Les diplômés "bifurquants" d'AgroparisTech passent du discours à la pratique sur leur exploitation agricole

Ils ont quitté leur avenir tout tracé dans de grands groupes agronomiques. Face à la crise climatique, ces ingénieurs, fraîchement diplômés d’AgroParisTech, ont choisi la terre. En devenant chefs d’exploitation agricole dans le Tarn, en 2022, Victor Lebeau et Théophile Duchâteau se préparent à relever le défi du changement climatique à leur échelle.

Il y a encore quelques mois, leur avenir semblait tout tracé. Victor et Théophile finissaient leurs études à AgroParisTech. Des étudiants brillants et préoccupés par l’avenir de la planète. À la remise de diplôme, ils faisaient partie des 8 jeunes diplômés à lancer un appel à se réveiller. Cet appel est à l’origine du mouvement des "agronomes bifurquants". La vidéo de leur discours a été vue plusieurs centaines de milliers de fois.

Ils étaient 8 à Paris, 2 d’entre eux se sont installés dans le Tarn. Théophile et Victor offrent un nouveau souffle à la ferme du moulin de la Roque près de Lautrec. Depuis septembre 2022, à la tête d’une exploitation de 70 hectares, ils concrétisent le mouvement des "agronomes bifurquants".

"On a eu un coup de projecteur, mais il y a déjà beaucoup d’ingénieurs agronomes ou autres qui arrêtent pour faire tout à fait autre chose, c’est courant finalement, explique Victor Lebeau, co-initiateur du projet. Le métier d’ingénieur, plus je m’en approchais, moins j’avais envie d’y être. Globalement, je me sens beaucoup mieux ici à me sentir un peu gestionnaire de toute cette nature, de toute cette vie qu’il y a autour."

Pas seulement une ferme, mais un lieu à faire vivre

Théophile Duchâteau, l’autre co-initiateur du projet, présente le lieu. "La ferme du moulin du Roque, c’est l’aboutissement de 3-4 ans de réflexion, de discussions, de préparation d’un projet de ferme collective. Une activité agricole et un lieu qui va brasser du monde, on va mettre en place du culturel, de l’événementiel." Ils sont 8 à partager le lieu. Ils ont appris à se connaître en colocation dans la ferme, avant de lancer l’étude des différents projets.

 Il y aura 3 structures :

  • maraîchage, poules pondeuses et arboriculture
  • Paysan-boulanger
  • Une brasserie déjà existante va s’y installer.

Viviane et Romain travaillent avec Victor, co-initiateur du projet de ferme collective, à l’implantation d’une activité maraîchère. 3 hectares y seront consacrés, l’activité va commencer d'ici à quelques semaines. Robin, paysan-boulanger, s’occupera des terres restantes (63 hectares) "devenir paysan boulanger, c’était l’occasion de maîtriser toute la chaîne. Il y a un aspect écologique, quand je cherche à maîtriser toute la chaîne, c’est parce que je veux savoir tout ce qu’il y a dans ma farine au final. Quand je vends un pain à un client, être sûr de ce que je lui vends." La ferme collective, c’est aussi l’avantage pour lui " pouvoir ne pas être seul" dans ce nouveau défi professionnel.

Au-delà des préoccupations écologiques, l'enjeu financier

Loin de l’utopie, une nécessité pour tous. Ils sont conscients des enjeux financiers. "Je ne viens pas faire du pain bio pour vendre 2-3 miches sur les marchés. Je viens essayer de vivre de ça. Il faut que ça marche" résume Robin, le paysan-boulanger. Et Victor de résumer "Il faut réussir à créer un projet qui permette de gagner de l’argent, mais en même temps, je trouve ça beaucoup plus intéressant intellectuellement que d’être ingénieur."

Les nouveaux besoins pour la Terre

Victor Lebeau explique que la ferme a "déjà des atouts pour faire face aux aléas climatiques, on va la rendre encore plus adaptée". Leurs objectifs, planter beaucoup d’arbres en choisissant les essences les plus adaptées au climat et terrain afin de créer des microclimats avec beaucoup d’ombre.

Venus d’univers différents, tous ont des objectifs communs et se retrouvent dans leur projet de ferme collective : "Retrouver une agriculture paysanne, une agriculture qui vient des gens qui occupent la terre et pas des gros groupes agronomiques" explique Victor un des co-initiateur. Robin, futur paysan boulanger, le résume ainsi "il faut faire quelque chose, y a quelque chose d’important à faire. Ça me conforte dans l’idée que les jeunes générations sont volontaires et veulent changer cette société actuelle".

(Avec Hélène Jacques)

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