Près de 10 ans après la mort de Rémi Fraisse et les violents affrontements liés au projet de barrage de Sivens dans le Tarn, le dossier semble vouloir sortir de l'ornière. Avancée cruciale pour les défenseurs de l'environnement : la reconnaissance d'une zone humide sur le site prospecté.
Le projet Sivens serait-il en train de repartir sur de bons rails ? Ce lundi 30 janvier 2023, une réunion était organisée entre les différents acteurs locaux sous la houlette du préfet du Tarn. Il en est ressorti deux éléments principaux : la reconnaissance d'une zone humide sur le site et la mise en place d'une nouvelle "gouvernance du projet de territoire". Si le premier point peut être considéré comme une bonne nouvelle pour les associations de protection de l'environnement, le second l'est beaucoup moins.
Zone humide
Une étude financée par l'État valide l'existence d'une zone humide sur le site prospecté. "C'est une satisfaction. Un soulagement ? Non, réagit Christian Pince du collectif Testet. Parce qu'on a l'impression qu'il y a toujours une volonté de faire quelque chose sur cette zone humide. J'espère que l'on se trompe."
Dans un communiqué, la préfecture précise toutefois que les résultats de l'étude menée "mettent en évidence des superficies cumulées des zones humides de 26,9ha, soit 20,7% de la superficie de la zone prospectée (130ha). Ces zones ont été définies conformément à la réglementation selon les critères alternatifs pédologiques et botaniques."
Pour les associations de préservation de l'environnement, il n'est pas question d'envisager une retenue d'eau à cet endroit. "S'ils veulent faire quelque chose, il faut qu'ils justifient d'une raison impérative d'intérêt public majeur. Or, il n'y a pas de raison impérative d'intérêt public majeur", insiste Christian Pince.
De leur côté, les agriculteurs veulent croire au consensus.
Les solutions en eau seront amenées. Lesquelles, on ne sait pas encore. Mais il y aura des solutions. Et il y aura de l'eau dans la vallée puisque tout le monde a reconnu qu'il en manquait.
Laurent Viguier, secrétaire général de la FDSEA 81
Dans son communiqué envoyé à la presse à l'issue de la réunion du 30 janvier, le préfet du Tarn n'en dit pas plus concernant les possibilités concrètes envisagées dans le cadre de ce projet de territoire pour la gestion de l'eau du Tescou.
La réalisation du projet confiée à une régie autonome
Autre nouveauté dans ce dossier : la création d'une régie autonome en charge de réaliser ce projet de gestion de l'eau. "Durant cette séance, la nouvelle gouvernance du projet de territoire a été présentée. Elle va être prise en charge par le syndicat mixte Tescou-Tescounet, qui va assurer à l’avenir le portage et l’animation du PTGE et de son plan d’actions en s’appuyant sur une régie spécifiquement dédiée, créée en son sein", peut-on lire en effet dans le compte-rendu de la préfecture du Tarn.
Françoise Blandel de France Nature Environnement regrette que les associations n'aient pas été sollicitées pour participer à cette nouvelle gouvernance. "Notamment la composition de cette régie."
Il n'y a pas de porteurs du sujet de la préservation de l'environnement dans cette nouvelle régie. Bien sûr, il y a des représentants du syndicat mixte Tescou-Tescounet dont c'est la vocation. Mais nous sommes très, très inquiets par cette constitution de régie.
Françoise Blandel, FNE du Tarn
"Dans les fiches actions, on devient des porteurs d'idées, mais pas plus", regrette encore Françoise Blandel. Les associations se sentent quelque peu exclues. Mais une chose est sûre, elles resteront vigilantes sur les suites données à ce projet. Injustifée pour certains. Indispensable pour d'autres. Près de 10 ans après les violents affrontements et la mort de Rémi Fraisse, la retenue d'eau de la vallée du Tescou produit toujours des remous.