Difficile d'accès, le "père Lachaise albigeois" abrite les sépultures de grandes familles tarnaises : Toulouse-Lautrec, Schoelcher, Pigasse... Des caveaux presque oubliés car, situés hors du périmètre classé par l'UNESCO, le cimetière est à l'abandon.
Albigeois ou touristes venus découvrir la cité épiscopale, tous passent devant en admirant ses immenses cyprès tricentenaires mais aucun ne songe à en chercher l’entrée. Il faut dire qu’elle est difficile à trouver. Situé dans l’enceinte de l’hôpital d’Albi, le cimetière historique de la ville est aujourd’hui coincé entre un parking et un laboratoire d’analyses. Pourtant, enserré dans ses murs de briques, le visiteur est forcément touché par la mélancolie du lieu, son point de vue unique sur la vieille ville et la cathédrale d’Albi.Nettoyé par des bénévoles
Quelques uns sont amoureux de vieilles pierres, d’autres passionnés par les grands noms qui ont choisi Albi pour dernier domicile ; les bénévoles se retrouvent dès que le soleil vient réchauffer les sépultures. Armés de brosses, pelles et d’un immense courage, ces explorateurs du vieux cimetière tentent de le ramener à la vie ; D’arracher au lierre, aux ifs, à la mousse et aux herbes folles les monuments funéraires des familles qui ont fait cette ville : Schoelcher, Lapérouse, Rochegude, Séré de Rivières, Mariès, Pigasse et bien sûr Toulouse-Lautrec… Des amiraux, des préfets, de grands magistrats, des maréchaux d'Empire, des évêques et une quinzaine de maires d’Albi ont en effet choisi le voisinage de la cathédrale pour demeure éternelle.
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Le "père Lachaise albigeois" abrite les sépultures de grandes familles tarnaises : Toulouse-Lautrec, Schoelcher, Pigasse...
Pourtant, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et son inclusion dans le patrimoine de l’hôpital, ce cimetière historique est en déshérence. Même si elles se montrent bienveillantes et ont - pour l'instant - évité de transformer ce terrain en parking, les directions successives préfèrent utiliser leurs budgets pour améliorer la prise en charge des vivants, difficile de les blâmer. Quant aux municipalités, là encore bienveillantes mais apparemment impuissantes, elles ont déjà trop de monuments, parcs et cimetières à entretenir.
Le classement, planche de salut
Paradoxe, seuls les cyprès sont classés. Impossible donc de les toucher sans autorisation et pourtant ils constituent la menace principale pesant sur l'avenir du site : leurs racines provoquent d’importants dégâts sur des sépultures déjà dégradées par les mouvements de terrain et les intempéries. Plus de 300 sont actuellement recensées et les explorateurs mettent au jour de nouvelles pierres tombales à chaque printemps avec les mêmes cris de surprises, le même soin apporté au défrichement qu'au déchiffrement des inscriptions gravées dans le marbre ou la pierre rose.
Ces explorateurs bénévoles, membres de l'association de sauvegarde du vieux cimetière d'Albi, ont également constitué un volumineux dossier et réalisé un plan très précis. Ils espèrent obtenir un classement de ce site unique où sont concentrées des traces mémorielles des grandes familles d'Albi, du tarn et même pour - quelques noms presque effacés - de la grande histoire de France.