Boissezon est un petit village de 400 âmes. Situé dans le sud du Tarn, il est en apparence paisible. Mais en réalité, il croule sous les dettes. 1,8 million d'euros de condamnation, pour une erreur d'écriture sur un document datant de 1999. L'inquiétude plane, les problèmes s'accumulent.
Tout commence en 1999. La commune de Boissezon dispose alors d'un grand local. Il est loué à un artisan, mais c'est au moment de la rédaction du cahier des charges qu'une erreur est commise. Une erreur qui coûte aujourd'hui, 25 ans plus tard, très cher à la commune.
Un mauvais mot et le début des problèmes
25 ans plus tard, Jacqueline Cabrol est maire de Boissezon. Lorsqu'elle commence son mandat, elle est bien connue des habitants du village. Car en 1999, la maire était alors élue à la mairie. Elle se souvient : "C'est au moment de la rédaction du cahier des charges qu'il y a eu des bévues. Il y a eu une ligne qui portait sur le chemin d'accès au bâtiment. Un chemin qui n'était déjà pas très conseillé. Mais alors, le maire de l'époque écrit que le chemin permettant d'accéder au bâtiment, devrait pouvoir supporter le passage de camions d'un tonnage minimum de 12 tonnes."
Une erreur, sur un seul mot. "Et c'est là que ça pose problème. Ce n'était pas le mot minimum qu'il fallait écrire, mais bien maximum !".
Une faute passée inaperçue
Pendant plusieurs années, le chemin menant à l'entrepôt est utilisé. "Dans les années 2010, il y a eu des arrêtés, qui expliquaient que la limite portait le chemin à 12 tonnes. Mais ça n'a jamais été respecté. Les 20 tonnes passaient, les 30 tonnes passaient..." explique l'élue. Puis en janvier 2015, un incident vient tout remettre en question. "Au mois de janvier 2015, le chemin s'est effondré. Donc, interdiction de passer sur le chemin. La mairie et l'exploitant ont commencé à se quereller. L'histoire a fini au tribunal. Et le locataire a porté comme préjudice ce minimum de 12 tonnes."
Pourtant, jusqu'alors, l'erreur était passée sous les radars. "Que ce soit les locataires, ou les autres maires qui se sont succédé, personne n'avait fait attention. Puis il y a eu plusieurs arrêtés statuant bien que le chemin devait être limité à 12 tonnes", rajoute la maire.
1.8 million d'euros de préjudice
Le procès commence, la ville est très rapidement reconnue coupable. Une culpabilité confirmée en cours de cassation. 1,8 million à payer. 600 000 euros ont déjà été prélevés, pour Jacqueline Cabrol la situation est catastrophique : "Il n'y a plus de trésorerie, je ne sais pas comment nous allons faire. Ni même, quelle banque donnera 1,2 million comme ça, sans avoir l'appui du préfet que pour l'instant nous n'avons pas vraiment..."
Le village a ensuite connu d'autres désagréments dus à sa configuration qui mettent une fois de plus, en péril la commune. "Nous sommes une commune construite en étages, nous avons beaucoup de murs de soutènement, et malheureusement il y a eu des éboulements. Mais on ne peut rien faire car nous n'avons plus d'argent..." se désole Jacqueline Cabrol.