"Mon fils est en 4ème, tous ses cours de français sont annulés", deux tiers des établissements en manque de professeurs selon un syndicat

Le manque d'enseignants s'aggrave pour cette rentrée scolaire 2024. Il manquerait au moins un enseignant dans deux tiers des établissements de l'académie de Toulouse selon le syndicat d'enseignants SNES-FSU. Les parents sont démunis. Le Rectorat cherche des solutions mais les candidats manquent à l'appel.

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"Chaque année le phénomène s'aggrave un peu plus, c'est très inquiétant, nous sommes au pied du mur", nous explique Pierre Priouret, secrétaire général SNES-FSU Toulouse, le syndicat majoritaire des enseignants dans le second degré.

Des parents désespérés

Pour cette rentrée 2024, le manque d'enseignants dans plusieurs établissements en ex-Midi Pyrénées est plus important que les années précédentes. Les parents d'élèves sont inquiets.

Mon fils vient de rentrer en 4ème, tous ses cours de français sont annulés. On m'a confirmé que son professeur était absent et que les cours ne seraient pas assurés pour une durée indéterminée. Cela fait déjà deux semaines, je suis très inquiète.

Une maman d'élève du collège Jean Jaurès d'Albi

Le désespoir de cette mère qui préfère témoigner de manière anonyme est, hélas, loin d'être isolé. Il est partagé par des centaines de parents. "Nous avons sollicité la cheffe d'établissement. Plusieurs parents ont même écrit au Rectorat. Pour le moment nous n'avons aucun retour, aucune solution. Les semaines passent et nos enfants n'ont toujours pas de cours de français, je trouve ça inadmissible avec le passage du Brevet des collèges l'an prochain", poursuit cette maman.

Le Rectorat cherche des solutions

Le Rectorat et les chefs d'établissements scolaires cherchent des solutions, de toute urgence et par tous les moyens. Au lycée Lapérouse d'Albi, des élèves de seconde ont aussi passé deux semaines sans enseignant de français. "Nous avons enfin trouvé une solution. Dès lundi, les élèves auront un professeur de français. Une de nos enseignantes va récupérer des heures pour pouvoir assurer les cours. Au final, on arrive à trouver des solutions.", nous explique en anonyme quelqu'un en lien avec l'administration du lycée.

Des solutions mais jusqu'à quand ? Ce jeudi 12 septembre 2024, les syndicats d'enseignants ont tiré la sonnette d'alarme à l'Assemblée Nationale car la pénurie d'enseignants touche tout le pays."On est à l'os ! C'est très inquiétant. Sur les sept dernières années, on a gagné 7 500 élèves en plus dans le second degré et on a supprimé 9 000 postes d'enseignants. Depuis 2006, la France compte 160 000 élèves de plus pour 28 000 postes d'enseignants en moins. Il n'y a plus assez d'enseignants pour tous les élèves et je ne parle même pas des remplaçants en cas d'arrêt maladie", précise Pierre Priouret, secrétaire général SNES-FSU Toulouse.

"Nous sommes à l'os"

Dans l'académie de Toulouse, il manque au moins un enseignant dans deux tiers des établissements du second degré (collèges et lycées). Il y a des trous partout pour cette rentrée. Le Rectorat cherche à recruter mais une centaine de postes de contractuels ne sont toujours pas pourvus. Il y a un réel problème d'attractivité du métier.

Pierre Priouret, secrétaire général SNES-FSU Toulouse

Conditions de travail dégradées, rémunération trop basse, l'Education Nationale peine à recruter. "Cette année encore, les concours de recrutement n'ont pas fait le plein et cela s'aggrave chaque année. La rémunération des enseignants stagne depuis trop longtemps. Il y a eu des revalorisations récemment mais elles couvrent à peine l'inflation, les jeunes diplômés préfèrent s'orienter vers d'autres voies professionnelles", poursuit Pierre Priouret.

Un sentiment d'injustice

Résultat certains établissements connaissent de grosses difficultés. "Au collège de Montesquieu Volvestre en Haute-Garonne, il manque cinq enseignants pour cette rentrée scolaire en français, en anglais, en sciences de la Vie et de la Terre (SVT), en physique chimie et en éducation musicale. C'est énorme, c'est le collège le plus impacté dans l'académie de Toulouse", conclut Pierre Priouret.

Le 2 septembre dernier, la ministre démissionnaire de l'Education Nationale Nicole Belloubet affirmait pourtant qu'il y avait un enseignant devant chaque classe pour cette rentrée 2024.

Force est de constater que c'est loin d'être le cas. Le Rectorat dit être en phase d'ajustement. Il travaille en ce moment pour combler chaque poste manquant. En attendant parents et élèves patientent et s'impatientent.

"Moi j’éprouve un sentiment de colère et d'injustice pour mon fils. Je crains qu'il perde ses acquis en français. Que pouvons-nous faire ? J'ai pensé à des cours de soutien mais cela a un coût. Je ne peux pas me le permettre. Nous sommes démunis.", conclut notre maman d'élève qui espère que son collège trouvera une solution, au plus vite. 

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