novembre dernier, la préfecture du Tarn a été contrainte par le tribunal administratif de régulariser le titre de séjour d'un imam venant d'Algérie, exerçant à Albi, menacé d'expulsion. "Sur les questions de changement de statut, nous demandons une uniformité des décisions et il faut qu'elles soient ministérielles, insiste le représentant du Tarn au FORIF. On savait que certains imams risquaient d'être expulsés en vue du changement de statut. Il ne doit pas y avoir de traitement différencié." 

Autant de dossiers qui seront discutés lors de la prochaine session du FORIF. Celle-ci devrait intervenir début 2024.  

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