A Mazamet, dans le sud du Tarn, les filatures Jules Tournier sont l'une des dernières entreprises industrielles en France à travailler la laine de la matière première jusqu'aux tissus. 150 ans de savoir-faire familial au service du très haut de gamme.
Le sud du Tarn a longtemps connu une solide réputation internationale pour son industrie textile. La mondialisation de la production textile a porté un coup dur au secteur (deux tiers de ses effectifs et plus de la moitié de sa production perdus en vingt ans - source Insee 2018) mais ceux qui ont misé sur les produits de luxe et les textiles techniques ont mieux tiré leur épingle du jeu.
C'est le cas notamment des filatures Jules Tournier, basées à Mazamet. Entreprise familiale, actuellement gérée par la sixième génération, elle est l'une des dernières entreprises industrielles françaises à travailler la laine de la matière première jusqu'aux tissus. Elle a surtout fait le pari du tissu zéro défaut, à destination du très haut de gamme.
Du luxe et des hauts gradés
En 150 ans, le savoir-faire a évolué techniquement mais les bases restent les mêmes : l'entreprise compte aujourd'hui une centaine de salariés qui ont appris le métier sur place, formés entre un et deux ans.
Avec des laines en provenance du monde entier, les filatures Jules Tournier réalisent des tissus de grande qualité, destinés au prêt-à-porter féminin de luxe et à des créateurs français ou italiens. Mais pas seulement. L'entreprise tarnaise est aussi leader mondial des tissus anti-perforations pour les tenues d'escrime. Et fournisseur du tissu réservé aux manteaux des hauts gradés de l'armée depuis... Napoléon III.
"Cela a toujours été la culture de l'entreprise", explique Pierre Bonneville, l'actuel directeur général de Jules Tournier&fils, "de s'adapter au marché, de rechercher des niches dans lesquels on ne pouvait pas avoir trop de concurrents et surtout pas trop de concurrents étrangers qui arrivent toujours avec des prix moins chers".
De génération en génération, cette famille d'industriels lainiers a misé sur l'innovation. Tout en refusant toute délocalisation et toute importation de produits finis. En 2017, elle a obtenu le label Entreprise du patrimoine vivant, gage de grande qualité. 1 400 PME (petites et moyennes entreprises) françaises l'ont obtenu, depuis sa création en 2005.