En retrait de la scène politique depuis 2018, Anne Laperrouze, ancienne députée européenne et maire de Puylaurens dans le Tarn, se retrouve aujourd'hui au cœur d'un procès retentissant à Paris. Accusée de rémunérer des assistants parlementaires avec des fonds européens pour le compte de l'UDF et du Modem, l'ancienne élue centriste s'est expliquée à la barre.
Elle avait disparu de la scène politique en 2018 lorsque que la maire de Puylaurens dans le Tarn avait démissionné de son mandat local pour "raisons personnelles". 5 ans plus tard, c'est à la barre du Tribunal correctionnel de Paris que l'on retrouve Anne Laperrouze, 64 ans. L'ancienne députée européenne entre 2004 et 2009, désormais retraitée, fait partie des onze cadres et élus centristes, dont François Bayrou, jugés à Paris jusqu'au 15 novembre dans le cadre de rémunération, entre 2005 et 2017, et grâce à des fonds européens, des assistants parlementaires qui travaillaient en fait pour l'UDF et le Modem.
Voir cette publication sur Instagram
"Tout à été détruit"
L'un "faisait du secrétariat", un autre "réservait des salles pour des réunions à Arras, Lyon, Grenoble, etc." a assuré le mercredi 18 octobre Anne Laperrouze devant le Tribunal correctionnel. "Mais vous ne pouvez pas le prouver, les documents ont été détruits ?" a interrogé le président du tribunal de Paris. "Oui, j'ai déménagé, j'ai fait du tri. [...] C'était il y a 15 ans. Si j'avais su que je me retrouverais devant le tribunal j'aurais gardé des mails, des preuves de son travail…" répond la Tarnaise, comme le rapporte France Bleu.
C'est au troisième jour du procès qu'Anne Laperrouze, 64 ans, a été interrogée au troisième jour du procès sur l'une de ses assistantes, embauchée en CDI entre 2008 et la fin de son mandat au Parlement pour une rémunération totale de 58.436 euros.
Recrutée sans entretien d'embauche, elle était chargée de "trouver des salles, des conférenciers, établir des communiqués de presse ou des rapports de réunion", se souvient l'ancienne maire de Puylaurens qui avait entendu parler, au sein du parti, de son "profil expérimenté sur le secrétariat", raconte l'AFP.
Ni réunion, ni échange direct
Or, durant l'enquête, cette collaboratrice a affirmé n'avoir jamais travaillé sous les ordres de l'eurodéputée - qu'elle croisait "de temps en temps au siège du parti" - mais "quasiment exclusivement" pour l'UDF/MoDem, où elle exerçait d'ailleurs au même moment en tant qu'assistante de direction auprès de François Bayrou.
Me Myriam Mayel, avocate de la défense, a précisé à l'audience que sa charge horaire pour cette fonction, qu'elle exerçait normalement à plein temps, avait été réduite sur la période où elle était l'assistante parlementaire de Mme Laperrouze. Entre les deux femmes, il n'y a jamais eu réunion, ni d'échange direct. Tout était piloté à Paris par Marielle de Sarnez, bras droit de François Bayrou, selon l'eurodéputée. "Si la réunion démarrait à l'heure, avec les invités présents, ça voulait dire que le travail en amont avait bien été fait", a-t-elle avancé, ne pouvant toutefois apporter des documents à l'appui, format papier ou mails, "détruits" après son départ du Parlement européen.