LREM perd une circonscription sur le Tarn après l'élimination de sa députée, Muriel Roques-Etienne. Les conséquences d'un règlement de comptes politique. Le référent de LREM 81 pointe du doigt des figures départementales.
Sitôt les résultats du premier tour de l'élection législative et son élimination sur la 1re circonscription du Tarn connus, la députée sortante Muriel Roques-Etienne s'est murée dans le silence. Comme lors de son précédent échec aux municipales à Albi. " Je ne souhaite plus m'exprimer sur ce sujet désormais" nous indique-t-elle par sms.
Des "objectifs personnels" contre la majorité présidentielle
Il faut donc se contenter du texte publié, lundi matin, sur sa page Facebook pour obtenir une réaction : " Chacun, ce matin, se lève en portant sa part de responsabilité dans cette défaite. J’en prends la mienne. Je laisse aux diverses candidatures dissidentes et à leurs soutiens prendre la leur. "
Ces "diverses candidatures" ayant complètement émietté l'offre centriste, Raphaël Bernardin, référent du parti présidentiel dans le département, ne les digère toujours pas. Effaré, le maire de Saint-Sulpice en veut à ceux qui n'ont pas appliqué la " discipline collective nationale" mais ont privilégié des objectifs " personnels et locaux".
Parmi eux, Johann Ricci, présenté comme " l’usurpateur de service se faisant passer pour un candidat d’En Marche". " Comme le dit Muriel Roques-Etienne, chacun assume sa part de responsabilité, explique l'avocat albigeois ayant réalisé 2.66 % lors de premier tour . Madame Roques-Etienne a été investie. J'avais des griefs contre elle. Elle n'a jamais su créer les conditions du rassemblement seulement de la défiance. Après, on peut refaire le match 150 fois, mais il y a des faits : en 2017 Philippe Folliot a fait 30 % au premier tour. Muriel Roques-Etienne que 16 % "
Demandes d'explications à Edouard Philippe
Mais l'ire de la LREM 81 concerne avant tout une figure locale : la maire d'Albi Stéphanie Guiraud Chaumeil. La référente régionale du parti Horizons d' Edouard Philippe , membre de la majorité présidentielle, a soutenu son adjoint, Roland Gilles ( 5.36 %), à se présenter à ces législatives malgré l'investiture de Muriel Roques-Etienne. " Dès la semaine prochaine, nous avons un bureau exécutif de la majorité et je demande des comptes à Edouard Philippe vis-à-vis du comportement de sa représentante en Occitanie, martèle Raphaël Bernardin . Si elle appartenait à la République En Marche, Stéphanie Guiraud-Chaumeil serait exclue. "
Ce premier tour a au moins un mérite pour le membre du bureau exécutif du mouvement présidentiel : " Cela clarifie la situation. La maire d'Albi a toujours été dans un discours alambiqué avec un pied dedans et un pied dehors. "J’aime, mais je n’aime pas". Maintenant, c’est clair : elle ne soutient pas le président de la République et il faut le faire savoir largement. "
Le coup de trop de Philippe Folliot ?
Un autre élu de poids est également dans le collimateur de LREM 81 : le sénateur Philippe Folliot . Principal soutien d'Emmanuel Macron dans le Tarn dès 2017, l'ancien député tarnais s'est éloigné au fil des mois de la majorité présidentielle au point de se fâcher avec sa suivante à l'Assemblée Nationale. Son ancienne suppléante, Muriel Roques-Etienne.
Pour Raphaël Bernardin, l'élu de Saint-Pierre-de Trivisy est à la manœuvre derrière la candidature de Julie Capo-Ortega (9.59 %) afin de faire perdre la candidate investie par LREM.
"Philippe Folliot a, à la fois, fait perdre Muriel Roques Etienne, le président de la République et sa dynamique locale , estime M.Bernardin. Choisir entre Gérard Poujade et le RN, voilà la situation et la panade dans laquelle il nous a mis. Philippe Folliot a toujours dit qu’il était libre. Il est déjà écarté du mouvement. Là, c’est un motif d’exclusion final même si, lui, a assuré qu'il ne reprendrait pas la carte du parti."
Muriel Roques-Etienne quitte la vie politique
Les agissements en coulisse du sénateur tarnais est le "coup de trop" pour certains soutiens au sein même de son camp. Plusieurs élus ne cachent d'ailleurs pas en aparté leur mécontentement face à une stratégie qui visait avant tout "à faire perdre" pour "régler des comptes".
Pour Raphaël Bernardin, il n'y a pas de doutes : "M. Folliot n'appartient plus à la majorité présidentielle" tout comme son parti, l'Alliance Centriste, que préside l'élu tarnais avec le député LREM de Haute-Garonne, Jean-François Portarrieu.
Face à cette cruelle déconvenue, Muriel Roques-Etienne a décidé de quitter la vie politique : "je retourne à la « vie civile » avec un grand sentiment de gratitude vis-à-vis de cette expérience exceptionnelle qui m’a été donnée de vous servir pendant ces 20 mois."