ENQUETE - Depuis la polémique sur le Festival des lanternes à Gaillac, les partenaires privés de l'évènement clament, avec force, leur soutien à l'initiative du maire de la commune. Des appuis qui s'expliquent, notamment, en raison des liens entre ces entreprises locales et Patrice Gausserand. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Une extraordinaire opportunité pour la notoriété de Gaillac et de ses vins ". "Une activité accrue en saison pour l’accueil hôtelier et la restauration." "Une forte dynamisation commerciale du centre ville". "Une attraction unique d’envergure internationale". Les arguments et les superlatifs ne manquent pas pour soutenir le Festival des lanternes. Les entreprises locales partenaires du spectacle chinois n’ont d’ailleurs pas lésiné.

Elles se sont offert une plein page dans la Dépêche du midi pour partager leur point de vue. Ces 19 sociétés tarnaises, dont les logos apparaissent en bas à droite de la publication, accueillent à bras ouvert les "féeries de Chine" du petit panda "Bambû" au point que 70% des 810 000 euros de budget de l’évènement serait financé par des fonds privés.


Le référé déposé, le 13 novembre dernier, devant le Tribunal administratif de Toulouse par l’opposition socialiste du conseil municipal de Gaillac permet de se faire une idée plus précise de ce soutien financier. Dans son mémoire en défense, la mairie précise :  "En effet, l’importance de ce Festival et la qualité des intervenants ont incité de nombreux partenaires à financer cette manifestation, en soutenant la ville de Gaillac dans son initiative en et limitant ainsi son propre investissement budgétaire. Le 30 août 2017 l’entreprise Pierre Fabre Sa  acceptait de participer à cette manifestation pour un montant de 60.000 €. L’enseigne de grande distribution Leclerc a également apporté son soutien pour ce projet à hauteur de 100.000 € HT, la société Careco pour un montant de 5.000 €, la Maison de la vigne et du vin (vins de Gaillac)  à hauteur de 20.000 €, l’Entreprise Carré pour un montant de 7.000 € et le réseau Gîtes de France Tarn (ATTER) pour un montant de 12.000 €." D’autres entreprises n’ont pas versé d’argent et ont préféré participer à l’aide de prestations.

Des raisons, plus subtiles, expliquent également l'engagement de ces entrepreneurs locaux : leur proximité économique ou politique liens avec le maire de Gaillac, Patrice Gausserand.

Patrice Gausserand, le client

Il y a tout d’abord les coopératives et certains vignerons indépendants du Gaillacois : Vinovalie, Vins de Gaillac, La cave de Gaillac, Les vignobles Alain Gayrel. Comme l’a révélé la Dépêche du Midi le 16 septembre dernier, Patrice Gausserand, depuis deux ans, démarche le milieu viticole au profit de la société « Le Comptoir des Bastides », dont il est actionnaire avec son ami Pierre-Yves Olivier et sa femme Jing Olivier. Du vin acheté à ces structures pour ensuite le revendre en Chine. Le 19 septembre 2017, devant la presse, Patrice Gausserand expliquait avoir payé "1 millions d'euros en deux ans" pour ces achats.

Quelques jours plus tôt dans les pages du quotidien local, l'élu s'étonnait des questions soulevées par cette activité : "Pourquoi le dire ? Quel est le débat ? Qu'est-ce que c'est que cette intrusion dans la vie privée ? Beaucoup d'élus ont gardé leur statut de fonctionnaire, leur travail. J'ai 1 500 € de traite par mois pour le remboursement de ma maison. Ce n'est pas avec mes indemnités de maire que je vais vivre (N.D.L.R. : il touche également des indemnités en tant que conseiller départemental et vice-président d'agglomération). Donc, si je peux aider à la vente du vin de Gaillac en Chine, pourquoi pas ! Je m'occupe de la partie administrative. Je suis un garant. Tout le monde est au courant que j'aide les vignerons à vendre du vin. C'est la seule activité de la société qui peut d'ailleurs aussi bien vendre en Colombie ou au Pérou. Tous les adjoints savent que j'ai monté le Comptoir des Bastides, même dans l'opposition."
 

Patrice Gausserand, le chef d'entreprise

Dans un passé récent, avant d’être élu maire de Gaillac en 2014, Patrice Gausserand était chef d’entreprise dans le secteur de la communication. Sa société, PG Com, travaillait essentiellement pour des entreprises locales. Réalisation de site internet, impressions numériques, campagne de communication. Parmi sa clientèle de l’époque : Vinovalie, Laclau, Lagreze et Lacroux, Vins de Gaillac.

Autant de noms qui aujourd’hui apparaissent sur les affiches du Festival des lanternes et soutiennent ouvertement le maire de Gaillac. Leclerc Gaillac ne fait pas exception à la règle. Principal client de PG Com, l'enseigne de supermarché, appartenant à Hubert Mauillon, est le premier partenaire financier du spectacle chinois. En 2016, Patrice Gausserand a cédé à Euréka Compagnie son portefeuille client et la marque PG Com pour la somme de 200 000 euros. L'élu gaillacois a conservé néanmoins sa société Patrice Gausserand communication. 
Jusqu'en 2016, la société de communication de Patrice Gausserand, PG Com, avait comme clients de nombreuses entreprises tarnaises.
Un autre élément pose question. En 2013, Patrice Gausserand décide de diversifier son activité. Il s’associe avec Pascal Maldant, patron de Lo.Ca Prest, pour lancer une société d’événementiel : Cubevents. Malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous. L’établissement est placé en liquidation judiciaire avant de fermer en juin 2017. Pascal Maldant relance, quelques mois plus tard, l’enseigne et finalement seul. On disait les deux hommes en mauvais terme. Cubevents est pourtant partenaire de l’évènement gaillacois...

En 2013, Patrice Gausserand se lance dans l'événementiel avec la société Cubevents
 

Pressions sur La Dépêche du Midi

"Notre rôle est de relayer tout ce qui se passe dans le département. Le Festival des lanternes va nous permettre de remplir nos hébergements durant les mois de décembre et janvier qui sont des périodes faibles pour notre activité." Frédéric Rojat ne manque pas d'arguments pour expliquer l’implication à hauteur de 12 000 euros de Gîte de France Tarn (ATTER) dans l’organisation. Le président de l'association touristique est moins disert sur un autre élément de cet engagement. La directrice de Gîte de France Tarn (ATTER) n’est autre que l’adjointe au maire de Gaillac, en charge du développement du vignoble, du tourisme, Chantal Tichit. Mélange des genres ? Frédéric Rojat n'y voit rien à redire : "Il n'y a pas de conflit d'intérêts. Vous savez, Madame Tichit ne tire aucun avantage de ce dossier. Au contraire. Elle accumule avec plutôt les problèmes et les difficultés."   

Même La Dépêche du midi est partenaire et prestataire de ce festival. Un exercice de grand écart pour le groupe de presse. Sa rédaction se retrouve coincée entre information et communication. A la suite de plusieurs articles, le maire de Gaillac et des partenaires du festival n'ont pas hésité à faire pression et menacer le quotidien local...  
Le mélange des genres du président de la communauté d’agglomération Graulhet-Gaillac
Dans le dossier du Festival des lanternes, Patrice Gausserand n’est pas le seul élu tarnais dont la proximité avec des entreprises locales pose question.
Le président de la communauté d’agglomération Graulet-Gaillac, Paul Salvador a lui aussi des liens très étroits avec plusieurs partenaires privés tarnais du spectacle en cours d’installation à Gaillac. Le maire de Castelnau-de-Montmiral est même associé à certains d’entre eux au sein de la société Grésigne Résidences : L&L Energie représentée par son président Yves Lagreze, Daniel et Davy Delmas des meubles Delmas, Frédéric Maurel du groupe Maurel transports, Sylvain Laclau de Laclau Travaux Publics. Parmi les autres actionnaires de l’entreprise se cache également Bernard Audard, maire de Larroque, Guy Cazes, ancien maire de Vieux et plusieurs conseillers municipaux de Castelnau-de-Montmiral. Tous ont investi dans le luxueux projet immobilier de la Durantié, installé sur la commune de Paul Salvador, destiné à attirer de riches anglais et évalué à 16 millions d’euros.
Le maire de Castelnau ne s’en est pas caché. Il soutient ouvertement le projet du Festival des lanternes. Comme l’a rapporté la Dépêche du midi, l’élu tarnais a « mouillé le maillot » pour faire voter à l’unanimité un soutien financier de 80 000 euros à l’évènement gaillaicois. Selon le président de la communauté d’agglomération, ce festival doit « permettre de renforcer la notoriété du territoire communautaire par l'exposition médiatique générée et les retombées économiques et touristiques attendues. » Un appui que Paul Salvador a apporté également avec sa casquette de vice-président du conseil départemental responsable du tourisme tarnais.
Au vu de sa proximité avec plusieurs partenaires du festival, n’y a-t-il pas conflit d’intérêt ? A la communauté d’agglomération de Graulhet-Gaillac, ces liens d’affaires peuvent ils s’avérer problématiques lors de marchés publics passés avec certaines de ces entreprises ? Pour le moment, Paul Savaldor reste silencieux face à ces questions. Contacté à plusieurs reprises, l’élu local n’a pas répondu à nos sollicitations.   
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information